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Quel avenir pour Evento? PDF Imprimer Envoyer
Mercredi, 14 Novembre 2012 08:00

Fin septembre, Alain Juppé annonçait dans le journal «Sud Ouest» qu’il allait confier une mission sur une grande manifestation après les deux éditions mitigées d’Evento aux artistes Clarac et Deloeuil. La mission est sur les rails, et nous les avons rencontrés.

Depuis une dizaine d’années, de New York à Paris en passant par Bordeaux, le duo de metteurs en scène Jean-Philippe Clarac et Olivier Deloeuil raconte des histoires, le plus souvent sur les grandes scènes des opéras et des théâtres français et étrangers. Vidéastes également, mais aussi documentaristes, ils ont réalisé récemment trois films de 52’ chacun sur l’histoire du CAPC, celle du festival Sigma et la rénovation urbaine de Bordeaux.

Quelle sera la nature de cette mission?
Il s’agit d’une mission de réflexion sur la notion de grand événement culturel. Toutefois, nous ne sommes pas un cabinet d’ingénierie culturelle. Nous sommes des metteurs en scène, réalisateurs, créateurs d’installations. Nous allons donc traiter cette investigation comme une proposition artistique un peu singulière. Elle fonctionne en deux temps, «Enquête» et «En Quête». Dans un premier temps, nous posons trois questions: «Qu’est-ce qu’un événement? Qu’est-ce qu’un événement à Bordeaux? Qu’est-ce qu’un événement culturel?». Ces trois questions structurent une «Enquête», que nous menons aussi bien auprès des Bordelais qu’auprès de grandes figures qualifiées, extérieures à la ville. Ces questions débouchent ensuite sur «En Quête», soit 24 heures d’installation-forum ouverte à tous les Bordelais, avec une exposition participative et des débats autour de cette notion d’événement.

Parmi la vingtaine de personnalités que vous envisagez d’interviewer sur la notion d’évènement, pouvez-vous nous en citer quelques-unes et nous dire les raisons qui vous ont conduit à les retenir?

Nous allons interroger les philosophes Alain Badiou, Paul Virilio, Jacques Attali. Mais aussi des personnalités du monde culturel comme Bernard Faivre d’Arcier, président des Biennales de Lyon, ou Laurent le Bon, directeur du Centre Pompidou de Metz et concepteur de la dernière Nuit Blanche à Paris. Mais la parole de ces experts prendra tout son sens une fois confrontée aux réponses des habitants de Bordeaux, et à celles de la communauté culturelle de la ville. Notre souhait est vraiment de replacer les artistes au centre de la réflexion sur le projet culturel.

Celle liste comporte peu de Bordelais. Est-ce une manière pour vous de dépassionner le débat?
La liste des personnalités que nous interrogeons n’est pas encore définitive. Et elle ne fait pas l’impasse sur les Bordelais. Il ne s’agit donc en rien pour nous de dépassionner le débat car, au contraire, le fait que le projet culturel d’une ville puisse enflammer les passions, c’est plutôt bon signe et revigorant! Ce que nous aimerions réussir, c’est parvenir à fédérer dans Bordeaux des énergies positives autour de notre «En Quête», pour que la réflexion mette vraiment à jour l’ADN culturel de la ville.

Vous considérez cette installation-forum comme un geste artistique. Ne craignez-vous pas, étant donné l’échéance très proche des municipales en 2014 et le fait que la culture est déjà un enjeu cardinal dans la course à la mairie entre Vincent Feltesse et Alain Juppé, que la portée artistique de votre proposition soit amoindrie au profit d’une communication politique ?
Nous tenons à préciser que notre «Enquête/En Quête» est un travail totalement indépendant, que nous menons librement avec notre compagnie Clarac-Deloeuil > le lab. Mais il est sans doute inévitable que, dans un contexte de précampagne électorale, les moindres gestes, même les plus indépendants, puissent donner lieu à des instrumentalisations politiques. Mais pour nous, ce n’est pas cela qui compte. Dans la carrière d’un artiste, si, à un moment, l’enjeu artistique est fort, il s’impose à vous. Et on a trouvé intéressant qu’un maire, s’interrogeant sur ce qui est possible ou pas culturellement dans sa ville, fasse appel à deux artistes et non à un cabinet d’ingénierie culturelle. Si l’on souhaite que Bordeaux ait une politique culturelle conforme à son ADN, il faut que la communauté artistique et culturelle paie de sa personne. Plutôt que de ressasser les frustrations, il faut exprimer ce que l’on souhaite pour sa ville. C’est cette possibilité qui nous est offerte, à nous deux avec «Enquête», mais aussi à tous les acteurs culturels bordelais avec «En Quête».

Quelle forme prendra cette installation-forum?
L’espace choisi agencera une sélection de vidéos, textes, objets, images et performances, qui entreront tous en résonance les uns avec les autres. Sous la forme d’une déambulation poétique, le visiteur sera invité à y découvrir librement les réponses possibles aux trois questions structurantes. Il y aura aussi un espace qui accueillera trois grands débats. Courtes performances théâtralisées et sets de groupes et DJ bordelais seront aussi de la partie.

Avez-vous déjà retenu un lieu?
C’est en train de se faire. Nous souhaiterions un lieu fort et signifiant dans la ville, peut-être un espace fermé depuis longtemps. Un lieu qui jouera aussi la carte de l’inachevé et de l’éphémère, un peu comme notre «Enquête».

Comment les Bordelais y participeront-ils?
L’installation aura une composante participative très forte, jusque dans sa dimension festive. Tout au long de leur parcours dans «En Quête», les visiteurs seront en effet incités à réagir à ce qu’ils voient et entendent. Un espace permettra aussi à tous ceux qui le souhaitent de venir présenter leur projet d’événement culturel pour Bordeaux, sous la forme du «Speakers corner», le coin de Hyde Park à Londres où chacun peut venir librement donner son point de vue sur la société anglaise.

Recueilli par Camille Carrau

www.clarac-deloeuil.fr

 

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