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À l'Artothèque, trois regards de l’autre côté du mur PDF Imprimer Envoyer
Mercredi, 23 Janvier 2013 13:00

Bien installée dans ses nouveaux locaux, l’Artothèque de Pessac démarre l’année avec, dès demain, «65699», l’exposition d’un trio de photographes qui ont en commun d’avoir travaillé sur le milieu carcéral.


«Au printemps dernier, au moment où nous préparions cette exposition, un journaliste à la radio annonçait le nombre record de 65 699 détenus dans les prisons françaises. Nous l’avons retenu, car il nous a semblé qu’il disait beaucoup sur les détenus, mais aussi sur les familles, les surveillants…» se souvient Anne Peltriaux, co-directrice de l’Artothèque, qui travaille depuis 2010 avec la prison de Gradignan. 



Des traces et des cris

Christophe Goussard et Jean-Christophe Garcia ont répondu chacun en 2008 à une commande émanant pour le premier, de la Direction interrégionale des services pénitentiaires de Rhône-Alpes/Auvergne afin de conserver la mémoire des prisons Saint-Paul, Saint-Joseph et Montluc, et, pour le second, du ministère de la Justice, relayée et pilotée en région par la Drac Aquitaine, en vue d’avoir une trace de type documentaire de ce qu’était l’état de la maison d’arrêt de Mont-de-Marsan, dans les Landes, quelques semaines avant qu’elle ne ferme en décembre 2008.


Quant à Mathieu Pernot, le sujet est au cœur de ses recherches qui portent sur les formes visibles de la disparition sociale. La série «Les hurleurs» qu’il présente ici, découverte par Anne Peltriaux et Corinne Veyssière en 2004 aux Rencontres photographiques de Arles, donne à voir à l’extérieur des prisons, les amis ou les membres d’une famille qui viennent héler leurs proches de l’autre côté du mur. 



Des images qui dérangent

Près de deux ans se sont écoulés avant que Jean-Christophe Garcia obtienne l’autorisation d’utiliser ses clichés. « Le ministère souhaitait avoir des images, mais avait une peur manifeste de leur usage. Je traduis ça de cette manière. Il me semble que c’est un problème très récurrent en France lié à la punition», précise-t-il. Et malgré un contexte différent, Christophe Goussard a rencontré les mêmes difficultés. 


Des images sans affect

Trois mois de travail ont été nécessaires à Jean-Christophe Garcia, l’essentiel ayant été consacré à la rencontre des détenus, des surveillants et du personnel administratif, pour aboutir à la restitution en trois volets d’«Une prison dans la cité», composée d’une série de 12 photographies, de l’ouvrage «Numéro d’écrou 1926» conçu avec l’écrivain Fred Léal et du film «C’est la LOI, Henri». 


« Cette commande est guidée par un désir d’images documentaires. Mon travail, depuis très longtemps, questionne ce désir de document et dit que l’objectivité n’existe pas en photographie. Il existe un style objectif, mais l’objectivité n’existe pas. Dans mes images, je cherche ce point neutre qui permet une interaction avec le spectateur. J’ai fait ce travail tout en disant que je restitue quasiment rien de cette réalité, de ce qu’est une prison et la vie dedans», explique le photographe.

Les douze clichés couleur de 80x100 cm ne figurent pas les occupants des lieux. L’attention est portée aux espaces et aux objets de telle sorte qu’ils constituent leurs portraits en creux. Une manière de ne pas s’épuiser à décrire le réel, mais le laisser venir à soi, le transformer pour mieux en parler. •

Camille Carrau


Vernissage demain jeudi à 19h, entrée libre. Exposition jusqu’au 13 avril.

«Faites le grand saut !»

L’Artothèque, en tout cas, vous y encourage sur son site: car il ne faut pas oublier qu’en plus de proposer expositions, conférences, projections et autres ateliers, le lieu constitue avant tout une collection d’art contemporain de plus de 700 oeuvres des années 1970 à nos jours, disponibles au prêt pour le public et les entreprises. Pour les particuliers, l’adhésion s’élève à 50€/an pour un emprunt tous les deux mois, plus 10€ par œuvre empruntée.

L’Artothèque, 2 bis, av. Eugène-et-Marc-Dulout, Pessac.
lesartsaumur.jimdo.com

Photo : Sans figurer personne, Jean-Christophe Garcia tente des portraits en creux des détenus en montrant leur quotidien. © Jean-Christophe Garcia

 

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