Pour les petits opérateurs, la question du lieu est cruciale. Quatre structures musicales ont enfin trouvé un point de chute à l’aide de la Ville, juste au-dessus de l’Inox Théâtre, et se sont réunies au sein de l’association Prisme. Échanges et idées en perspective.

« Quand je pense que jusque là on bossait dans la cave d’Allez Les Filles, ou dans la cuisine du boss, Buzz ! » Pas mécontent de pouvoir travailler dans des conditions adéquates, Julien de Brain Out. Jusqu’à il y a quelques mois, l’“ilôt” de la rue des Capérans, au-dessus de l’Inox, avait trouvé son rythme de croisière et tous ses occupants. Les historiques – Club de la Presse, Théâtre des Tafurs, Novembre@Bordeaux l’asso porteuse de Novart, et quelques espaces pour des résidences d’artistes. Et les récents – Talent Girondin et Bordeaux Chanson, opérateurs principaux (avec l’Escale du Livre) de l’Inox Théâtre.

Désormais, il faut compter sur quatre structures de plus à la faveur de la redécouverte par la Ville d’un grand espace laissé vacant et condamné depuis belle lurette.

Un “pôle musique”
Au troisième étage de l’immeuble ancien, à deux pas de la place du Parlement, Zoobook, Brain Out / U-Turn Touring, Banzaï Lab et Organphantom se partagent un grand trois-pièces pour une dizaine de permanents. Les deux premiers actifs dans le booking (organisation de tournées d’artistes nationaux ou internationaux) avec un peu d’organisation de concerts pour Brain Out – le tout récent X-Mas Blast Festival (notre édition du 18 décembre). Le troisième, mêlant label et orga d’événements dont sa fameuse Semaine Kamikaze. Le dernier essentiellement concentré sur son festival Écho à Venir.

« Cyril de Zoobook et moi, jusqu’ici, on travaillait à la maison, explique Marie d’Organphantom. Ça faisait plus de deux ans qu’on cherchait un lieu, et on avait sollicité la mairie à plusieurs reprises, sans succès. Au fil du temps, on s’est rendu compte avec les autres qu’on était tous dans le même cas, et on a fini par déposer nos demandes ensemble. Le fait que ce soit cohérent en termes d’activité, la perspective de créer une sorte de “pôle musique” est sûrement ce qui a permis à la direction de la culture d’emporter le lieu – plusieurs autres services le voulaient, tellement il y a peu de lieux disponibles en centre-ville. »

Emploi mutualisé en vue
Payer un loyer modique (une centaine d’euros quand les Banzaï louaient leur local quatre fois plus cher à Saint-Michel, détaillent Margaux et Nolwenn), avoir de la place pour travailler et même pouvoir accueillir un stagiaire, des avancées non négligeables avec cette nouvelle localisation. Mais les quatre opérateurs, unis au sein du collectif Prisme, mesurent déjà d’autres avantages et pensent à l’avenir. « Comme nos activités sont proches mais pas rivales, on est beaucoup dans l’échange, confirment Thomas de Brain Out et Cyril de Zoobook. On se donne pas mal de coups de main sur les plans administratif et juridique. » Et de réfléchir à un futur poste mutualisé, payé par les quatre structures, pour assurer la comptabilité ou la communication par exemple.

Ensemble, même si les esthétiques qu’ils défendent chacun sont assez différentes, leurs visions de la musique sont assez proches pour qu’ils réfléchissent aussi à des événements en commun – des soirées Prisme ou un plateau commun à la Fête du Vin/Fleuve. Et si l’Inox, au rez-de-chaussée, se prête mal aux musiques très amplifiées, les bons liens avec le collectif Inox seront mis à profit pour organiser de petites formes ou des ateliers. Premier à s’élancer, Banzaï Lab, qui proposera à la rentrée de janvier un de ses “speed dating pour musiciens”. •

Sébastien Le Jeune

Contact : prismebordeaux@gmail.com

Photo : Dans les nouveaux murs de Prisme, à gauche Marie d’Organphantom et Cyril de Zoobook, au centre les Brain Out Julien (debout) et Thomas, à droite deux des Banzaï Lab, Margaux et Nolwenn © SLJ