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Oxmo Puccino: le retour du roi PDF Imprimer Envoyer
Mercredi, 05 Décembre 2012 08:00

«Roi sans carrosse», peut-être – ainsi va le titre de son puissant 6e album –, mais c’est un vrai roi du rap hexagonal, l’inclassable poète Oxmo Puccino, qui trônera ce mercredi soir sur la scène du Rocher de Palmer à Cenon. Entretien.


«Appartenir au passé d’un succès lointain», «le temps guette, les nouveaux arrivent» – je cite votre 2e single, « Artiste ». Êtes-vous travaillé par la peur d’être “has been”? Et que pensez-vous des nouvelles générations du rap?

Non, je parle de la condition d’artiste en général, pas à la première personne. C’est un chemin de vie difficile, mais la question ne se pose plus de la même manière quand son 6e album est bien accueilli. En ce qui concerne la jeune génération, ce que j’entends me réjouit. Parce que, toute ma carrière, après avoir tellement entendu que le rap est mort, depuis un certain temps, il y a cette nouvelle vague qui déferle, plus moucheuse, plus épaisse, plus musicale – les plus fascinants sont en train d’arriver. C’est quelque chose de fantastique parce que non seulement rapper est devenu normal, mais le rap est bien vivant. 



Dans «Parfois», vous évoquez la jeunesse avec cette phrase, «on se plaint de ces jeunes qui n’ont pas de modèles». Vous pensez être un modèle?

Je me vois en tout cas comme quelqu’un qui peut donner des conseils, à ceux que ça intéresse – il y en a beaucoup qui s’en moquent, d’autres qui n’ont pas envie d’entendre. Avec 20 ans de métier, après avoir été guidé moi-même – par mes parents et par tous ceux qui ont contribué à ma carrière, que je remercie à chaque fois sur mes disques –, je pense avoir des choses à transmettre à mon tour. C’est ça qui différencie l’homme de l’animal, la transmission, et c’est ça qui nous fait avancer. Alors, pour répondre à votre question, un modèle, non, mais une direction peut-être…



La couleur très particulière de l’album est en partie due à votre collaboration avec le violoncelliste Vincent Segal…

Ce qui me guide, c’est l’idée de faire la meilleure musique, le meilleur texte. Mais un artiste seul ne peut pas tout faire : on doit confier ses titres à quelqu’un et s’attendre à être surpris. Avec Vincent, je suis arrivé avec mes maquettes et il a su les sublimer, me transporter ailleurs, au-delà de ce que j’avais imaginé. J’ai applaudi à chaque fois, tant ses idées me sont apparues évidentes, c’était magique. 



On vous qualifie un peu partout de «Black Jacques Brel», une expression que vous jugez un peu galvaudée. Pourtant, «Un Roi sans carrosse» s’achève sur un instru bossa où vous chantez et ne rappez quasi plus. Vous avez pensé à arrêter le rap pour vous mettre à la chanson?

C’est une très bonne question – non, je n’y ai jamais vraiment pensé. Depuis toujours la chanson a été incluse dans le rap. Dans les refrains notamment, où on faisait appel à des chanteurs extérieurs au groupe. Mais pour le rappeur lui-même, c’était souvent vu comme sacrilège de chanter, alors beaucoup ont mis du temps à s’y mettre – pour ceux qui pouvaient chanter. Moi, j’en ai eu marre de cette barrière, et j’ai commencé à prendre des cours de chant il y a huit ans.
 Ça et la pratique de la guitare m’ont offert une certaine liberté, et maintenant je fais ce que je veux. Comme ce titre final avec mon chant sur l’air de «Zé do caroço» de Seu Jorge, que Vincent a “urbanisé”. Lui me disait que, si hommage il y a, il est plutôt du côté de Léo Ferré. 



Sur cet album, la "chanteuse extérieure", c’est Mai Lan. Comment l’avez-vous rencontrée ?

Je la connais depuis toujours – ou presque. Comme je le disais, moi, quand je fais appel à un chanteur, c’est pour ce qu’il apporte à la musique et pas par intérêt. Là, j’avais besoin d’une femme pour m’accompagner sur «La Danse couchée», et j’ai pensé à elle comme une évidence. C’est une artiste multiforme qui excelle dans tout ce qu’elle fait, et rappe aussi bien qu’elle chante. Je ne la connaissais que dans un contexte familial, et là, on se découvre professionnellement, c’est drôle. C’est un bonheur d’être avec elle sur scène sur quelques dates, dont Bordeaux ce soir. •


Recueilli par Sébastien Le Jeune


À 20h30, au Rocher de Palmer (Cenon), 18-22€. En 1re partie : Mai Lan.
Tél. 05 56 74 80 00 ou lerocherdepalmer.fr

Photo : Roi... des mots, Oxmo Puccino signe une nouvelle fois un album de rap intelligent sans être intello. © DR

 

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