Télécharger Bordeaux7

L'édition PDF est mise en ligne tous les matins à partir de 7 heures. Cliquez sur l'image pour télécharger l'édition du jour.

Newsletter

Retrouvez-nous sur :

Facebook
Twitter
Flux RSS

Novart/Opéra: "Slutchaï", zinzins au pays des Soviets PDF Imprimer Envoyer
Lundi, 26 Novembre 2012 08:00

De tout temps, la création d’un opéra a été un moment à part. Et celle de «Slutchaï», qui réunit dès ce soir au Grand-Théâtre le compositeur Oscar Strasnoy et la Cie Le Grain de Christine Dormoy autour du génial poète russe de l’absurde Daniil Harms, ne fera pas exception.

C’est le Franco-Argentin Strasnoy lui-même, toujours très attentif aux textes choisis, qui a suggéré à Christine Dormoy de se plonger dans Daniil Harms (1905-1942), écrivain et poète russe à l’oeuvre aussi décousue que foisonnante. Piochant dans ses «Incidents» ou «faits divers», «Slutchaï» donc, Dormoy en a tiré un livret reflétant bien l’esprit du fondateur de l’Association pour l’Art réel (“Oberiou”) dans les années 1920 en Russie, poussé à l’exil puis à l’internement en raison de l’incompatibilité de son art avec le stalinisme. «Il a fallu deux ans de travail pour ce livret, tant il était difficile d’imaginer faire un opéra sur la base de ces petites histoires», souligne la fondatrice de la Cie Le Grain/Théâtre de la Voix. Des histoires surréalistes de vie communautaire, de rationnement, de milices et d’écrasement de l’individu, entre Gogol, Buster Keaton et les Monty Python.

Strasnoy a su donner du rythme, une matière contrastée et un élan qui siéent à merveille à l’univers perturbé de Harms, intéragissant avec les solistes de l’ONBA dans la fosse, un DJ maniant 78-tours et bandes magnétiques, neuf chanteurs et trois solistes sur scène et le Choeur de l’Opéra pour de grands mouvements d’ensemble évoquant les sombres heures de la propagande soviétique outrancière. Mais c’est certainement ce mariage avec la mise en scène ambitieuse de Dormoy et la scénographie signée Philippe Marioge et son recours mesuré et intelligent à la vidéo qui donne à l’ensemble tout son souffle lyrique. Du transdisciplinaire pur, où chacune des saynètes du quotidien se détache avec une force toute kafkaïenne. Du coup, on rit, beaucoup – jaune, souvent. Joli tour de force de Dormoy d’avoir su «rester sur ce fil» de la mécanique clownesque de Harms. • 
Sébastien Le Jeune

En russe surtitré. Dès ce soir et jusqu’à jeudi, 20h, 8-55€ (12€ étudiants jeudi avec le Crous).
Plus d'infos et réservations au 05 56 00 85 95 ou sur www.opera-bordeaux.fr

 

La Une du jour

Newsletter

Copyright © 2024 CNEWS Matin Bordeaux7. Tous droits réservés.