Faire la paix avec notre passé, inventer notre avenir, les clés d’un monde harmonieux demain ? C’est en creux le message qui transparaît dans les deux nouvelles expositions proposées au Musée d’Aquitaine et au Musée des Arts décoratifs et du Design (Madd).

La première, « La Guerre que nous n’avons pas vue », replonge dans un demi-siècle de ce que l’on appelle pudiquement le « conflit armé colombien », une guerre civile dont les victimes se chiffrent en dizaines de milliers au bas mot (et des millions de déplacés) et dont les braises couvent encore malgré les tentatives d’apaisement actuelles entre le gouvernement Santos, les Farc (guérilla marxiste) et les milices d’autodéfense (paramilitaires antimarxistes).

L’approche, ici, est singulière : pour « raconter l’inracontable », l’artiste Juan Manuel Echavarría, à l’origine de la fondation Puntos de Encuentro, a donné le pinceau à 80 ex-combattants de tous bords afin qu’ils dépeignent ce que les mots ne peuvent dire. Complétant l’accrochage, des photographies d’Echavarría et, surtout, des tapisseries élaborées spontanément par des brodeuses qui avaient dû fuir leur village de Mampuján : un témoignage fort, façon d’exorciser, de panser les plaies tout en oeuvrant à la mémoire collective. Dès ce vendredi et jusqu’au 6 mars (2-4€).

Host in space
La seconde, « Civiliser l’espace », installe Octave De Gaulle dans les murs du musée de la rue Bouffard. Le jeune designer parisien y prend à bras le corps un domaine jusqu’ici plutôt délaissé par ses congénères : la conquête spatiale, versant vie quotidienne en apesanteur. Comment se mettre à l’aise pour lire ? Comment organiser un petit drink entre amis ? Il montre pour la première fois le fruit de ses réflexions – maquette grandeur nature d'habitacle vraiment habitable, service à vin pour boire en orbite, etc. – poursuivies au prestigieux CNES (Centre national d’études spatiales) où il était en résidence artistique grâce... à Constance Rubini, la directrice du Madd.

Montrée jusqu’au 10 avril (2,50-5€), elle est vernie ce jeudi soir à 19h en présence de l’artiste (entrée libre). • SLJ

www.musee-aquitaine-bordeaux.fr et www.bordeaux.fr 

Photo : L’une des tapisseries créées par des brodeuses de Mampuján pour dire et ne pas oublier la guerre. © Collective / Fondation Puntos de Encuentro