Blutch, micol et toute la bande : Cornélius au cœur de l'expo phare de Regard 9 |
Lundi, 23 Mai 2016 06:00 |
Au centre de cette nouvelle édition de Regard 9, le festival de “BD autrement” de l’asso 9-33, l’exposition à l’Espace Saint-Rémi de deux auteurs phares des éditions Cornélius, qui y fêtent en passant leurs 25 ans.
Comment aménager le vaste espace de Saint-Rémi ? Même question chaque année pour 9-33 qui a trouvé là un bel écrin pour son expo-phare à chacune de ses éditions. Cette année encore, l’asso s’en sort bien – au prix d’un travail monumental, de sélection pour Jean-Louis Gauthey, le fondateur de Cornélius, et d’encadrement pour toute l’équipe : toute l’aile gauche est occupée par des dizaines et des dizaines de croquis, dessins et grands formats couleur des deux auteurs que Gauthey a choisi de mettre en avant. Sur l’aile droite, un grand panorama de l’intégrale des couvertures « qui claquent » de la maison d’édition désormais implantée à Bordeaux. De Gotlieb à Charles Burns Si tout cela agit comme une belle piqûre de rappel sur l’activisme inchangé en un quart de siècle d’un éditeur au regard unique et à l’appétit inextinguible pour la BD dans les marges, les travaux de Blutch et Micol n’en ressortent que plus magistralement. « Faire une expo sur Cornélius n’aurait attiré personne, soutient Jean-Louis Gauthey. Alors quand le directeur de 9-33 Éric Audebert m’a proposé cette carte blanche, j’ai préféré faire appel à des auteurs auxquels Cornélius est particulièrement attaché parce qu’ils nous ont accompagnés à des moments-clés. Blutch parce que c’est un ami de jeunesse avec lequel j’ai collaboré à ses débuts et que j’ai vu grandir (Prix de la Ville de Genève, Grand Prix de la ville d’Angoulême...) bien au-delà du seul cercle de la BD avec ses affiches pour Alain Resnais par exemple. Hugues Micol parce que je suis très heureux de lui avoir mis le pied à l’étrier : c’est le seul que j’ai pris après avoir reçu un manuscrit par la poste ! Ses projets paraissaient un peu fous mais, aujourd’hui, je l’ai présenté à de grands éditeurs et il est devenu l’un des dix auteurs les plus influents, de ceux qui seront encensés dans les dix ans à venir. » Dénominateur commun de leur accrochage en duo, la “BD de genre”. Une évidence pour Micol : « Je ne fais que ça, des cowboys, des samouraïs – il n’y a que les clowns et les sportifs que je ne touche pas ! Je suis comme un enfant qui aurait trouvé une écriture adulte. Dans le western, j’aime la mélancolie qui va avec : ça s’est perdu dans ce monde où il n’y a plus rien d’exotique. » Un vecteur de créativité pour Blutch : « Je n’ai jamais réussi à définir mon travail, mais la BD de genre m’a toujours séduit : j’ai fait du western, du péplum, de la SF... Même sans rien y connaître. Les structures qu’impose le genre sont assez libératrices. » Des tranches de liberté sur planche, on en redemande. • Sébastien Le Jeune Quatre expos... Photo : Les dessinateurs Hugues Micol (à g.) et Blutch (à dr.) encadrant Jean-Louis Gauthey, directeur des éditions Cornélius, dont les 25 ans offrent à voir une impressionnante enfilade de couvertures. © Bordeaux7 |