Un beau concert à ne pas rater pour les amateurs ou curieux de musique baroque : celui des Surprises, notre ensemble qui monte, le 30 octobre à la CCI, avec « Les Élements », une oeuvre jamais donnée depuis plus de deux siècles ! Et en plus, c’est pour la bonne cause, au profit de Mécénat Chirurgie Cardiaque.


Les Surprises, on vous en avait déjà parlé (en bref) à plusieurs reprises, notamment à l’occasion de leurs passages radio, sur France Musique notamment, et lors de l’obtention d’un prix « Révélation musicale » en 2014 dans le sillage de la sortie de leur disque consacré à « Rebel, de père en fils ». Un succès croissant jamais démenti depuis leur installation à Bordeaux en 2012, tant au niveau des ventes du disque – déjà plus de 2 000 exemplaires écoulés, un tour de force dans ce créneau – que des lieux et festivals qui sollicitent l’ensemble, jusqu’à Brême en Allemagne, Pavie en Italie ou encore Ramallah et Jérusalem.


C’est un nouvel enregistrement, prévu au début du mois de novembre pour une sortie en 2016 toujours chez Ambronay Éditions, qui motive la tournée s’achevant à Bordeaux vendredi prochain. Où l’on appréciera comme toujours chez les Surprises cette même envie de partager leur passion pour les répertoires du XVIIe et XVIIIe siècle, et ce talent pour dénicher des oeuvres rares. En l’occurrence, « Les Éléments », un opéra-ballet signé André-Cardinal Destouches et Michel-Richard Delalande (après le père et le fils, l’élève et son maître), composé en 1721 et jamais rejoué depuis... 1781 ! 



Louis XV a dansé dessus

Une redécouverte qu’on doit au travail de fourmi du directeur artistique et co-fondateur de l’ensemble en 2010, le claveciniste Louis-Noël Bestion de Camboulas (photo en Une). Sa complice Juliette Guignard, l’autre fondatrice et gambiste [joueuse de viole de gambe, l’ancêtre du violoncelle, ndlr] se souvient : « Louis-Noël est constamment en quête d’oeuvres rares et jamais enregistrées que l’ensemble pourrait jouer. C’est à force de fouiller les bibliothèques qu’il est tombé sur cette partition. Plusieurs versions, en fait, puisqu’à l’époque, on réécrivait souvent les pièces en fonction de la taille de l’orchestre à disposition. Louis-Noël a accompli un gros travail de réécriture pour l’adapter à nos 12 solistes et trois chanteurs, et la condenser pour ramener les trois heures à un peu plus d’une heure – tout en restant fidèle à l’original. Pour en faire un opéra d’aujourd’hui écoutable par un public d’aujourd’hui. C’est pour cela que l’on parle de “recréation mondiale”. » 


L’histoire ? Très simple : le Destin crée le monde à partir du Chaos et distribue les Élements aux dieux, qui s’entredéchirent et intriguent à tout va. « Un peu cul-cul », sourit Juliette Guignard, mais un prétexte à « une écriture très imagée », où chaque entrée [les actes de l’époque] a sa couleur bien distincte – l’air, le feu, l’eau, la terre. Y compris un “chaos” novateur pour l’époque dans le prologue.


Après cette version concert dont les bénéfices serviront à opérer la malformation cardiaque d’un Malgache de 2 ans, une version dansée sera créée le 28 avril au Carré, à Saint-Médard-en-Jalles, avec le chorégraphe Joan Vercoutere. Auparavant, le seul danseur connu à s’y être attaqué ne fut autre que Louis XV : « Comme son père Louis XIV, il se voulait un roi-artiste. La création aux Tuileries fut la première fois qu’il dansa en public. Bizarrement, il n’a jamais re-dansé après – ça n’a pas dû être trop une réussite ! (rires) » •

Sébastien Le Jeune

À la CCI (place de la Bourse), le vendredi 30 octobre à 20h30, 30€. Tél. 05 56 79 50 41 ou contact@bordeaux.cci.fr.

www.les-surprises.fr 

Photo : En attendant le CD et la création dansée l’an prochain, la version concert a été plébiscitée partout. © C. Grelié