Une résurrection à la veille de Noël ? Hallelujah, serait-on tenté de dire. Sauf qu’ici, il n’est pas question d’église autre que celle du rock’n’roll éternel : le X-Mas Blast Festival renaît de ses cendres pour deux jours de concentré de décibels.

Ceux qui se sont installés ces dernières années à Bordeaux ont pu en douter mais, naguère, cette ville avait le rock, le dur, le vrai, le tatoué, proprement chevillé au corps. Même si les salles ad hoc ont eu tendance à se raréfier, la scène bordelaise, désormais plus diverse, n’en garde pas moins une forte concentration de formations à guitares saturées – et de structures motrices en la matière.

C’est le cas de Brain Out (le nom pour ici) / U-Turn Touring (pour l’activité de booking de tournées avec l’étranger), pilotée par une figure du rock bordelais pur jus, Buzz. Lui était déjà à la manoeuvre derrière l’asso Neurotic Production (où nichaient aussi notamment des Magnetix, figures de proue de notre scène garage) pour organiser ce X-Mas Blast qui a marqué les mémoires et les tympans chaque veille de Noël de 1998 à 2004, dans des salles dont les vieux routiers parlent avec nostalgie – le Jimmy, le Zoobizarre, le Sonart. Seule Barbey est encore debout.

« Buzz a toujours dit qu’un jour, le X-Mas Blast reviendrait, note Julien Louvel, de Brain Out. Seulement, à deux, c’était difficile de relancer l’événement tout en assurant notre activité principale, le booking. Mais, cette année, on est passé de deux à quatre employés, ce qui donne un peu de temps pour produire ce genre d’événement. » Bon, à quatre, c’est jouable mais ils finiront sans doute leur festival sur les rotules : trois lieux, quatre temps différents, une quinzaine de groupes et pas que du local.

« Avec les potes »
« Sûr que c’est éprouvant, confirme Thomas Delaville, un autre Brain Out. Mais bon, la renaissance du festival sert à la fois de clin d’oeil à ceux qui l’avaient aimé, de vitrine de notre savoir-faire, à la fois dans le booking et la production de soirées, et puis on bosse avec des potes donc ça va. » Par “potes”, entendre les différentes salles où a lieu l’événement – l’Heretic Club, le Fridge et Barbey (qui coproduit la soirée de samedi) – et la grande majorité des groupes programmés, qu’ils soient au catalogue U-Turn, sur le label parisien ami Born Bad ou des locaux...

Au final, un bon dosage de rock garage/psyché/60’s comme lors des six premières éditions et de tonalités plus dans l’air du temps (cold/new wave et post-punk en tête) ; et une formule deux jours franchement séduisante, même si elle ne laisse que peu de place au sommeil. Ce soir, de 22h à 4h à l’Heretic, nos Magnetix devenus trop rares par ici, le Canadien dingo Mark Sultan alias BBQ (un ex des vénérés King Khan & BBQ Show, photo de Une) et bien d’autres. Demain, réveil à temps pour être à 14h au Fridge pour une enfilade de garage trash – en tête les Rochelais Skeptiks et nos corrosifs Amphetamine Penis. Bascule à 19h à Barbey pour le grand final : le retour de nos Cheveu partis à Paname, les Barcelonais The Saurs, la cold de Frustration, plus des locaux à l’actu bouillonnante, Lonely Walk (2e LP tout chaud chez Born Bad !) et Violence Conjugale (l’album sort tout bientôt !).

Et s’il vous reste un peu de jus, finish à l’Heretic où U-Turn et Bordeaux Rock assureront la boum d’adieu au lieu. •

Sébastien Le Jeune

Photo : Les Magnetix, figures du garage bordelais ce soir à l’Heretic. © DR