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Dominique A : Les histoires d’A finissent bien... PDF Imprimer Envoyer
Jeudi, 25 Octobre 2012 07:00

Enfin, en général, elles finissent bien, les belles chansons de Dominique A, souvent qualifié de chanteur “triste”. Au contraire, ce subtil poète de la mélancolie laisse entrer la lumière et la nature dans son dernier album, «Vers les lueurs», qui le met sous les feux des projecteurs. Entretien.

Avec «Vers les lueurs», pourtant livré sans compromis, on peut même dire qu’il accède à un nouveau stade de sa carrière où sa renommée finit enfin par toucher le grand public – portée en cela par le premier single de l’album, «Rendez-nous la lumière». Production impeccable, textes toujours aussi fins et mélodies travaillées (notre édition du 27 avril) avec des arrangements étoffés par un quintette à vent qu’il emmène avec lui en tournée, Dominique A profite aussi de la réédition de l’intégralité de ses neuf albums précédents, remasterisés et augmentés à chaque fois d’inédits, de lives, de démos et de remixes.

Depuis que je vous ai découvert un soir, du temps du 1er, «La Fossette», chez Bernard Lenoir sur Inter, j’avais l’impression que vous restiez un peu mon trésor caché. Mais cette fois, on vous voit partout! Qui a changé, les médias ou vous?
C’est vrai qu’avant, à part Inter et FIP, je ne passais pas tellement à la radio et, là, on me voit même pas mal à la télé. Je ne pense pas avoir changé, ce seraient plutôt les médias qui ont changé leur rapport à moi. En tout cas, ça s’est fait tout seul : pendant 20 ans j’ai fait «tourner ma boutique», en quelque sorte. On fait des albums, on propose quelque chose et, un jour, il se passe un truc sur un disque. En même temps, c’est ça, une carrière, c’est plein de faux plats avec, parfois, une crête.

Ça a été difficile à vivre, ces faux plats?
Je n’ai jamais souffert d’un déficit d’exposition, je me trouvais même plutôt bien exposé. Moins que d’autres, oui, mais je n’ai jamais eu à souffrir de traversée du désert, à jouer devant des salles totalement vides. Et puis, j’ai toujours été bien loti du côté des médias spécialisés, et ça, cette reconnaissance des pairs et des spécialistes, m’a toujours paru plus important que d’être connu du grand public. Cette fois, c’est peut-être la réédition de mes albums précédents qui a déroulé le tapis rouge pour le nouveau, et ça a pris. Après, c’est vrai que c’est quelque chose d’assez pénible en France : à l’inverse des Anglo-Saxons où, au bout de 6 mois, un groupe a dépassé sa date de péremption, ici, il y a une forme de méritocratie de la longévité. Comme s’il avait fallu que les gens prennent acte qu’après toutes ces années, je suis toujours là. D’ailleurs, il y a pas mal d’artistes autour de moi qui marchent… un peu. Et je leur dis «patiente encore, 3-4 albums et ce sera bon»… Mais ça prend du temps, et tout ce temps, il faut garder le moral.

Et maintenant, le pic. Comment le vivez-vous?
Franchement, c’est un beau moment, une belle année. Bien sûr, le disque n’est pas un carton, pas un disque de platine, mais j’ai plus de diffusion, plus de monde dans les salles sur les premières dates, tout en gardant de bonnes critiques. L’idéal, c’est de rejoindre les deux, alors j’apprécie cet engouement nouveau, cette reconnaissance plus large. En ce moment, je savoure vraiment, à 40 ans, plus encore qu’à 20 ans. À l’époque du « Twenty-two Bar » [sur la « Mémoire neuve », 3e album, en 1995, ndlr] qui avait bien marché, je crois que je n’étais pas apte à recevoir ce succès. Cette fois, je l’apprécie à sa pleine mesure.

