TnBA : en 2015-2016, le théâtre en grand format |
Lundi, 22 Juin 2015 06:00 |
La voilà enfin, la première saison entièrement ficelée par la nouvelle directrice Catherine Marnas. Si la danse fait pâle figure – à son grand regret – le théâtre revient au premier plan avec une pléiade d’excellentes compagnies nationales et internationales, entre classique et nouvelles écritures. Alléchant !
De la joie, des paris et des risques, il y a de tout cela dans la saison qui s’annonce. Une saison où le spectaculaire le disputera à la réflexion sur notre monde contemporain, le tout enrobé à nouveau dans une plaquette fleurie assortie au grand retour des robes imprimées de fleurs dignes des tapisseries de mamies... Rien de « girly » mais de la joie donc, ou à tout le moins un « manifeste » d’espoir cette année encore « contre le pessimisme ambiant », affirme Marnas. Des paris, comme celui de maintenir des séries longues pour « donner le temps d’une belle vie » à chaque spectacle, en particulier à ceux des compagnies locales et régionales. Des risques aussi, à l’heure où l’État demande à tous de se serrer la ceinture en se recentrant sur ses missions, quitte s’il le faut à réduire la voilure en termes de programmation : « Nous persistons à faire 29 spectacles », lance-t-elle – sa façon à elle de lutter contre la résignation. Risque encore avec la création qu’elle s’est choisie pour ouvrir la saison : un texte classique, une première pour elle, avec le « Lorenzaccio » de Musset. Une pièce sombre, « pessimiste pour ne pas dire nihiliste », admet la metteure en scène. Contradiction ? « Lorenzaccio reste une grande figure romantique, reprend-elle, qui provoque l’avenir, par impatience face à l’immobilisme et à l’ennui. »
Hispaniques à bord
Mélange des genres
On frise donc la comédie musicale – et plutôt deux fois qu’une cette saison, le mélange des genres étant la grande tendance du moment : Joris Lacoste joint la musique à la « Suite N°2 » de son « Encyclopédie de la parole » ; Élise Vigier et Marcial Di Fonzo Bo jouent la carte à fond « Dans la République du bonheur » avec musique live et chorégraphies ; Mathieu Bauer met non seulement en scène mais tâte aussi lui-même de la batterie dans « Please Kill Me », un hommage aux héros du punk-rock, Iggy, les Pistols ou les Ramones en tête. De son côté, Wajdi Mouawad choisit la vidéo – la léchée, pas la gadget – pour densifier le solo de la saisissante Annick Bergeron dans « Soeurs ». Attendre septembre ? Risqué...
D’autant qu’ils restent des stars qu’on n’a pas encore cités ! L’Italienne Emma Dante, l’insaisissable Jeanne Candel, la plasticienne belge Miet Warlop pour l’un des quatre jolis rendez-vous tout public, Jean-Pierre Vincent pour le « Godot » de Beckett, Anne Théron avec « Ne me touchez pas », Sivadier avec un “blockbuster”, le « Dom Juan » de Molière. Autant dire qu’attendre septembre (ouverture de la billetterie à l’unité le 1er), c’est prendre le risque de n’avoir plus que les plus longues séries pour seuls choix. Avis aux amateurs ! • Sébastien Le Jeune Abonnements à partir de ce vendredi 26 juin. www.tnba.org Photo : Une saison très théâtre, entre contemporain (en Une, « Corps diplomatique ») et grands classiques tel « La Vie est un songe » de Calderón de la Barca par l’équivalent madrilène de la Comédie-Française © Ceferino López |