Joli coup pour les éditions bordelaises Finitude : le premier roman d’Olivier Bourdeaut s’attire les grâces d’une presse dithyrambique et de lecteurs qui en redemandent. C’est qu’il y a de la magie à revendre dans cet éblouissant « En attendant Bojangles ».

De la magie dès les premières notes... Pardon, dès les premiers mots, dans ce ton faussement naïf pris par l’auteur pour rendre le regard de l’enfant narrateur, candide mais à qui on ne la fait pas. Comment faire autrement quand ses parents dansent et boivent et s’aiment follement du matin au soir, bercés par Nina Simone et sa douce-amère chanson « Mr. Bojangles » passée en boucle, et quand ils s’inventent une vie pas vraie, usant du mensonge et de leur folie douce pour réenchanter leur monde ?

Pour eux, la vie n’est que fête et rires en cascades, illusion, jazz et poésie... parfaitement ciselée par la plume élégante de Bourdeaut – ce qui a pu lui attirer de louangeuses comparaisons avec Boris Vian. Et l’enfant suit le mouvement même dans le déraillement : c’était trop beau, tout ça, Madame franchit le seuil de la folie, la vraie. Internée, elle ourdira son “kidnapping” pour s’enfuir dans leur château en Espagne !

Du rire aux larmes
Merveilleux hymne à l’amour, ce roman a des allures de conte moderne : « Un conte tendre, drôle, fantasque et mélancolique, confie l’auteur (dans notre interview à retrouver en intégralité, cf plus bas). Cruel aussi sans doute. Ce qui est sûr, c’est que je ne voulais pas signer un “feel good book”. Comme dans la chanson “Mr. Bojangles” qui m’a servi de béquille pendant toute l’écriture, il y a de la beauté dans la mélancolie. » Pari réussi, l’émotion est au rendez-vous – une impressionnante palette du rire jusqu’aux larmes.

À 35 ans, après avoir été entre autres « ouvreur de robinets », « cueilleur de fleur de sel » ou « factotum », Olivier Bourdeaut semble enfin avoir trouvé sa voie dans l’écriture. « Je suis très heureux d’avoir échoué jusque-là. C’est la première fois de ma vie que je ressens un tel “alignement des planètes” ! »

« Bien défendu » par Finitude, le Nantais commence à être partout : presse, radios, télés... Mieux, il est dans les cinq finalistes du Grand Prix RTL-Lire 2016. Un auteur à suivre ! •  

Sébastien Le Jeune

Olivier Bourdeaut sera l’invité d’Augustin Trapenard dans « Boomerang » sur France Inter mardi prochain 23 février (9h10). Et à l’Escale du Livre, en rencontre et sur le stand de Finitude, du 1er au 3 avril.

Olivier Bourdeaut, « En attendant Bojangles » (Finitude), 160 p., en vente à la Fnac 15,50€

Photo : Olivier Bourdeaut : « Comme dans la chanson “Mr. Bojangles”, il y a de la beauté dans la mélancolie. » © Sandrine Cellard