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Au TnBA, Sivadier taille un costard rock au "Misanthrope" PDF Imprimer Envoyer
Vendredi, 25 Janvier 2013 08:00

Molière et Jean-François Sivadier : c’est une énorme affiche que nous propose jusqu’à vendredi prochain le TnBA. «Le Misanthrope», l’un des plus beaux textes du répertoire, dans une mise en scène survoltée par le metteur en scène associé du TNB de Rennes. Entretien.

Le mot qui revient le plus souvent pour décrire votre «Misanthrope» est: «rock’n’roll». En effet, très vite, les chaises volent, on entend The Clash… Alors, ce «Misanthrope», pièce classique ou contemporaine?

Tous les grands textes ont une portée universelle et intemporelle. Celui-ci parle de toutes les époques et résonne encore aujourd’hui. Ces œuvres du répertoire que je reprends, je ne cherche pas à les moderniser à tout prix, j’essaie juste de faire en sorte qu’elles parlent immédiatement aux gens d’aujourd’hui. Surtout, je veux qu’on sente que les acteurs s’emparent du texte, de la langue, et que, malgré l’effet de distance lié à l’alexandrin, les gens aient un rapport concret, contemporain, à ce que les acteurs disent.



Beaucoup de commentateurs ont noté la concomitance de votre création du «Misanthrope» avec la sortie d’«Alceste à bicyclette», où Fabrice Luchini incarne un acteur devenu misanthrope mis au défi de jouer… «Le Misanthrope». Coïncidence?

Oui, je crois que c’est un pur hasard si Philippe Le Guay voulait aborder ce thème précisément aujourd’hui. Mais c’est intéressant, parce que j’entendais Lucchini dire qu’on peut tous être Alceste à 8 heures et Philinte à midi. Cela résume bien qu’ils ne sont que deux parties d’un même être humain (Molière lui-même, au départ). Molière ne dit pas autre chose : chacun d’entre nous peut être partagé entre l’envie, comme Alceste, de laisser libre cours à ses passions, et l’obligation, celle de Philinte, de retenir ses passions, de composer avec les autres pour que la société soit vivable.



Peut-on dire qu’il s’agit d’une pièce politique?

Il y a indéniablement une forme de manifeste politique, comme dans toutes ses pièces. Alceste-Molière dénonce un certain comportement social, les manèges de la cour, avec ce côté comédie qui appuie là où ça fait mal et qui le rend si difficile à attaquer. Parce qu’il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’abord d’une comédie, où Alceste, bien que révolté contre toute l’humanité et les hypocrisies de la société, est amoureux de Célimène, une coquette qui est la plus médisante de tous.



Votre «Misanthrope», tout en étant une grosse production, garde un côté bricolage, qui n’est pas sans rappeler le théâtre de tréteaux…

Oui, j’essaie de montrer l’artisanat du théâtre – qu’on peut envahir un grand plateau avec un espace modeste. Le décor peut donner l’impression de taille mais, en fait, il est fait des matériaux les plus simples possibles. L’idée est de laisser du vide, de l’espace pour magnifier la place des acteurs. À l’origine, la pièce est un huis-clos dans le salon fermé de Célimène. Là, en laissant tout ouvert, notamment dans le dialogue du début entre Alceste et Philinte, on ignore où on est. Un peu à la manière d’«En attendant Godot», ça pourrait se passer n’importe où. J’ai ainsi essayé de donner une dimension épique à la pièce, d’en faire une sorte de voyage dans le rêve d’Alceste, au moins aussi fort que celui de Dom Juan, de changer les rapports entre les hommes.•

Recueilli par Sébastien Le Jeune



Ce soir à 20h, et jusqu’au 1er février (relâche dimanche et lundi) à 19h30 ou 20h, 7-25€. Tél. 05 56 33 36 80 ou www.tnba.org

Photo : Décor minimal et costumes XVIIe disco, la patte Sivadier pour aller au coeur du texte de Molière © Brigitte Enguérand

 

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