Avant la trêve des confiseurs, les scènes de l’agglo – qu’elles soient grandes ou petites – ont de quoi rassasier les amateurs de perles théâtrales millésimées. Tour d’horizon de ces déjà classiques... ou en passe de l’être.

Pleins feux, tout d’abord, sur les créations d’ici, très nombreuses à s’emparer des planches et dès ce mardi soir. En premier lieu, Laurent Laffargue et sa Cie du Soleil bleu : récemment mis sous les feux des projecteurs avec la sortie de son premier film, « Les Rois du monde » avec Cantona, le Casteljalousain met en scène au TnBA le “blockbuster” de Marivaux, un « Jeu de l’amour et du hasard » [1] remis au goût du jour avec un ingénieux et virevoltant dispositif scénique, histoire de mieux faire ressortir l’aspect intemporel de la langue de l’auteur (mardi et vendredi 20h30, 19h30 mercredi et jeudi, 19h samedi, 9-25€).

Tout aussi éternelle, celle de la Comtesse de Ségur dont « Les Malheurs de Sophie » [2] méritent toujours leur place au panthéon du livre jeunesse. Avec Frédéric Maragnani en coulisses, cela donne un solo enlevé de Martine Lucciani, 10e beau volume à entrer dans une « Bibliothèque des livres vivants » dont le succès va croissant dans tout l’Hexagone. Un must qui s’installe pour trois jours à la Manufacture Atlantique, à voir dès 6 ans (mardi et jeudi 20h, 10€, 5€ -12 ans).

Incontournable également, « Le Journal d’un fou » [3], de Gogol, dont la dernière a lieu ce mardi soir au Poquelin Théâtre après du guichet fermé huit soirs durant. Ludovic Brisebourg endosse avec force l’imper du fonctionnaire au placard dans ce bijou de nonsense pré-kafkaïen (20h30, 4-8€). Dans le même registre grand texte-petite compagnie, on notera le Molière auquel s’attaque le Groupe 33 la semaine prochaine au centre Argonne, « Les Précieuses ridicules » (détails sur groupe33.fr).

Classiques en devenir
Simenon, orfèvre du noir, peintre de la bassesse ordinaire, trouve doucement sa place dans les théâtres. Ce mercredi soir, à l’Ermitage du Bouscat, Jean Benguigui et Myriam Boyer reprennent au plus près du texte « Le Chat » [4], qui avait valu à Jean Gabin un Prix à Berlin dans son duo immortel avec Signoret porté à l’écran par Granier-Deferre (20h30, 12,50-34€).

Enfin, deux pièces récentes dont les critiques éblouissantes devraient garantir la pérennité : « Femme non-rééducable » [5], mardi prochain (le 15) au Théâtre des 4 Saisons de Gradignan, avec la “Moliérisée” Anne Alvaro impeccable pour retracer le bouleversant destin de la journaliste russe anti-Poutine assassinée Anna Politkov-skaïa (20h15, 8-24€) ; et « La Colère du Tigre » [6], mardi et mercredi prochain (les 15 et 16) au Pin Galant de Mérignac, duel au sommet deux fois nommé aux Molières entre Georges Clemenceau et Claude Monet, entre histoire d’amitié et grande Histoire, porté par le géant Claude Brasseur. (20h30, 38-45€, découverte jeunes 10€). • SLJ

Photos : © Victor Tonelli / Travaux Publics / DR / DR / Jean-Louis Fernandez / J. Stey