C’est une soirée très particulière qui a lieu ce soir au Grand-Théâtre : un bal en costumes d’opéra pour les généreux donateurs de l’association Arpeggio qui réunit des fonds afin d’aider la grande maison et l’accès à tous les publics. L’une des rares initiatives de mécénat à l’Opéra de Bordeaux alors que les subsides publics sont à la peine.

Devinette : qu’ont en commun les chaises des artistes de l’Auditorium, la venue de la star mondiale du piano Lang Lang à Bordeaux, le nouveau piano Steinway de l’ONBA ou encore certains tarifs réduits à l’Opéra ? Réponse : Arpeggio, l’association de soutien à l’Opéra national de Bordeaux, qui oeuvre en coulisse pour réunir des fonds pour le développement de la grande maison. « En échange de leur adhésion, explique sa directrice Marie Pallas, les membres – qu’ils soient particuliers, entreprises, vignobles, etc. – reçoivent des contreparties : des soirées spéciales, des rencontres, des dîners dans des lieux insolites avec des solistes de l’ONBA... »

Et ce bal costumé fait partie de ces animations très particulières réservées à ces heureux élus. Au menu, un accueil soigné, un cocktail dans le Foyer rouge ponctué d’impromptus musicaux, et le bal proprement dit, avec le Ballet de l’Opéra lui-même pour l’ouverture, les choeurs et des solistes de l’ONBA avec des invités de marque, dont les mezzo-soprano Béatrice Uria-Monzon et Géraldine Chauvet ainsi que le ténor révélation aux Victoires 2014 Stanislas de Barbeyrac.

500€ le ticket
« Cela ressemble un peu à ce qui se fait pour le Mardi gras à la Fenice de Venise ou à la grande traditions de bal de l’Opéra de Paris au XVIIIe siècle, reprend Marie Pallas. Il faut se souvenir aussi qu’au XIXe siècle, le Foyer Boireau du Grand-Théâtre était régulièrement transformé en salle de bal pour la bourgeoisie bordelaise. Mais c’est la première fois que les convives pourront danser sur la scène du Grand-Théâtre ! »

En tout, quelque 200 personnes sont attendues ce soir – mais la liste n’est pas fermée. Si vous avez 500€ (défiscalisés ensuite à hauteur de 66%) et un peu de temps devant vous pour passer chez Grout, la fameuse maison de costumes près de la gare Saint-Jean, pour dégoter un costume d’opéra (ou, à défaut, une tenue de soirée), la porte est toujours ouverte. « Bien sûr, le coût restreint le public, mais nous ne sommes pas une association de snobs, précise si besoin était la directrice d’Arpeggio. Nous sommes avant tout une réunion d’amoureux de la musique. Il est fréquent que de nouveaux membres adhèrent avec en tête le volet mécénat et deviennent ensuite des fous de musique. Le virus s’attrape ! »

« On n’a pas été bons »
L’essentiel des bénéfices de la soirée seront ensuite fléchés vers des actions spécifiques : du soutien à de nouvelles productions ou à la saison jeune public, de l’aide pour l’accessibilité à tous les publics... Bon an mal an, l’association dégage autour de 300 000 à 400 000€ pour la grande maison. Une somme pouvant fluctuer grandement en fonction de la santé économique des acteurs du cru.

Une goutte d’eau (1%) dans le budget de l’Opéra (plus de 30 millions d’euros), peut-être, mais quasiment la seule venant du mécénat dans une institution subventionnée à hauteur de 72% – le reste provenant de la billetterie. « C’est vrai que, jusqu’ici, on n’a pas été bons », admet Laurence Dessertine, maire adjointe du quartier Centre et présidente du conseil d’administration de l’Opéra depuis avril 2014. « Nous souhaitons bien entendu travailler davantage sur le financement privé. Le contexte actuel de plus en plus compliqué peut être un atout en nous obligeant à plus d’inventivité pour continuer à proposer la même qualité avec des moyens différents. C’était d’ailleurs l’un des motifs du choix de Marc Minkowski pour reprendre la tête de l’Opéra en juin : avec une telle pointure internationale, nous espérons réussir à capter plus d’argent privé, d’entreprises internationales notamment. Ce sera l’un de mes grands sujets de rentrée avec lui. Un beau défi ! » •

Sébastien Le Jeune

Ce mardi, dès 20h. Arpeggio : tél. 05 56 81 77 26.

Photo : 200 mécènes en costumes d’opéra auront le privilège de danser sur la scène du Grand-Théâtre © Archives Claude Petit / Sud Ouest