Trouver des fonds pour financer l’accès des moins favorisés à sa programmation jeune public à la rentrée, tel est l’objectif de la campagne Ulule lancée par la Boîte à Jouer. Une opération de crowdfunding assez inhabituelle dans le monde du théâtre : trois questions à son codirecteur, Laurent Guyot.

Comment en êtes-vous arrivé à cette campagne de financement participatif ?
Nous avons toujours eu à cœur de proposer chaque année une programmation jeune public de qualité. Auparavant, cela se faisait dans le cadre de nos “Semaines Grenadine”, avec un grand succès : nous étions plébiscités par les enseignants, les centres sociaux et d’animation et nous recevions des cohortes d’enfants, c’était super. Mais l’un de nos principaux partenaires, le collectif Bordonor, a pour plusieurs raisons – et en particulier financières – dû renoncer. Nous avons sollicité de nombreux partenaires publics mais, étant donnée la situation, bien peu ont suivi hormis l’Iddac et l’Oara. Le financement participatif, nous ne voyions pas d’autre solution.

Comment avez-vous eu l’idée ? Quels sont les retours ?
Au théâtre, nous n’étions pas très familiers de ce type d’appels à contribution – je ne suis pas moi-même un expert en informatique. Heureusement, notre stagiaire Carla Vieussan s’est beaucoup investie dans ce projet : c’est elle qui l’a monté et suivi de bout en bout. L’objectif est de réunir 5 600€ afin de faire que nos trois spectacles à l’affiche entre janvier et mars, des créations de compagnies professionnelles que nous coproduisons et tenons à rémunérer à leur juste valeur, soient accessibles à 3€ pour les enfants des centres sociaux et des écoles, au lieu de 7€ en tarif grand public.

Et les retours ont été très bons, certains donnant même de grosses sommes, jusqu’à 500€ ! On a reçu plein de petits mots sympas et certains ne veulent même pas des contreparties… J’ai été vraiment ébahi, d’autant plus qu’il s’agit pour beaucoup de gens qu’on ne connaît pas.

Avec 60% de la somme atteinte à J-30, on peut être optimiste. Mais ça ne peut pas être une solution pérenne, si ?
Bien sûr que non. Cette fois, on peut compter sur une forme d’émerveillement des gens, un certain sens de la solidarité… Mais ça ne peut pas marcher ainsi chaque année. L’un des points positifs, c’est que ça a pu nous permettre de communiquer et mettre en avant ce qu’on est, ce qu’on fait, les valeurs que l’on défend, celles d’une culture accessible à tous, qui donne envie aux jeunes d’encore plus de culture. Ainsi, on sent déjà que ce coup de projecteur sur nos activités un peu invisibles suscite à nouveau l’intérêt des institutions et pourrait donc avoir un effet facilitateur important. •

Recueilli par Sébastien Le Jeune

Détails et participation sur fr.ulule.com/lesenfantsautheatre ; dates grand public sur www.laboiteajouer.com 

Photo : Avec deux autres spectacles de la Cie des 13 Lunes, « L’Enfant-sucre » de la Cie Mouka pourra être vu par des centaines d’enfants à prix réduit grâce au soutien des internautes. © Francisco Dussourd