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À Bègles, Buren lève les grands voiles PDF Imprimer Envoyer
Jeudi, 17 Janvier 2013 09:00

Les amateurs de cirque (vraiment) pas comme les autres vont être ravis: pour étrenner la nouvelle Esplanade des Terres-Neuves, à Bègles, BurenCirque a déployé autour son chapiteau son écrin bariolé aux rayures caractéristiques.


«Alléluia pour Bègles!» Même si c’est dit dans un sourire, Dan Demuynck, directeur artistique du BurenCirque, n’en revient toujours pas: «Vous ne réalisez pas quelle chance c’est pour nous qu’une ville consacre une telle surface pour accueillir des chapiteaux. Un vrai lieu, équipé comme il faut, c’est si rare, autant au coeur de la ville, si près des transports. Ce serait tellement plus simple si toutes y pensaient...» Joli coup de chapeau à ce projet soutenu aussi par l’Iddac, l’agglo et certaines de ses communes (Gradignan, Pessac et Villenave-d’Ornon).


Et c’est vrai qu’il a fière allure, ainsi enchâssé dans la ville, comme un ilôt de magie au milieu des travaux d’un quartier des Terres-Neuves en pleine mutation. Il faut dire que tout autour du chapiteau lui-même, Daniel Buren, l’artiste contemporain connu pour ses installations in situ (les fameuses «Colonnes» de Buren dans la cour du Palais-Royal à Paris), a élevé une foule d’autres mâts pour y suspendre des milliers de fanions rayés rouge et blanc – des bandes de 8,7 cm, la largeur “réglementaire” des zébrures qui traversent toute son oeuvre. 



Artistes sans frontières

Pas juste par souci esthétique, aussi parce que ce cirque-là s’adapte, exploite tout son environnement, pour «investir, marquer la ville». «L’ouverture du spectacle se fait en extérieur, quelques minutes pendant lesquelles le public sera sur les caillebotis autour de l’Esplanade, avec un funambule et une acrobate qui jouent sous ce auvent pendant que retentissent des cloches et des tamas, des percussions d’Afrique de l’Ouest. Un peu pour symboliser un dialogue entre le Nord et le Sud».


«Nord-Sud», tel est le titre de ce spectacle décidément pas comme les autres. Pourquoi cette thématique du pont jeté entre les continents, l’Europe et l’Afrique? «Parce que j’aime l’Afrique, tout simplement. J’y vis la moitié de l’année et, un jour, parce que ça fait plus de dix ans qu’on travaille ensemble, j’ai réussi à y emmener Daniel [Buren, ndlr] entre deux avions pour ses expos dans le monde entier. Pour moi, qu’ils soient de Paris, de Bordeaux ou de Bamako, les artistes sont des artistes. Chacun amène une touche différente mais ça reste une famille, qui n’a pas de frontière.»


Sur la piste et au-dessus, se succèdent et se mélangent des artistes sans barrière, musiciens, équilibristes, danseurs, acrobates, marionnettiste ou contorsionniste, à la peau noire ou blanche, peu importe. 
Le tout dans une scénographie léchée jouant habilement sur les ombres et la lumière, le visible et l’invisible. Des moustiquaires, tels des voiles, “gênent” la vision du spectateur avant de s’effacer peu à peu. 



Frustration, satisfaction

«C’est une idée de Daniel, qui lui est venue lors d’un séjour avec moi dans les quartiers de Bamako au Mali. L’idée, en les suspendant en travers du chapiteau, c’est de faire en sorte que chacun voie quelque chose de différent de son voisin. Ça va à l’encontre de l’unanimisme courant – comme la télé, où tout le monde voit la même chose –, et il y a un petit jeu sur la frustration, qui s’estompe à mesure qu’on lève le voile. Jusqu’à la “satisfaction”.»


Des concepts trop difficiles à comprendre? «Pas du tout! Chaque public est différent et y voit ce qu’il veut y voir. En Italie où nous étions récemment, on connaît mal l’Afrique, et c’est ce côté qui les a impressionnés. Au Grand-Palais, on avait un public très art contemporain, estomaqué que Buren puisse faire du cirque. Mais, le plus souvent, ce sont des familles qui y voient d’abord ce que c’est: un spectacle. Et beaucoup ne savent même pas qui est Buren», sourit-il... • 


Sébastien Le Jeune


Dès 6 ans. Demain et samedi, puis mardi 22 et mercredi 23, 20h30, 10-20€ (complet dimanche).

L’Esplanade, à Bègles, tram B terminus Terres-Neuves et marcher 200 m dans le prolongement des rails.
Tél. 05 56 49 95 95 ou www.mairie-begles.fr 

Photo : Une scénographie qui joue avec le regard du spectateur, en usant de moustiquaires comme autant de voiles mobiles. © Philippe Cibille

 

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