La nouvelle était restée coincée de l’autre côté des cols pyrénéens, c’est désormais officiel: le Primavera Festival, l’un des plus grands de la péninsule ibérique, débarquera à Bordeaux fin 2013! Une belle réussite à mettre au crédit de l’équipe de la Rock School Barbey.?

Au départ, deux simples lignes sur le communiqué de presse de bilan de la 7e édition du Primavera Club, déclinaison hivernale de l’énorme événement qui a lieu simultanément à Barcelone et Madrid à la fin du printemps (en 2013, du 22 au 26 mai avec Blur en tête d’affiche). «Le Primavera Club fera ses valises l’an prochain pour se déplacer au Portugal et en France. Le festival démarrera une nouvelle édition à Bordeaux et continuera celle de Guimarães [au nord du Portugal, à 50 km de Porto, ndlr] après le succès retentissant de la première édition dans cette ville.» Et de finir en précisant que les dates dans ces pays seraient annoncées « bientôt ». Maigre.


On en sait plus désormais sur ce qui s’annonce comme un moment marquant de l’année rock à Bordeaux. Derrière cette annonce, en effet, on retrouve l’équipe de la Rock School Barbey et, en tête de ligne, son programmateur, Manu Rancèze – presque surpris que la chose soit déjà officielle. «C’est un rêve qui se réalise. Cela fait déjà plusieurs années (ma première participation au Primavera, il y a 4-5 ans) que je me dis : “ce festival est extra, il nous faut quelque chose comme ça à Bordeaux”. Mais c’est une grosse machine, et leur équipe ne se laisse pas approcher si facilement que ça. Cela fait bientôt deux ans maintenant qu’on est en contact, et peu à peu la confiance s’est installée. Je suis content que ça se concrétise, et j’espère que ça va repositionner Bordeaux et lui donner plus de visibilité sur la scène européenne des musiques actuelles.» 


Pour se faire une idée, la dernière édition du Club, au début de ce mois de décembre, a fait tourner dans une ou plusieurs des trois villes des pointures de la scène indé : Mark Lanegan (ex-Screaming Trees), les Swans reformés, Deerhoof, The Monochrome Set, Ariel Pink, Sir Richard Bishop, Tinariwen, Sharon Van Etten, Great Lake Swimmers, Cats On Fire, mais aussi The Field ou encore DJ Rashad.



Toute l’agglo dans la danse

Mais si la Rock School va être l’interlocuteur unique de l’équipe espagnole pour coordonner la manifestation, celle-ci ne se fera pas uniquement dans la salle du cours Barbey. À l’instar de ses grandes sœurs ibériques, toute la ville et l’agglo devraient être impliquées. Déjà les deux autres grandes salles de musiques actuelles, le Krakatoa de Mérignac et le Rocher de Palmer à Cenon, seraient d’accord sur le principe d’être parties prenantes dans l’aventure, et d’autres lieux tels l’I.Boat et des bars-concerts pourraient être associés.


À un an de l’échéance, tout ou presque reste à faire. En premier lieu, les dates exactes de ce “décrochage” du Primavera Club ne sont pas encore calées. «Théoriquement, la manifestation doit avoir lieu fin novembre-début décembre. Reste à trouver le meilleur moment, pour ne pas être éclipsé par le rayonnement des Transmusicales de Rennes, par exemple.» De même, difficile de parler déjà programmation, encore moins sur la place qui sera allouée à la scène locale. «Il y a encore énormément de choses à fixer mais ce n’est pas exclu, parce que l’équipe espagnole n’arrive pas avec son plateau tout fait : on n’a pas acheté une franchise, ce sera de la programmation conjointe. Et on peut aussi imaginer de donner plus de visibilité à de bons groupes de la scène espagnole.» Une affaire excitante, à suivre, donc… • 


Sébastien Le Jeune

Le communiqué sur 
www.primaveraclub.com

Bordeaux rock en rêvait...
Évidemment, ce genre d’annonce côté Barbey ne pouvait laisser insensible l’équipe de Bordeaux Rock, qui milite depuis des lustres pour un festival musical digne de ce nom à Bordeaux. Une chose est sûre : «on veut en être !», lance Aymeric Monségur, le boss de l’asso, qui espère que la scène locale ne sera pas reléguée à la portion congrue de la programmation.
En attendant, Bordeaux Rock se remet petit à petit, à coups d’événements (Kap Bambino au CAPC) et de petits concerts de soutien, du trou financier occasionné par sa soirée au Palais des Sports qui n’avait pas trouvé son public en septembre dernier. Et se retrouve suffisamment sur les rails pour pouvoir à nouveau proposer l’édition hiver de son festival.
On en connaît déjà les dates, du 23 au 26 janvier, et les principales têtes d’affiche qui seront portées par l’I.Boat cette année : le duo franco-allemand 20 ans d’âge Stereo Total et son electropop acidulée ; Trust, autre duo synthpop (avec Maya “Austra” Postepski), auteur d’un «TRST» très remarqué ; Aline, le quatuor frenchie repéré par «Les Inrocks» dont la pop fraîche oscille entre noise et twee ; et en guise de final, Andy Butler, Monsieur Hercules and Love Affair en DJ set.
Le reste de la prog’, plus locale, ira à l’Heretic, au Saint-Ex, au BT Saint-Michel, au Wunderbar et au Chicho, et devrait être annoncée très bientôt sur le site de Bordeaux Rock. 

Photos : Cette année, le Club du Primavera a permis à Madrid, Barcelone et Guimarães au Portugal, de voir notamment le très rare Mark Lanegan et les explosifs Canadiens de Deerhoof. © Mariano Regidor / Dani Canto
En tête d'affiche du Bordeaux Rock Festival, les Stereo Total, toujours de grands ados espiègles. © Christoph Voy