Cet automne, la vie culturelle de l’Université de Bordeaux va prendre une nouvelle ampleur avec la naissance de Facts, première édition du “Festival Arts Créativité Technologie Sciences” organisé par l’établissement, du 17 au 29 novembre. Un rendez-vous ambitieux à vocation de biennale, conçu dans l’esprit des festivals arts et sciences assez répandus dans les universités anglo-saxonnes mais encore peu présents chez nous.

Car avec Facts, l’Université de Bordeaux ne se situe pas dans la seule animation culturelle du campus, ni même d’ailleurs dans une visée pédagogique de vulgarisation scientifique. Il s’agit de proposer « un regard inédit sur la science grâce à des créations artistiques inédites portant sur la science ou rendues possibles par la science », explique Vanessa Oltra, chargée de mission arts et sciences et directrice du festival (et par ailleurs enseignant-chercheur en sciences économiques). Pour créer sa programmation 2015, l’Université a donc commencé par lancer un appel à projets en direction d’artistes et/ou de scientifiques. Sur la base de ces projets, des binômes ont été formés pour faire travailler ensemble chercheurs et artistes.

Interdisciplinarité
« Nous avons cherché à faire intervenir une grande variété de disciplines, explique Vanessa Oltra. Nous avons été portés pour cela par le thème très large et stimulant retenu pour cette première édition : “Lumière(S)”. » La transdisciplinarité est aussi recherchée dans les créations qui seront présentées : arts plastiques, photo, spectacles vivants, musique...
Des exemples ? Une chorégraphie qui interagit sur scène avec une animation 3D en temps réel, utilisant le fruit des dernières recherches sur la réalité augmentée projective (par le collectif Le Poème en volume de Donatien Garnier) ; une installation de 81 lampes à incandescence qui produisent une onde sonore donnant naissance à un « chant des filaments » ; une pièce de théâtre très science-fiction (mais pas si fiction que cela) dont le thème central est le réchauffement climatique (par l’artiste italien Andrea Brunello) ; un spectacle sur l’invisibilité créé par Renaud Cojo sur la base de ses rencontres avec les chercheurs. Autour de ces créations (parmi d’autres), seront organisées des conférences, des soirées thématiques, des bords de scènes...

Nouveaux regards sur la science
Organisé par l’Université de Bordeaux, financé dans le cadre de son programme Idex (Investissements d’excellence), Facts a des ambitions multiples. D’abord favoriser la rencontre entre chercheurs et artistes, dont les démarches et réflexions peuvent se nourrir. « Des pistes de recherche nouvelles peuvent s’ouvrir sur la base d’une demande a priori un peu folle qui aurait été formulée à des scientifiques par un artiste. À l’inverse, certains artistes peuvent voir élargir leur champ des possibles grâce à la recherche scientifique, dans la musique ou les arts plastiques notamment », commente Vanessa Oltra.
L’Université ambitionne aussi créer des ponts nouveaux avec le grand public, sortir de son univers qui peut paraître un peu fermé pour s’inscrire encore plus dans la vie de la cité, ainsi que le souhaite son président Manuel Tunon de Lara. Pour cela, Facts irriguera bien sûr le campus pendant deux semaines, mais investira aussi les lieux culturels emblématiques de l’agglomération : Carré des Jalles, Musée d’Aquitaine, TnBA, Cuvier d’Artigues, etc. Avec un objectif, forcément louable : provoquer l’émerveillement en sensibilisant le plus grand nombre à la beauté de la science. • Sophie Lemaire

Photo : Quand poésie et chorégraphie s’enrichissent des avancées de la réalité augmentée projective, cela donne « L’Arbre Intégral » du collectif Poème en volume. - DR