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Fantastique, une expo aux frontières du réel au musée des Beaux-Arts PDF Imprimer Envoyer
Jeudi, 30 Juin 2016 06:00

Le fantastique a la cote mais, on l’oublie souvent, ses racines plongent dans un lointain passé. Contes, littérature, et une imagerie largement façonnée au XIXe siècle par les maîtres de l’estampe, nous rappelle une exposition qui ouvre aujourd’hui et jusqu'au 26 septembre à la Galerie des Beaux-Arts.

 

Lutins, kobolds, squelettes, fantômes et autres incarnations du diable... Les légendes ne datent pas d’hier mais, chape religieuse oblige, celles-ci ont mis un certain temps à prendre forme dans l’imaginaire populaire. Siècle matérialiste et positiviste s’il en est, le XIXe a marqué un tournant « où de nombreux artistes se sont réfugiés dans l’imaginaire », souligne la directrice du musée des Beaux-Arts Sophie Barthélémy.

Laquelle, voyant le sous-titre de l’expo « Fantastique ! » au Petit Palais parisien cet hiver, a sauté sur l’occasion : « “De Goya à Redon”, deux noms qui résonnent à Bordeaux, le premier y ayant passé les quatre dernières années de sa vie et le second y étant né, et dont nous fêterons les 100 ans de la mort avec une autre exposition et un colloque à la fin de l’année. » C’est elle qui a obtenu de la Bibliothèque nationale de France (BnF) le prêt de cette expo riche de trésors du fonds de l’institution.

Monochrome noir
En tout, sont présentées 170 estampes, au sens large : aquatinte, gravure sur bois, lithographie, tout ce qui s’imprime au moyen d’une matrice. Du noir et blanc surtout, avec de rares couleurs. Avec une disposition chronologique en guise de « fil noir », pour reprendre le terme de la commissaire d’exposition et conservateur en chef au département des Estampes de la BbF, Valérie Sueur-Hermel. « Le noir est très important, précise-t-elle. Autant la couleur, dans la peinture, rappelle le réel, autant le noir de l’estampe met une distance avec le réel. Il était propice à l’explosion du fantastique et de ses thèmes visionnaires. »

D’entrée, l’expo frappe fort avec des œuvres de maîtres de la Renaissance et du baroque dont vont largement s’inspirer ceux du XIXe : la « Mélancolie » de Dürer (1514), « La Tentation de Saint Antoine » de Jacques Callot (1635) et le « Docteur Faustus » tiré de Goethe par Rembrandt (1652). Et, mis en regard pour mieux en souligner la naissance de motifs qui deviendront récurrents, la série des « Caprices » de Goya, des aquatintes de 1799, une technique toute récente à l’époque. Avec cette phrase qui lancera la vogue du fantastique : « Le sommeil de la raison engendre des monstres. » À méditer.

Diffusion populaire
La vague romantique des années 30-40 lui emboîtera le pas, notamment Delacroix et son audace technique incroyable (son « Macbeth consultant les sorcières » est stupéfiant de contrastes et de détails). Puis, en plein réalisme triomphant, naîtra une seconde vague romantique dite “Second Empire”, en 1848 – Charles Meryon, Rodolphe Bresdin et surtout Gustave Doré. Enfin, viendra une troisième vague en fin de siècle avec Odilon Redon et quelques autres, dont Gauguin, prélude à l’avènement du symbolisme.

Ce que montre particulièrement bien l’expo, c’est la manière dont tout un langage pictural s’est formé et s’est diffusé ensuite dans la culture populaire – l’avantage d’œuvres reproductibles en grand nombre – jusqu’à s’inviter dans des affiches, des caricatures, des spectacles... Autre atout, l’espace consacré aux techniques de l’estampe, qui en éclairera plus d’un et s’ouvrira à des ateliers tout l’été (premier le 9 juillet, sur inscription). •

Sébastien Le Jeune

À la Galerie des Beaux-Arts (place du Colonel-Raynal) jusqu’au 26 septembre, 11h-18h (sauf mardis et fériés), 3,50-6,50€. www.musba-bordeaux.fr 

Photo : D’abord inspiré par les classiques (à g., « L’Enfer de Dante vu par Gustave Doré), le fantastique va irriguer la culture populaire, aidé par l’amélioration des techniques d’estampe, comme l’aquatinte couleur utilisée par Eugène Delâtre pour sa « Mort en fourrure » (à dr.). © BNF

 

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