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“Réparer les vivants", une greffe théâtrale qui a bien pris, à voir jusqu'à samedi aux Colonnes PDF Imprimer Envoyer
Jeudi, 24 Novembre 2016 06:00

D’un thème grave, la greffe d’organe, Maylis de Kerangal a tiré un bestseller « Réparer les vivants» passé avec brio à la scène grâce à Emmanuel Noblet, à voir jusqu’à samedi aux Colonnes de Blanquefort. Entretien.

 

Pourquoi avoir choisi ce texte pas facile ?
Déjà, il faut savoir que je n’ai pas trop réfléchi en termes de difficulté, de thématique – je ne me suis pas dit qu’aborder un tel thème pourrait repousser les gens. Pour chaque projet, ma matière théâtrale c’est le texte. Et, là, j’ai tout de suite su que c’était le texte que je cherchais depuis longtemps. Je me suis mis au travail tout de suite, dès la première lecture : je voyais déjà les scènes, l’ouverture, avec une blouse, face au public, debout sur une table… Il y a énormément de choses dans ce livre. La langue de Maylis de Kerangal est magnifique, certaines situations sont émouvantes voire dramatiques mais il y a aussi des moments légers, un peu d’humour. Et puis ça donne à réfléchir sur un sujet de société très peu traité – j’ai moi-même découvert le don d’organes avec le livre.

Finalement, ceux que le thème a le plus refroidis, ce sont les producteurs. Il m’a fallu un an pour monter le projet et les premières au off d’Avignon, pendant l’été 2015. Maylis, qui m’avait cédé les droits d’adaptation, est venue voir la pièce et a aimé y retrouver l’esprit du livre. Et puis elle a gagné tous les prix que l’on sait, ce qui explique sans doute aussi la longue tournée de la pièce.

On l’entend d’ailleurs comme l’une des voix off du spectacle. La forme choisie, un solo, c’est un défi, là encore…
Oui et non. Finalement, c’est parfois plus facile de se lancer en solo plutôt que de gérer une douzaine d’acteurs pour plein de petits rôles. Là, je suis seul, épaulé par des voix off en effet pour quelques personnages que je ne joue pas – et un peu de vidéo, d’images d’intérieur du corps pour aider l’imaginaire du spectateur… et être XXIe siècle, c’est toujours mieux qu’un seul fond de velours noir.

Et puis le seul en scène m’offre une belle partition rien que pour moi, quelque chose dont je rêvais depuis longtemps. Déjà en tant que spectateur, j’adore ça, j’ai des souvenirs incroyables de solos de Jacques Gamblin ou Denis Podalydès par exemple : moins ils montrent et plus on imagine. Là, je me retrouve de l’autre côté, et avec cette forme, les gens me disent qu’ils retrouvent vraiment le livre, le théâtre donnant juste un peu de dramaturgie supplémentaire…

Un excellent choix en tout cas, la critique est élogieuse… Et le public semble adorer également, non ?
Oui, ce texte me fait vivre une aventure de dingue. Un an et demi que ça tourne, plus de 100 représentations devant des salles pleines, et je ne m’en lasse pas ! Le public vient toujours me voir après le spectacle, c’est fou. Il y a les lecteurs heureux de l’adaptation donc. Et beaucoup de gens touchés de près ou de loin par la question aussi, des receveurs d’organes, des familles de donneurs qui viennent partager leurs témoignages. Mais aussi pas mal de professionnels de santé qui me disent « c’est exactement ce que l’on vit tous les jours ».

Et puis il y a ces gens qui découvrent le don d’organes grâce au spectacle, et rentrent chez eux avec, sinon l’envie de donner, au moins de la matière pour réfléchir à cette question du don, infiniment sociétale, politique, humaine. C’est peut-être ce qui me plaît le plus finalement. Le don d’organes, c’est tout l’inverse du modèle qu’on nous propose aujourd’hui, celui du fric et de la célébrité : c’est anonyme et gratuit, et ça prolonge la vie, ça donne de l’espoir. Et ça fait du bien de penser à ça. •

Recueilli par Sébastien Le Jeune

Ce jeudi soir et vendredi 20h30, samedi 19h30, 10-24€. Tél. 05 56 95 49 00 ou www.carrecolonnes.fr

Photo : Du choix de la famille du donneur à la joie du receveur, 24 heures d’une greffe narrées par un seul homme © Aglaé Bory

 

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