Dès ses débuts il y a pile cinq ans aujourd’hui, le Wunderbar s’est taillé une place de choix dans le paysage nocturne bordelais, attirant entre autres la crème de la faune rock locale. Retour sur la success story avec son patron, Pierre Devel, avant quatre soirs de fête et de concerts, dès ce mercredi et jusqu'à samedi.

On raconte que c’est en raison de l’inimitié entre Chaban et Mauriac que ce dernier a hérité du nom de la plus petite rue de Bordeaux. Alors pour installer son bar, là, un tout petit pas-de-porte à peine visible depuis la rue des Faures ou le cours Victor-Hugo, il fallait « beaucoup de réseau », se souvient Pierre Devel. Arrivé en 2000 à Bordeaux, ce natif de Belgique grandi à Strasbourg avait en effet officié en tant que serveur dans bon nombre de grands bars et restaurants bordelais « plus traîné dans les concerts et fait des DJ sets un peu partout, du Cafécito au Boqueron » avant de lancer son affaire.

« Ça s’est monté très vite. On m’avait emmené fin 2010 dans un bar du XIe parisien, l’Udo. J’y suis entré et j’ai su tout de suite que c’était ça que je voulais faire : de la bière allemande, de la currywurst [saucisse curry, ndlr] et du bon son, pointu mais acceptable par tout le monde – eux sont très electro, nous plutôt rock, avec aussi pas mal d’electro et de hip hop. À peine trois mois après, on ouvrait » D’où le nom à consonance teutonne [Wunderbar veut dire “merveilleux” en allemand] – « aussi une petite revanche contre ceux qui me traitaient d’Allemand quand j’ai débarqué à Bordeaux », sourit-il.

“Cocaïne russe”
En plus du réseau des débuts – et grâce à celui-ci – le bar a cultivé une certaine image, bien rock voire un peu trash, avec des amis artistes et dessinateurs pour refaire les murs et les portes des toilettes – LL Cool Jo, Besseron, Witko – ou sortir des t-shirts collectors – Moolinex... « La clientèle des débuts vient moins, ça se rajeunit sans cesse et, ça, on le doit surtout au bouche-à-oreille », note le patron. La nouvelle génération rock et “musiques barrées” bordelaise prend peu à peu le relais de la précédente (même si on retrouve Fred, le batteur des Sleeppers... mais derrière le comptoir) et il n’est pas rare d’y croiser aujourd’hui des membres de JC Satàn, du Collectif Iceberg ou de Cockpit, voire de la scène dark – des Hørd, VvvV ou Volcan.

Le grand public, lui, découvre le lieu au détour d’un quizz ou blind test du mercredi, pour les DJ sets de la fin de semaine ou parce que Martial de Total Heaven vient y passer ses nouveautés un mardi sur deux... Ou pour un shooter dont la réputation s’est répandue en ville comme une traînée de poudre – c’est le cas de le dire –, la “Cocaïne russe” (modération de rigueur) : « Vodka, citron, café et sucre pétillant. C’est l’une des grandes raisons de notre réussite, avoue-t-il. Dès qu’on l’a lancé, un type goûtait et revenait avec 10 potes le lendemain ! Les gens sont devenus fous avec ça et ça marche toujours. »

Concerts : les copains d’abord
Une dernière raison pour ce succès jamais démenti, les concerts dans la cave, assez rares mais toujours intenses voire un peu tarés. « J’en fais peu et pourtant j’ai entre 100 et 300 demandes... par semaine ! En fait, ce sont surtout des assos de potes qui organisent chez moi, même si je dépanne de temps en temps des groupes à l’arrache sur des days off de leur tournée. »

Et c’est bien de concerts (suivis de DJ sets) qu’il sera surtout question lors de ces quatre soirs de wunderteuf : passée la soirée bavaroise ce mercredi, on découvrira les nouveaux titres de Nunna Daul Isunyi ou d’Haydée, on dansera-pogotera sur l’EBM dingo de Harshlove, le gabbercore tout aussi cinglé des Émissaires du Sympatistan ou le punk-rock des Parisiens Pierre et Bastien... Que des compagnons de route du boss : bonne ambiance assurée. •

Sébastien Le Jeune

* Une merveille d’anniversaire.

Concerts de jeudi à samedi, 20h-22h, prix libre.
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Photo : Pierre, le boss, avec Fred, l’un de ses serveurs. Passez ce mercredi soir, vous les verrez en costume bavarois ! © SLJ