Ceux qui trouvent que l’Institut culturel Bernard Magrez, né en 2011 seulement, s’est déjà forgé une belle place dans le paysage de la diffusion des arts, n’ont encore rien vu. Le centre de mécénat culturel voulu, créé et financé par le magnat du vin n’a pas fini de surprendre. À quelques jours de la fermeture de sa quatrième exposition, «La Belle et la Bête», tour d’horizon  des nombreux projets pour 2013.

Développer la médiation
En quelques mois et au fil de ses premières grandes expositions, l’Institut a déjà impressionné par la richesse, la variété et, parfois, la renommée des oeuvres et des artistes présentés à Bordeaux dans une structure aussi récente. Parallèlement, la volonté affichée de soutenir la jeune création s’est effectivement concrétisée par le passage de plusieurs artistes dans les résidences et ateliers adossées au château Labottière. Ces premières étapes franchies, l’Institut mettre au centre de son projet 2013 le développement et l’intensification de ses actions de médiation et de diffusion du savoir créatif. On sait que ce sujet est au coeur de l’engagement de Bernard Magrez dans le mécénat culturel. Cela se traduira donc par la proposition de nouveaux rendez-vous organisés en marge des expositions.
L’Institut proposait régulièrement des rencontres avec des artistes le vendredi soir. S’y ajouteront désormais des «Nuits du savoir» programmées une à deux fois par mois le mercredi. De 20h à 23h, dans l’hôtel Labottière, un théoricien viendra s’exprimer et échanger avec le public. Seront conviés des théoriciens de l’art bien sûr, mais pas seulement. Les Nuits du savoir accueilleront des chercheurs au sens large qui pourront, pourquoi pas, parler physique ou astronomie. Le principal étant de savoir transmettre et captiver. La première aura lieu mercredi 23 janvier avec l’intervention du théoricien (de l’art) François-René Martin.
Très vite, les jeudis s’animeront également de rendez-vous destinés plus spécifiquement à la jeunesse. C’est un autre axe de travail fixé dès l’origine à l’Institut par Bernard Magrez : conquérir le jeune public et transmettre le goût des arts. Cela se concrétisera dans une programmation en lien avec de jeunes artistes et des pratiques susceptibles d’intéresser particulièrement la jeunesse, comme le street art. Logiquement, ces rendez-vous du jeudi, à mi-chemin entre la conférence et le happening, seront gratuits pour les moins de 25 ans.

De nouvelles collaborations
C'est encore cet intérêt pour la jeunesse (celle du public comme des créateurs) manifesté par le propriétaire des lieux qui se traduit dans les collaborations nouées par l’Institut avec des écoles ou institutions d’excellence. Ainsi, la nouvelle promotion de l’école des Beaux-Arts de Bordeaux exposera en février dans la galerie de l’Institut. Un concours d’écriture ouvert aux élèves de l’École Normale Supérieure à Lyon est en cours : 34 manuscrits ont été déposés sur le thème de l’amitié, trois lauréats seront primés le 14 mars lors d’une cérémonie au restaurant parisien Le Grand Véfour. Cette fois encore, l’homme d’affaires ne fait pas les choses à moitié.
Enfin, même si rien n’est formalisé encore, on sait que l’Institut et l’École nationale des Beaux-Arts ont une forte envie de collaboration. Le nouveau directeur de cette dernière, Nicolas Bourriaud, était l’invité des rencontres de l’Institut la semaine dernière; François-René Martin, invité la semaine prochaine, y enseigne également; et il est déjà acquis que les deux institutions travailleront ensemble sur une grande Nuit des savoirs en septembre. En attendant plus ?

Embarquement pour Venise... avec JR !
Cette multiplication des propositions ne doit pas faire oublier le programme des expositions qui marqueront l’année à Labottière. Après «Shanghaï !» début 2012, l’Institut nous invitera à Venise, cité intemporelle des arts. Ou plutôt à rêver de Venise. «Ca n’est pas la Venise littérale qui nous intéresse ici, précise le directeur de l’Institut et commissaire de l’exposition Ashok Adiceam. Mais la Venise culturelle, l’incarnation métaphorique de la Culture. Nous voulons ouvrir une porte onirique sur cette ville, en interrogeant l’idée même de Venise et le désir que les artistes peuvent avoir d’elle.» L’Or de la Pala d’Oro (dans la Basilique Saint-Marc) ou le verre de Murano trouveront leur écrin dans les salles du château Labottière. On y croisera cette fois encore une sélection d’une trentaine d’oeuvres et d’artistes de premier plan : Canaletto, Yves Klein, Alberto Giacometti, Claude Lévêque, Takashi Murakami, Martin Parr, Jean-François Rauzier, Nicolas Milhé... ou JR.
L’artiste français de renommée internationale, connu pour ses photographies et collages monumentaux en noir et blanc qui s’affichent dans les rues et sur les bâtiments du monde entier, interviendra sur la façade de l’hôtel Labottière. Celle-ci sera couverte du collage d’une image que l’artiste et Bernard Magrez doivent choisir ensemble. De quoi marquer à nouveau les esprits et, ainsi que s’attache à le faire l’Institut depuis son ouverture, conquérir assurément les publics les plus variés possibles.• Sophie Lemaire

Les grandes dates de l’Institut en 2013
27 janvier: fermeture de l’exposition «La Belle et la Bête, regards croisés sur la beauté».
23 mars-21 juillet: Exposition «Rêves de Venise» et intervention de JR.
13 septembre: Nuit des savoirs à l’Institut, en partenariat avec l’École nationale des Beaux-Arts (Paris).
12 octobre-26 janvier : exposition monographique de Claude Lévêque (au rez-de-chaussée) et exposition des oeuvres de Niele Toroni de la Collection Yvon Lambert (à l’étage).

Ouvert du mercredi au dimanche, 14h-19h. Entrée 4-6€. 5, rue Labottière, tél. 05 56 81 72 77.
www.institut-bernard-magrez.com

Photo : Le «Vedute» de Jean-François Rauzier sera parmi la trentaine d’oeuvres présentée dans l’exposition du printemps «Rêves de Venise». © Jean-François Rauzier