Cette fin de semaine va être marquée par un tourbillon de concerts originaux. Leur point commun : ils reflètent chacun à leur manière le bouillonnement de la scène bordelaise. Au menu, sorties d’albums, spectacles rares et initiatives hors-normes.


Premier à s’élancer, par ordre chronologique, l’ami Bordelune, qui se présente sous un jour nouveau avec son dernier album et, surtout, spectacle, «Exil poétique». Encore très rarement donné, il respire le sens théâtral d’un homme qui a bien roulé sa bosse sur les planches. Et ceux qui l’ont connu en crooner coquin et swinguant en trio verront que la mélancolie, jusque là nichée dans les recoins, a pris un tour plus noir. «En lisant “Eldorado” de Laurent Gaudé, en voyant “Les Naufragés” d’Ariane Mnouchkine, j’ai réalisé combien tous ces naufrages réduits à des nombres de morts nous rendaient insensibles. J’ai voulu aborder les sujets du rejet, du racisme, de l’exil de manière humaine, poétique, en racontant des histoires, fruits de mes rencontres et de mon imaginaire.» Un spectacle entier, scénographié, avec des peintures et vidéos de Sylvie Jean et des textes dits par la voix d’écorché de Denis Lavant. 

Ce jeudi soir, à 20h30, à l’Antirouille (Talence), 8€



Les apparitions de Sol Hess et ses Sympatik’s sont elles aussi plutôt rares, mais leurs lives ont dès le départ été remarqués par leur intensité. Deux ans après leurs débuts, ils viennent enfin de sortir leur premier album, «Hanadasan» (en vente chez Total Heaven) avec une belle pochette signée de la main de la dessinatrice Laureline Mattiussi. «On l’a enregistré en semi-live pour garder cette énergie, ce fil tendu qui tient tout le répertoire», insiste Sol. Pari réussi. Au final, neuf titres en anglais de «pop au climat épais» qui emprunte au post-punk son côté sombre, au post-rock la déstructuration, les climats et la progression dans une narration, le lyrisme de Sol en plus. Un vrai univers. Autre grand moment de scène ce soir, le dandy Scarzello et dame Lys, avec leur Slowmotion Orchestra. Sans oublier la contrebasse solo de Bruno Laurent, free mais mélodique. Vivante.

Ce jeudi soir, à 21h, au Saint-Ex, 5€


Autres enfants du pays plutôt rares, les Metisolea. Rares parce que très demandés ailleurs : quatre ans qu’ils font tourner leur précédent, «La chute et l’envol», et leur son plein d’énergie et de soleil cartonne jusqu’en République Tchèque. Pourtant ils ont trouvé le temps de lui donner une suite, «Rumbo a donde sea», toujours dans cette veine “rock flamencito urban beats” comme ils appellent ça – «de l’acoustique, une inspiration flamenco (sans en être), du scratch, de l’electro et de la guitare rock», détaille Marc, le guitariste. Un 3e opus qui ne sortira qu’en mars 2013, mais qui sera offert en cadeau au public du Krakatoa ! Avec à leurs côtés les Espagnols Ojos de Brujo, les bouillonnants Soul Revolution et la chanson d’inspiration maloya Jérémie Malodj’, une belle fête en perspective. •
Demain, à 20h, au Krakatoa, 10€ (album offert).


Sébastien Le Jeune


À suivre dans notre édition demain, Odezenne à l'assaut du Rocher!

Photo : Les Métisoléa fêtent demain leur 3e album qui sortira... dans 3 mois !  © DR