Les jeunes cinéastes Gaël Lemagnen et Julien Raynaud ont suivi plusieurs mois la création avec des lycéens aquitains du 1er opéra-slam en France, une façon de les réconcilier avec la langue française. Première projection ce vendredi soir à l’Utopia. Le projet de création de l’opéra-slam «Tempus Mutum» est né dans le sillage du Festival des lycéens organisé par la Région au Rocher de Palmer, en mai dernier. Avec le soutien de l’Agence Écla et de l’Oara, Khalid Bunel et Marco Codjia, fondateurs au début des années 2000 des Lyricalistes, un collectif de slameurs, ont essayé à leur manière non-académique de transmettre un certain goût pour l’art et la littérature. Ou, tout du moins, des mots pour s’exprimer. Parce que «avec 150 mots, on vit mal. Et on est malheureux…» lance Marco Codjia – accessoirement l’un des MC du trio hip hop 0800. Et c’est ce combat pour armer les jeunes pour l’avenir en les initiant à l’écriture et au slam qu’ont suivi Gaël Lemagnen et Julien Raynaud dans «Babel, les temps silencieux».

«Le volet vidéo était prévu dès l’origine du projet, mais au fil du temps, le propos de fond et les prises de position l’ont vite transformé en un vrai documentaire», précise Julien Raynaud, issu comme son confrère des rangs du Master cinéma de l’Isic Bordeaux 3. Et de poursuivre : «Il nous est apparu essentiel de partir en montrant ce constat, que la langue française est malmenée par les nouvelles technologies, les nouveaux modes de communication. Sans dire que tous les jeunes massacrent la langue française, on a bien vu que les plus en difficulté avaient du mal à réaliser que le français scolaire et celui de la rue sont une même langue.»

Et c’est donc par la bande qu’agissent Codjia et Bunel, en impliquant les élèves, en les amenant à travailler d’une façon différente – avec un spectacle final à la clé. Des pistes d’éducation complémentaire à un lycée «un peu trop détaché de la réalité» qui pourraient pousser l’Éducation nationale à multiplier ce type d’expériences. Depuis le tournage, en tout cas, «certains se sont mis à écrire, d’autres se sont inscrits en école de théâtre. Ce qui est sûr, c’est qu’il y a un avant et un après». Entre les deux, un énorme travail, à découvrir ce soir. •  SLJ

À 20h30, à l’Utopia, 3€. La projection (30’) sera suivie d’un débat en présence des deux réalisateurs et des deux slameurs.