Votre public change-t-il en conséquence?
Oui, son cheveu blanchit, comme le mien (rires). Non, en fait, c’est difficile à dire, mais je crois que j’attire en effet de nouveaux publics, au-delà du public traditionnel de la chanson française. Ça se diversifie, et il y a pas mal de jeunes. Pour certains, c’est via le livre qu’ils m’ont découvert comme chanteur (*). C’est ce qui ressort quand je sors de ma tanière après le concert, je vais parler aux gens quand j’en ai l’occasion… Mais j’en saurai plus quand la tournée aura vraiment commencé.

C’est une tournée conséquente, avec un quintette à vent. Comment vous est venue l’idée?
J’écoute de temps à autre mes anciens albums, ça me permet de me rassurer et aussi de clarifier le travail à venir. Et en réécoutant mon "album maudit" «Remué», il y avait cette chanson, «Avant l’Enfer», une des deux seules acoustiques au milieu de titres rock, avec du hautbois qui donnait une atmosphère moins sombre. Je me suis dit, pourquoi ne pas repartir avec cette sonorité-là pour développer une vraie ambiance musicale. À partir de là, on a travaillé la partition avec David Euverte, mon clavier depuis 7 ans. Il a fait les arrangements sur d’affreux synthés, mais on sentait que ça pouvait fonctionner. On a pu prendre soin de laisser les plages nécessaires pour les vents, de faire en sorte que les guitares n’étouffent pas tout. C’est ce qui a fait qu’on a pu enregistrer l’album en six jours seulement – c’était un choix, une envie de retrouver cette urgence et garder l’énergie du live. Trois jours pour le groupe « rock », et puis le quintette est arrivé et s’est mis à jouer. C’était angoissant parce qu’on ne se connaissait pas, et qu’on savait qu’on allait devoir travailler huit mois ensemble sur la tournée. Mais ça a pris tout de suite, ça nous a tous surpris! Au bout d’une heure, déjà, on sentait que ça fonctionnait du feu de dieu, au-delà des espérances.

Est-ce ça qui a fait que l’album a été qualifié d’«écologisant»?
Oui, c’est le terme employé. Je crois que ça vient du son des bois, ça évoque la nature, forcément. Mais pour les textes, il n’y a que les deux premières à être un peu «écologistes». Pour le reste, j’ai juste souhaité donner à mes chansons un cadre moins urbain, plus ouvert – on s’éloigne de la chambre, de la rue de la ville – tout en restant rapproché. Pas d’exotisme comme dans «Valparaiso», mais la Bretagne, par exemple, des décors que je connais bien pour revenir à du plus intime. Un peu à la manière de mon bouquin, qui évoque les lieux de l’enfance. Mais des lieux, des sentiments qui ne sentent pas trop la naphtaline ou la nostalgie. Parce que, contrairement à ce que j’entends parfois, je ne pleure pas sur un passé révolu, je ne chante pas «c’était mieux avant». Je dépeins plus une mélancolie, un sentiment diffus, impalpable, et éventuellement les dégâts qu’il peut causer.

Au contraire, l’album, comme son titre, joue beaucoup avec la lumière…
C’est vrai. En fait, j’écris mes paroles sur un temps resserré, quelques mois en général, et c’est très intuitif, ça vient tout seul, en tournant autour d’obsessions, de choses récurrentes pas très contrôlées. La lumière est venue en cours de route. J’ai laissé venir «Par les lueurs», puis il y a eu deux ou trois autres chansons où la lumière était présente, et je me suis dit «mais que se passe-t-il?» Ce n’est qu’après qu’est venu ce désir de jouer sur les contrastes lumineux, pour montrer que mes chansons ne sont pas aussi sombres qu’on veut bien le dire ou que ce que j’en lis parfois… •  
Recueilli par Sébastien Le Jeune

Demain, à 21h (ouverture des portes 20h30), 1re partie : V.O.. (rock), 25€ en prévente-28€ sur place.

* Dominique a sorti deux livres « Un bon chanteur mort » (La Machine à cailloux) en 2008 et « Y revenir » (Stock) début 2012 sur son enfance à Provins, en Seine-et-Marne.

 

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