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Las Hermanas Caronni, ce mardi soir au Rocher : Navigation à (belle) vue PDF Imprimer Envoyer
Mardi, 10 Novembre 2015 06:00

Elles sont soeurs jumelles, nées en Argentine dans une famille aux origines multiculturelles, désormais installées à Bègles à quelques rues l’une de l’autre. Instrumentistes formées à la musique classique, Gianna et Laura Caronni s’en sont détachées pour créer un duo clarinette/violoncelle, formation atypique s’il en est mais qui se suffit à elle-même. Elles y posent leurs mots et leurs voix, la plupart du temps en espagnol. Cette seule introduction devrait suffire à comprendre en quoi la musique de Las Hermanas Caronni est, comme on dit, “singulière”.

 

 

L’écoute de leur troisième album, « Navega Mundos », qui sort ce vendredi, le confirme. Inclassable car profondément personnel, il va puiser dans toutes les références et les esthétiques qui ont forgé la « géographie intime » du duo. Leur tournée s’arrête ce soir à domicile, sur la scène du Rocher de Palmer, et on ne saurait trop conseiller d’aller les voir. La promesse d’un beau voyage.

Comment Las Hermanas Caronni sont-elles nées, musicalement ?
Laura : C’est le musicien argentin Juan Carlos Caceres qui nous avait encouragées à faire ce duo atypique et à persévérer dans cette formation. On ne s’imaginait pas faire un projet à deux, il nous semblait qu’il manquait des percussions, un instrument harmonique : guitare, piano… Cette contrainte nous a finalement permis de fabriquer un son très particulier.

Gianna : Mais pour nous ça n’est pas si étrange que cela, car nous avons longtemps joué de la musique classique dans un trio avec un piano. Pour répéter, il nous arrivait de travailler sans la pianiste, donc on entendait déjà le duo. J’ai toujours trouvé que c’était une très jolie sonorité : on perçoit mieux les lignes mélodiques et les instruments sont mieux mis en valeur.

« Navega Mundos » est votre troisième album. Comment avez-vous fait évoluer votre musique ?
Laura : Le premier album était vraiment dans une esthétique très argentine, de rythmes tango, milonga… Dans le deuxième, « Vuela » (“l’envol”), on s’en est un peu éloignées en incluant Brassens, Lhasa, le poète Denis Péan… Et en ce moment notre grand combat c’est de dire : on est Argentines mais notre musique est à nous. Il y a en France un besoin encyclopédique de classer les choses. Est-ce que c’est de la musique argentine, du tango… ? ça n’est pas important. Chacun a son histoire, ses expériences. Cet album s’appelle « Navega mundos », c’est une géographie intime. Chacun porte une géographie qui est faite de ses voyages, ses ancêtres… Notre album dévoile une partie de la nôtre.

L’adaptation d’un poème de Rilke (« La Mélodie des choses »), un hommage à García Márquez (« Macondo »), un reprise des Doors (« Spanish Caravan »)... Votre géographie est vaste.
Laura : La poésie est très importante pour moi. Dans la musique il y a deux possibilités : on peut exprimer la dureté du monde, la rage… ou on peut combattre tout cela avec la douceur et la poésie. Moi, je pense que la poésie et la tendresse se perdent, alors dans beaucoup de mes chansons c’est presque un mantra : retrouver la poésie et la beauté pour vaincre la tristesse et la violence.

Gianna : Quant à « Spanish Caravan », c’est une reprise qui vu le jour grâce à un festival à Rochefort, pour lequel nos devions travailler sur les Doors. Au final c’est la seule reprise de l’album, elle est là car pour nous elle avait du sens...

Laura : ... D’abord parce qu’il y a ce mélange entre musique classique (Albéniz) et chanson moderne. J’aime bien cette démarche, elle nous ressemble [Elles ont utilisé Ravel sur leur album précédent, ndlr] Et ensuite j’aimais bien l’idée que rien ne prédestinait ce Californien à parler d’un voyage en Andalousie et au Portugal… Il s’est simplement donné le droit de faire cette chanson. C’est la même liberté que je conçois dans notre musique. J’aime l’idée que nous ne sommes pas là où on nous attend. En tant qu’Argentines on attend de nous que nous fassions du tango...

Gianna : ... Et plus encore, avec notre formation on nous attend sur de la musique classique. Nous en avons beaucoup joué. Mais lorsqu’on commence à composer, alors on découvre qui on est vraiment. •

 

Recueilli par Sophie Lemaire

Ce mardi soir au Rocher de Palmer, 20h30, 10€. Présentation de l’album le 18 novembre à la librairie Mollat.

Photo : Laura (violoncelle, à gauche) et Gianna (clarinette) Caronni, ont posé leurs valises à Bègles © R. Escher

 

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