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Grand-Théâtre : avec Hervé, Merlin en prend pour son Graal PDF Imprimer Envoyer
Lundi, 23 Novembre 2015 06:00

Grande création à l’affiche au Grand-Théâtre : pour monter « Les Chevaliers de la table ronde », l’un des grands opéras-bouffe de l’injustement oublié Hervé, l’Opéra de Bordeaux s’est associé avec trois autres structures pour faire appel à la Cie Les Brigands et à un metteur en scène hors-norme, Pierre-André Weitz. Entretien.


 

De la grosse coproduction, donc, partagée avec l’Opéra de Reims, la Coursive de La Rochelle et le Centre des Bords de Marne, au Perreux (Val-de-Marne), avec à la production déléguée le Palazzetto Bru Zane, le centre de musique romantique française. Et il fallait bien ça : d’ores et déjà, cette pièce aux 13 chanteurs et 12 instrumentistes s’est adjugée une tournée d’une trentaine de dates, dont le Teatro Malibran de Venise. Un signe, s’il en fallait un, que Louis-Auguste-Florimond Ronger dit “Hervé” (1825-1892) mérite son retour en grâce, nous explique Pierre-André Weitz.

Pour quelle raison a-t-on si longtemps oublié Hervé ? Et pourquoi ce retour en grâce aujourd’hui ?
Déjà à son époque, et même dans le milieu de l’opéra-bouffe, Hervé s’était taillé une solide réputation de compositeur toqué. C’est vrai que c’était un grand clown complètement fou, un précurseur du surréalisme. À l’époque où la pièce a été montée, en 1866, les gens, riches comme pauvres, se pressaient dans les nombreuses salles des Bouffes parisiens, pour rire essentiellement. Hervé, lui, avait ce sentiment que le rire, la musique, pouvaient sauver la société. D’ailleurs, dans ces « Chevaliers », il dit « Mêlons artistiquement ce double sentiment de tristesse et d’allégresse ». C’est ce qui s’appelle une oeuvre d’art. Et c’est sans doute pour cela que, bien que créée il y a bientôt 150 ans, elle nous parle encore aujourd’hui. Mieux, elle entre en résonance avec tous les événements de notre époque.

Pourtant, l’histoire est totalement farfelue, et a même peu à voir avec la légende arthurienne !
En effet, c’est une histoire abracadabrante – de même que dans la Commedia dell’Arte, on est plus proche de l’art clownesque : l’histoire a peu d’importance, c’est la façon de raconter qui prime. Pour la faire courte, le duc Rodomont, fauché, offre sa fille Angélique comme premier prix d’un tournoi de chevaliers. Pendant ce temps, sa duchesse Totoche, n’ayant plus d’argent pour s’acheter des robes, a vendu la couronne du duc. Quand arrive le jour de la noce, le duc veut sa couronne mais la fausse que Totoche a commandé à Merlin n’est pas prête !

Ceci explique cette impression que vous vous êtes bien lâché, tant pour la mise en scène que pour les décors et costumes...
Avec Hervé, il le faut. J’ai voulu d’accentuer les cinq sortes de rires, qu’il arrive à cumuler à merveille – comique de situation, de geste, de caractère, de langue et de répétition. En 1h48, la machine ne s’arrête jamais, on ne laisse pas au spectateur une seconde de réflexion. Et pourtant, en sortant, on se rendra compte à quel point, en 13 personnages, Hervé a su saisir tous les caractères, retracer toute l’humanité ! À sa suite, aucun n’a réussi ce même tour de force – ni Offenbach, ni Bizet, ni Jarry... Ce feu d’artifice a valu à l’auteur le reproche de partir dans tous les sens. C’est pourtant ce qui est intéressant chez lui. Et si on en redemande de nos jours, c’est sûrement parce ce comique nous manque. Ce rire pur, il a pleinement sa place aujourd’hui. Moi je suis Peter Pan. Je crois que, si on nous enlève notre âme d’enfant, on est foutu. •

Recueilli par Sébastien Le Jeune

Dès ce lundi 23 novembre et jusqu’au vendredi 28 (relâche demain mardi), 20h, 8-70€. Tél. 05 56 00 85 95 ou www.opera-bordeaux.com

Photo : Un opéra-bouffe « où on ne mange pas », prévient le facétieux metteur en scène Pierre-André Weitz © Guillaume Bonnaud / Sud Ouest

 

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