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Au CAPC, l'art plus que jamais en mouvement PDF Imprimer Envoyer
Mercredi, 21 Novembre 2012 08:00

Affluence des grands soirs, jeudi dernier au CAPC, pour le vernissage des travaux déroutants de l’Allemand Michael Krebber et ceux, plus fougueux mais non moins déstabilisants, du jeune Français Jonathan Binet. Près de 1700 personnes, un très bon score pour le musée, ont déambulé tout au long de la soirée dans les espaces de la nef et des galeries pour voir les oeuvres des deux artistes qui évoluent dans le champ de la peinture conceptuelle et questionnent l’acte de peindre aujourd’hui. Krebber, à 58 ans, incarne une sorte de figure vénérée par les spécialistes et les artistes, et enseigne à la Städelschule de Francfort depuis 2002. Binet est considéré à 28 ans comme très prometteur, sorti il y a deux ans à peine de l’École nationale des Beaux-arts de Paris.

Le peintre émancipé
Dans la nef et une partie des coursives qui la surplombent, 152 oeuvres de Michael Krebber ont trouvé leur place. L’artiste, avec l’aide d’Alexis Vaillant en charge de la programmation au CAPC, y a bien réfléchi. Pas évident du tout de montrer dans cet espace des peintures non spectaculaires, de petits et moyens formats étant donné la hauteur sous plafond ! L’accrochage prend d’ailleurs certaines libertés. Les œuvres sont tantôt collées bord à bord, posées au sol contre un pilier, installées sur les murs ou les cimaises à des hauteurs différentes… Bref, c’est un peu irrévérencieux tout en étant alerte et ça fonctionne.
Des toiles peintes, des nappes en plastique, du tissu d’ameublement en laine représentant un cheval galopant au clair de lune, du texte, une corne d’abondance en osier dégueulant des épaulettes en mousse, une armada de planches de surf découpées et alignées au sol ou accrochées au mur… Il y a beaucoup de choses à regarder et toutes, si éclectiques soient elles, ont à voir avec l’acte de peindre.
Il s’agit d’une peinture engagée, théorique aussi, émancipée des questions de styles et d’originalité, qui teste de nombreux chemins plus imprévisibles les uns que les autres. Il y est question du contenu des images, ce qui les compose, la couleur, le motif, la répétition, la copie, l’emprunt, l’histoire de l’art, les cultures populaires et aussi de l’arrière-pays du spectateur qui fera ou pas quelque chose de tout ça.

Le corps en peinture
Au second étage, galerie Ferrère où Jonathan Binet montre son travail, c’est encore une autre histoire, une recherche plus formelle, semblant d’avantage répondre à un programme. Le geste est interrogé et rendu visible. Binet est un travailleur plein d’énergie. Les murs où il a accroché ses travaux s’en souviennent. Sur l’un d’eux, on y voit un trou causé par la manipulation d’une nacelle, sur un autre des traces de doigts ou de pieds. Tout fait partie de la démarche.
Les oeuvres jouent avec les lignes de forces et les contraintes de l’espace, de telle sorte que le regard du spectateur circule du sol au plafond. Cette ligne noire qui descend sur le mur est à l’exacte perpendiculaire du mur d’en face. Cette œuvre composée de deux lignes qui forment un X dont le centre est blanc focalise le regard. Ces toiles tendues sur châssis qui montrent une excroissance depuis laquelle s’est échappée une coulure noire – une bombe aérosol qui sous la pression de la toile a laissé couler la peinture.  Et puis cette ligne composée de points noirs faits à la bombe au sommet d’un mur blanc. Près du sol et à la verticale de chaque point, il y a la trace de chacun des appuis qui ont été nécessaires à l’artiste pour s’élancer. Et entre les deux, l’empreinte des mains. • 
Camille Carrau

Michael Krebber, «Les escargots ridiculisés», et Jonathan Binet, «La petite moitié», jusqu’au 10 février 2013. www.capc-bordeaux.fr

 

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