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Festival du film d'histoire de Pessac : les Seventies dans le rétro PDF Imprimer Envoyer
Lundi, 19 Novembre 2012 08:00

Aujourd’hui, démarre la 23e édition du Festival international du film d’histoire de Pessac, qui fait la part belle cette année aux années 1970, vues sous l’angle du «grand tournant».
Cet événement devenu incontournable tant dans l’agglo que sur le plan national est aussi devenu une «grosse machine» à la programmation très dense. Entretien avec François Aymé, son commissaire général, également directeur du cinéma Jean-Eustache.


100 films, 40 débats en une semaine : le festival ne cesse de grandir chaque année. N’est-ce pas trop déjà ? Jusqu’où peut-on aller ?

C’est vrai que l’offre est extrêmement large mais je crois que c’est aussi cela qui suscite l’envie. C’est un parti pris car j’ai la conviction qu’il faut atteindre un certain seuil pour «faire festival». C’est ce qui permet le succès, même si hélas on ne peut pas tout voir. L’offre «pléthorique» crée ce mouvement perpétuel, cette cadence soutenue qui fait le charme d’un festival. Pour chaque sous-thématique, on trouve forcément des débats qui font écho à plusieurs films, et vice versa. Cet enrichissement de l’un par l’autre génère une curiosité décuplée chez les festivaliers.
Cela dit, nous sommes passés en quelques années d’une formule sur 5 jours dans 3 salles à ce festival sur 8 jours dans 5 salles, plus la médiathèque et la salle des débats, et cette fois, je crois que nous avons atteint un plafond.

Les «seventies» se prêtent particulièrement bien à cette offre importante…
En effet, l’idée est de faire le tour d’un thème, autant sur le plan cinématographique que sur le plan historique. Or cette période des années 1970 est d’une très grande richesse à tous les niveaux et surtout, elle entre en résonance avec la réalité d’aujourd’hui. Je pense notamment aux chocs pétroliers et la crise qui s’est ensuivie, dont on disait qu’elle serait brève et qui sonnait en fait la fin des 30 Glorieuses : le fait est que cela fait 40 ans que ça dure et on le verra autant au travers de films comme « Le Sucre » ou « L’Argent des autres » que par la conférence inaugurale de Michel Rocard.
Il en va de même pour de nombreux autres sujets. Les 10 ans de contestation au Larzac, par exemple, dont le film «Tous au Larzac» de Christian Rouault rappelle qu’il s’agissait avant tout d’un mouvement paysan contre la confiscation de terres par l’armée, avec le soutien de hippies dont beaucoup ont rejoint plus tard les rangs de l’écologie politique. Sur le plan géopolitique aussi, il faut voir comment l’islamisme d’aujourd’hui a pris racine dans la montée des nationalismes arabes, la révolution iranienne, la guerre du Kippour ou les attentats de Munich. On verra aussi comment la guerre du Vietnam a occulté le drame des Khmers rouges, un génocide qui a touché un quart de la population du Cambodge et qui est pourtant resté un sujet assez méconnu. C’est l’intérêt de l’histoire, qui nous donne le recul pour remettre en perspective ces événements.

En abordant les années 1970 de la sorte, vous semblez bannir toute tentation de nostalgie…
C’est une bonne question. Bien sûr, on associe souvent les seventies à leur musique, leur déco, leur mode. On s’y réfère souvent comme à une époque qui respirait la liberté, l’impertinence, on pense Pink Floyd, Bowie, Led Zep. Des bons côtés qui ont existé, mais il n’y a pas eu que ça – pensez au punk et son «no future» dès 1976-1977. La dimension nostalgique est inévitable, et les gens qui ont vécu ces années-là retrouveront sûrement avec plaisir ces années militantes, le Larzac donc, mais aussi le féminisme et la libération sexuelle, le syndicalisme, la naissance de «Libération» dont viendra parler Serge July… Pour ceux qui ont 18 ans aujourd’hui, je crois toutefois qu’il y a une nécessité de faire de la pédagogie sur la vraie réalité historique.

Tant les hautes figures du cinéma que les grands historiens sont au rendez-vous. Est-ce difficile de convaincre et réunir un tel plateau ?
Nous avons de moins en moins à batailler pour les intervenants. Pour les réalisateurs, même s’il s’agit d’un festival «modeste», il est toujours intéressant d’avoir une sélection voire un prix pour mieux vendre leur film à l’international. Et le festival a acquis, grâce à ses collaborations avec la revue «L’Histoire», «Le Monde», Arte et les universités de Bordeaux 3 et 4, un vrai capital de sérieux. Tout en restant un événement simple et convivial. Je crois que les historiens apprécient ces deux aspects : ce sont souvent des gens qui recherchent dans leur coin, et ils viennent aussi pour retrouver leurs collègues et le grand public. Un moment de respiration, en somme. • 
Recueilli par Sébastien Le Jeune

Photos :  Dès aujourd’hui et jusqu’à lundi prochain, on pourra rencontrer à Pessac Maria de Medeiros et Patricio Guzmán, présidents des deux jurys, mais aussi l’acteur Nuno Lopes, le journaliste Serge July, l’historien Michel Winock ou encore l’ancien Premier ministre Michel Rocard pour la conférence inaugurale ce lundi soir. Crédits photo : Loin derrière l’Oural / Icarus Films / Marco Martins - Gemini Films /  DR / Claude Stéfan / Rama


Au programme : grands noms et bons films

D’«Apocalypse Now» de Kubrick à «Salvador Allende» de Patricio Guzmán (président du jury Documentaires, qui évoquera demain les dictatures en Amérique latine), de «Tout va bien» de Godard (photo) au «Péril jeune» de Klapisch, ce sont pas moins de 70 films sur les 100 à l’affiche qui dressent un vaste panorama des années 1970. Quant à la compétition, elle amène son lot d’avant-premières (25 en tout !), dont douze docs en compétition, presque tous présentés par leur(s) auteur(s) et réalisateur(s) – on verra notamment «Les Yeux de Bacuri» de Maria de Medeiros (présidente du jury Fictions). À noter, une nouveauté, un «Panorama» des meilleurs docs diffusés à la télé cette année, en projections gratuites !
On verra notamment les premières françaises de «Hannah Arendt» de Margarethe Von Trotta et de «La Partition inachevée» de Goran Paskaljevic.
Mais Pessac aussi un lieu où l’on débat, de 11h à 22h (entrée libre) ! Christian Rouaud, réalisateur de «Tous au Larzac» dialoguera avec l’armée sur son image, Amos Gitaï sera l’invité du Grand oral «Sud Ouest» autour de «Kippour», les grands historiens parleront gauchisme et «Libération» (Michel Winock), Vietnam et Watergate (Jacques Portes) ou libération sexuelle (Ludivine Bantigny et Philippe Chassaigne) juste avant la projection du fameux «Emmanuelle». Quelques politiques aussi, Bayrou sur l’utopie et Rocard, ce soir à 18h30 sur «les racines de la crise».

Films à 4,50-6,50€, pass 5 et 20 films non nominatifs à 24€ et 56€. Jeudi gratuit pour les étudiants.
Programme : www.cinema-histoire-pessac.com

 

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