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La Gale au bond : la rappeuse suisse en live ce jeudi à l'Heretic PDF Imprimer Envoyer
Mercredi, 02 Décembre 2015 06:00

Au coeur du gros plateau hip hop de ce jeudi au Rocher de Palmer, à Cenon, un électron libre dans le paysage du rap francophone : La Gale, une Suissesse aux lyrics intenses et sans concession. Entretien. DERNIÈRE MINUTE : le concert de ce jeudi est annulé au Rocher, mais La Gale maintient sa date bordelaise à l'Heretic Club.

 

 

Après l’éponyme des débuts en 2012, vous êtes revenue en octobre avec « Salem City Rockers », un album qui brouille souvent les frontières entre rap et rock – d’où la référence aux Clash et leur « Clash City Rockers » ?
Oui, c’est ça. À l’époque où j’ai commencé le rap, j’en écoutais très peu – enfin pas de rap en français, à part La Rumeur. J’écoutais de tout, du punk, du rock, de la soul, du hardcore… Mais depuis toute gamine, le rap et toute sa culture, ça me parle. Il y a le fait d’être une fille d’immigré grandie dans une zone un peu raciste. Et puis l’exercice disciplinaire, les textes, le phrasé. Le côté épuré, ce truc que tu peux faire dans ton coin, sur un banc public ou ailleurs. Un instru dans le casque suffit. Chacun peut vraiment faire son truc. Le rap, ça a élargi le champ des possibles.

L’album devait refléter ces mélanges d’influences. Au final, il est moins blues-rock-country que je ne l’avais imaginé au début. Avec les beatmakers I.N.C.H. et Al’Tarba, on s’est petit à petit écarté de l’idée de départ. Et tant mieux, c’est bien de ne pas trop s’accrocher à des “préceptes figés”. Ça nous a permis de nous ouvrir à autre chose, quelque chose d’un peu différent. Après, les étiquettes, je m’en fiche un peu. Je fais partie de cette nouvelle génération où il y a trop d’hybrides pour rentrer les gens dans des cases.

Vous y mélangez la référence à Salem et ses sorcières. Un thème que vous exploitiez déjà dans le premier…
Dans ma vie, j’ai toujours représenté quelque chose de minoritaire. Pour les Suisses, je suis une “orientale”, certains mecs m’ont taxée de “machiste”, dans le monde du rap on me considère comme une punk et chez les punks je suis une rappeuse, bref… Déjà à l’école, j’étais un peu la “weird kid” [la fille bizarre, ndlr]. J’en ai pas mal souffert avant d’ouvrir ma gueule et de décider de ne plus me laisser faire.

Dans l’analogie avec Salem, il y a de ça. De tous temps on a traqué les gens étrangers à la norme, ceux qui refusaient de suivre le flux : une femme seule et autosuffisante, à l’époque, était vite cataloguée “sorcière” et envoyée à la potence. Maintenant c’est pareil – on assigne bien à résidence des écolos lanceurs d’alerte alors que, sans eux, il n’y aurait jamais eu de COP 21… En tirant sur tous les conservatismes, je pourrais être pendue par beaucoup de monde, les intégristes comme les bien rangés qui veulent une économie rectiligne…

Vous venez de Lausanne, les beatmakers sont à Paris (un peu Toulouse pour Al’Tarba), mais c’est à Bordeaux que l’album a été conçu. Comment ça se fait ? Et comment vous trouvez la ville ?
J’aime bien, dans l’ensemble. Ça reste l’une des villes françaises parmi les plus confortables. La vie culturelle y est intéressante, même si je remarque cette même tendance au conformisme, à la culture venue de l’establishment, que dans beaucoup d’autres endroits de France. Pourtant l’atmosphère dans les concerts est plus vivante, plus réactive qu’en Suisse, l’écoute est moins passive. Mais j’ai l’impression que, pour les petites structures – en particulier celles qui ne sont pas “pistonnées” par la Ville ou par l’État – c’est devenu de plus en plus casse-gueule, la marge d’erreur est devenu de plus en plus restreinte. Après, je ne connais pas toute la scène d’ici. Et peut-être plus la scène punk et metal que la scène hip hop, à part Banzaï Lab parce qu’on a eu le même tourneur que Smokey Joe & The Kid et parce qu’Al Tarba a pas mal bossé avec eux.

Si je connais si bien, c’est d’abord parce que mon mec habite et travaille ici. Et puis il y a Yoman, un Parisien installé à Bordeaux depuis deux ans qui fait partie du crew de l’album. Il a fait la guitare sur « Qui m’aime me suive », posé dans la vidéo de « Chiens galeux », et c’est lui qui a réalisé les deux clips. Surtout, c’est dans son appartement, pas loin du stade Chaban-Delmas, qu’on se réunissait tous pour travailler sur l’album tous les mois et quelques. Comme ça, on n’était pas sans cesse sollicités par les potes comme à Lausanne ou à Paris. À chaque fois, 5-6 jours d’affilée, une vraie immersion… •

 

Recueilli par Sébastien Le Jeune

Demain jeudi 3, à 20h30, avec les British Diszraëli & Downlow et nos Bordelais George Sound, 10€ (12€ sur place). www.lerocherdepalmer.fr 

ANNULATION : La soirée du Rocher annulée, La Gale joue quand même mais à l'Heretic Club, ce jeudi soir, avec Gasmask Terrör (21h, 3€).

Photo : Karine Guignard a.k.a. La Gale, Helvète aux attaches bordelaises © Mehdi Benkler

 

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