Ah le fanzine et la micro-édition, tout un univers de création en liberté ! Qui s’est trouvé une belle vitrine à Saint-Michel, au 31, rue Bergeret, avec Disparate, une librairie associative spécialisée unique en France.

Le sobre pas-de-porte ne paie pas de mine de l’extérieur mais passez la porte et vous voilà immergé dans une caverne d’Ali Baba d’objets éditoriaux vraiment pas comme les autres : autour de 400 ouvrages de micro-édition dans les formats les plus variés. La simple photocopie pliée en deux (assez rare) côtoie des livres-objets bien plus élaborés confinant parfois à l’oeuvre d’art.

Leurs points communs ? « Tous sont tirés en petite série, sont faits par des amateurs, avec un vrai côté DIY [Do It Yourself, fait maison, ndlr], expliquent Pauline et Stéphane, les deux créateurs de Disparate. Par des passionnés en général, ce qui a donné le nom “fanzine”, une sous-catégorie de la micro-édition. Après, en termes de contenu, on trouve de tout : du pur graphisme, de la BD, du street art, mais aussi de la poésie ou même du jeune public. »

Eux-mêmes sont de longue date des fans de fanzine. Elle, passée par les Beaux-Arts de Limoges et Nantes, lui par les Arts appliqués de La Réunion et un job à Paris où ils se sont rencontrés. Arrivés à Bordeaux par « rapprochement familial » avec la soeur de Pauline, ils ont atterri à Saint-Michel « parce que, de loin, tout le monde nous disait qu’à Bordeaux c’était le quartier cool, et parce que c’était pas cher ».

Succès croissant
Ouverte en 2013, leur librairie connaît un succès croissant en termes de fréquentation. Raison principale ? « Toute l’originalité du projet vient du fait qu’on est les seuls en France à ne pas faire de marge sur la vente des œuvres, explique Pauline, passée par l’asso solidaire Les P’tits Gratteurs à son arrivée à Bordeaux. Le fanzine, c’est déjà du confidentiel et, nous, ce qu’on veut, c’est leur servir de vitrine, d’espace de diffusion, à la fois dans le shop et sur le site. On croit vraiment à l’économie sociale et solidaire et, la micro-édition, c’est fait par et pour des gens qui n’ont pas trop de moyens. Pourtant, certains libraires, à Paris notamment, margent beaucoup. Chez nous, si tu as 3 balles en poche, tu peux repartir avec un petit livre ! »

Résultat, 150 créatifs adhèrent à leur asso, de toute la France, et même de Belgique, d’Allemagne ou d’Italie. Parmi eux, un tiers de Bordelais, « un vivier incroyable d’auteurs, graphistes, illustrateurs », souligne Stéphane. « L’important pour nous, c’est de faire du réseau pour multiplier les projets collectifs et alimenter l’asso. » Comme « 3,50€ », le fanzine maison réunissant une dizaine d’artistes par numéro.

Pour tenir la distance, outre les soirées de soutien et quelques expos, le duo mise beaucoup sur les prestations comme des ateliers pour enfants ou des réalisations pour des commerces. Et touche un peu d’aide publique comme l’Aide à la création de la Ville pour son festival ZineFest, en juillet à la Halle des Douves. « Avec ça, on va pouvoir avoir des invités européens, note Pauline, et monter notre projet d’expo avec la Fanzinothèque de Poitiers ! » En attendant, prochaine échéance, la projection pour l’Escale du Livre  à l’Utopia le 31 mars du doc « Undergronde », « avec des adhérents à nous dedans ! » •

Sébastien Le Jeune

Du mercredi au samedi, 15h-19h. www.disparate.fr 

Photo : Pauline et Stéphane, créateurs de Disparate © SLJ