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Avec l'expo “À lundi !”, le Frac laisse ses clés à... son régisseur ! PDF Imprimer Envoyer
Jeudi, 28 Janvier 2016 06:00

« À lundi ! » Titre hors norme pour une expo vraiment pas comme les autres, à partir de ce vendredi au Frac Aquitaine, aux Bassins à flot : à la veille de son départ en retraite, le régisseur du lieu Alain Diaz a eu carte blanche. On l’a rencontré.

 

Pas banal de confier les clés d’une telle institution à son régisseur…
Oui, c’est une première, à ce que j’en sais. Il faut dire que, les Frac étant assez récents, je dois être le premier régisseur à partir. Mais l’idée a plu dans le milieu. Le titre fait rire, et beaucoup d’artistes ont trouvé l’idée géniale. Ça s’est monté un peu par hasard, en discutant avec les collègues sur un coin de table. C’est parti sur une idée en l’air mais j’avais déjà en tête pas mal d’artistes avec lesquels j’avais travaillé, plein d’œuvres que j’avais montées. Largement de quoi monter une expo entière. On a soumis l’idée à la directrice Claire Jacquet, qui a adoré l’idée. Il y avait même des œuvres que le Frac n’avait jamais montré ici, et d’autres que Claire ne connaissait même pas ! Et maintenant, je suis très content du résultat : ça ressemble à ce que j’imaginais, et je crois que ça va donner du plaisir aux visiteurs.

Vous ne venez pourtant pas du tout de cet univers…
C’est vrai. Je suis né à Floirac, et j’ai passé un CAP de peintre-tapissier. C’est ce métier qui m’a fait vivre pendant 20 ans… et m’a fait travailler un peu avec le CAPC. Comme j’étais minutieux et comme j’enregistrais vite, de fil en aiguille j’ai été présenté au Frac. Et c’est comme ça que j’ai commencé, en 1990. À l’époque (avant qu’on s’installe aux Bassins en 2004), on était à Mériadeck, c’était tout petit, il n’y avait même pas d’espace d’expo. C’est à Langon, La Réole, Le Bouscat puis dans toute la région, que j’ai monté mes premières expos. Depuis, j’ai eu de la formation continue sur l’emballage, le transport, la conservation des œuvres, mais au début, j’ai appris le métier sur le tas. Pour certains montages, il a carrément fallu improviser, s’adapter.

Vous avez chopé le virus art contemporain ?
Comment dire… Au début… Ouh ! (rires) Quand j’ai découvert certaines œuvres, j’ai été surpris. Avec le temps j’ai dit “pourquoi pas”… Je montais les expos en me disant “ça doit faire plaisir aux gens”. Mais quand j’ai été confronté à certaines réactions du public, j’ai compris que certaines œuvres pouvaient choquer. La regrettée Luce Bort, une directrice courageuse (1983-1993), me disait toujours « ne réponds pas aux gens, il y a des spécialistes pour expliquer les œuvres ». Mais j’aurais eu du mal à faire mon travail de technicien en fermant les yeux. Alors, le virus ? Peut-être un peu, surtout parce que j’ai rencontré des artistes sympa. Mais, quand même, je n’en ferais pas mon sujet du week-end…

Comment avez-vous conçu l’expo ?
D’abord en rendant hommage aux différents directeurs avec lesquels j’ai travaillé, à l’équipe, et aux artistes, depuis mon premier montage (un Noël Cuin) jusqu’à la dernière acquisition du Frac (un Bastien Cosson). Certaines pour la confiance et l’amitié nouées avec les artistes au fil des années, comme le « Culture Cult. » où Arnaud Labelle-Rojoux m’a toujours laissé écrire le titre à main levée – c’était mon idée ! Alain Séchas, qui a toujours été reconnaissant pour mon travail avec ses œuvres, un ami. Ou Jeff Koons – j’ai calculé que j’ai fait 500 000 km pour monter des expos, mais c’est Koons qui m’a fait le plus voyager, dans toute l’Europe, avec son “aspirateur” [« New Hoover convertibles », ndlr] que j’ai monté 33 fois !

Le reste est fait de clins d’œil : une vidéo de Jean-Marc Chapoulie sur le Tour de France parce que je suis un passionné de vélo. Une tapisserie de Closky pour rappeler mon premier métier. Les personnages du Révérend [Ethan Acres, dont les quatre « Guise of Satan » font référence au groupe Kiss] parce que l’œuvre est sympa, et que je chante aussi, mais pas comme eux… dans une chorale (rires). Toutes ont un sens pour moi, mais la pièce centrale est la table de Richard Fauguet : elle représente la convivialité, une valeur dont on a vraiment besoin aujourd’hui.

Une dernière : vous dites vraiment « à lundi ! » ?
Oui ! (rires) En fait, pour l’anecdote, c’est une sorte de surnom que je traîne depuis mes 18 ans. Quand j’étais apprenti ouvrier, un lundi je ne m’étais pas présenté parce que j’étais sorti tout le week-end. Une erreur de jeunesse… qui m’a valu de me faire chambrer avec du « à lundi ! » même en semaine ! (rires) Et ça m’a suivi partout. Jusqu’au Frac. •

Recueilli par Sébastien Le Jeune

À voir jusqu'au 23 avril. Vernissage ce vendredi, 19h, entrée libre. Table ronde sur les acquisitions du Frac “Grande Région” ce vendredi également, 15h30 à l’Oara. www.frac-aquitaine.net 

Photo : Alain Diaz au milieu d’oeuvres d’Alain Séchas... qu’il a lui-même choisies © SLJ

 

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