Non seulement le festival de CL Comédie Les Culottées de l’humour met les femmes à l’honneur, mais en plus il fait la part belle à nos artistes locales. Car il y en a, de l’humour au féminin dans l’agglo, à commencer par Les Demoiselles, qui jouent sur scène de leur gémellité.

Mais pas seulement, puisqu’elles s’amusent aussi à dénoncer les images d’Épinal sur « les jumeaux et jumelles vus à la télé, forcément fusionnels ». Elles, ce sont Anne et Sophie Cordin, et ne les croyez pas quand elles vous disent « on s’est connues sur un tournage (rires) ». Non, elles sont vraiment jumelles, même si « beaucoup de gens pensent que ce n’est pas vrai et qu’on joue juste sur notre ressemblance ». Et ça s’en ressent quand même dans ces discussions “ping-pong” où l’une enchaîne pour l’autre. Exemple : ça vous a pris quand, de vous lancer dans l’humour ? « Dès l’école primaire ! On avait un carnet de vannes », fait Sophie. Anne : « Et on appelait ça “carnet de trucs cools à dire” » Sophie : « Et le spectacle ! » Anne : « Oui, il nous arrivait de monter un mini-spectacle dans les toilettes des filles ! » Sophie : « On a ça dans le sang, c’est familial. » Et ainsi de suite...

Humour « décalé et un peu “blonde” »
Pourtant, après une formation similaire dans le commerce, chacune a suivi son propre parcours. Sophie, maman, a choisi la stabilité de l’emploi dans cette filière. Anne, de son côté, a beaucoup voyagé entre ses passages par les agences de casting parisiennes, enchaînant spots de pub, courts-métrages, apparitions dans des téléfilms et au cinéma – parfois en duo avec sa sœur. Et un peu de planches parisiennes : « J’avais déjà une demi-heure de sketchs, joués trois mois à Paris, quand Sophie et moi nous sommes retrouvées. On s’est dit que cette base pourrait bien se prêter à un jeu à deux en le développant. » « Oui, parce que le but n’était pas de jouer bêtement les jumelles, reprend Sophie. Ce sont plutôt des solos joués en duo. Enfin, pour être claire, on fait comme si on était une quasi tout le spectacle. Comme quand l’une fait le miroir de l’autre par exemple. » Ce qui donne un spectacle qui leur ressemble, « assez décalé, absurde, un peu “blonde” (rires) ».
Il n’y a qu’un an et demi qu’elles se sont lancées et le succès n’a pas tardé à venir. « Très soutenues » d’emblée par les filles de CL Comédie, leurs apparitions sur la Drôle de Scène ont vite trouvé leur public et, dans la foulée, elles ont été invitées sur deux soirs aux Blancs-Manteaux parisiens fin 2015 et au festival Les Fous Rires créé par les Chevaliers du Fiel à Toulouse en février. Et (« scoop ! ») elles seront présentes sur le off du Festival d’Avignon cet été – « On sera Les Demoiselles d’Avignon ! »
Autant d’occasions de séduire des programmateurs pour jouer plus régulièrement à Paris et dans les festivals. « C’est l’année où jamais pour que ça marche, on est beaucoup plus motivées que quand on était jeunes », rient-elles en chœur, du haut de leur jeune trentaine rayonnante. Et, déjà, elles s’attaquent à l’écriture de leur deuxième spectacle.
En attendant, le premier cartonne dès que les Demoiselles jouent à domicile. Demain, pour le festival, c’est déjà complet à Drôle de Scène. Alors deux solutions pour les voir : assister à la grande soirée de samedi au Fémina où elles donneront un extrait du spectacle, ou réserver dès maintenant pour leur prochaine date à Drôle de Scène, samedi 25 juin (21h, 12€). La billetterie vient tout juste d’ouvrir. • 

Sébastien Le Jeune

Photo : Les Demoiselles, alias Anne et Sophie Cordin – à moins que ce ne soit l’inverse ? © Malick Pec