À l'Artothèque, trois regards de l’autre côté du mur |
Mercredi, 23 Janvier 2013 13:00 |
Bien installée dans ses nouveaux locaux, l’Artothèque de Pessac démarre l’année avec, dès demain, «65699», l’exposition d’un trio de photographes qui ont en commun d’avoir travaillé sur le milieu carcéral. «Au printemps dernier, au moment où nous préparions cette exposition, un journaliste à la radio annonçait le nombre record de 65 699 détenus dans les prisons françaises. Nous l’avons retenu, car il nous a semblé qu’il disait beaucoup sur les détenus, mais aussi sur les familles, les surveillants…» se souvient Anne Peltriaux, co-directrice de l’Artothèque, qui travaille depuis 2010 avec la prison de Gradignan. Des traces et des cris
Quant à Mathieu Pernot, le sujet est au cœur de ses recherches qui portent sur les formes visibles de la disparition sociale. La série «Les hurleurs» qu’il présente ici, découverte par Anne Peltriaux et Corinne Veyssière en 2004 aux Rencontres photographiques de Arles, donne à voir à l’extérieur des prisons, les amis ou les membres d’une famille qui viennent héler leurs proches de l’autre côté du mur. Des images qui dérangent
Des images sans affect « Cette commande est guidée par un désir d’images documentaires. Mon travail, depuis très longtemps, questionne ce désir de document et dit que l’objectivité n’existe pas en photographie. Il existe un style objectif, mais l’objectivité n’existe pas. Dans mes images, je cherche ce point neutre qui permet une interaction avec le spectateur. J’ai fait ce travail tout en disant que je restitue quasiment rien de cette réalité, de ce qu’est une prison et la vie dedans», explique le photographe. Les douze clichés couleur de 80x100 cm ne figurent pas les occupants des lieux. L’attention est portée aux espaces et aux objets de telle sorte qu’ils constituent leurs portraits en creux. Une manière de ne pas s’épuiser à décrire le réel, mais le laisser venir à soi, le transformer pour mieux en parler. • Camille Carrau Vernissage demain jeudi à 19h, entrée libre. Exposition jusqu’au 13 avril. «Faites le grand saut !» L’Artothèque, en tout cas, vous y encourage sur son site: car il ne faut pas oublier qu’en plus de proposer expositions, conférences, projections et autres ateliers, le lieu constitue avant tout une collection d’art contemporain de plus de 700 oeuvres des années 1970 à nos jours, disponibles au prêt pour le public et les entreprises. Pour les particuliers, l’adhésion s’élève à 50€/an pour un emprunt tous les deux mois, plus 10€ par œuvre empruntée. Photo : Sans figurer personne, Jean-Christophe Garcia tente des portraits en creux des détenus en montrant leur quotidien. © Jean-Christophe Garcia |