La comédienne et dramaturge Delphine Salkin s’empare du studio de création du TnBA pour monter le féroce «Sous la ceinture» de l’auteur newyorkais Richard Dresser. Drame ou comédie ?


La question peut se poser tant le sujet est délicat, et son mode de traitement, aux franges du burlesque, laisse pointer maintes fois des rires... jaunes. Pas évident, en tout cas, de monter cette pièce aujourd’hui, après les drames survenus dans le monde réel – les suicides à France Telecom, par exemple. «Au moment où j’ai choisi ce texte, l’actualité nous a rattrapés, se souvient Delphine Salkin. Mais la pièce offre une vraie matière de réflexion, et le monde de l’entreprise, la solitude au travail, y sont traités magistralement.»

L’histoire démarre avec l’arrivée de Dobbit (Jean-Philippe Salério) sur un site industriel – on ne sait quand, on ne sait où – pour épauler Hanrahan (François Macherey) comme vérificateur. Vérifier quoi ? Que produit l’usine ? Peu importe, finalement, car ce qui prime, c’est cette tension perpétuelle entre ces deux personnages prêts à tout, chacun à sa manière, pour obtenir une promotion et s’évader de ce lieu sordide. Commencent alors des échanges cyniques et tordus à souhait avec leur supérieur, Merkin (Olivier Cruveiller)... Et peu à peu, de brimades en coups bas, la pression monte...


Jamais monté en France (il avait été donné en Avignon en 1998 par Thomas Ostermeier... mais en allemand), ce huis-clos oppressant à l’écriture précise et rythmée frappe juste. Grâce à son ironie permanente et sa mécanique de l’absurde : «C’est un peu “Les personnages de Beckett ont trouvé du travail” ou “Les Marx Brothers chez Kafka”, sourit Delphine Salkin. Une parabole à la “Brazil” pour dénoncer comment le monde de l’entreprise peut conditionner les gens à accepter les pires bassesses...» À voir et à méditer... • SLJ


Au TnBA jusqu’au 9 février, 20h, 7-25€ Tél. 05 56 33 36 80 ou www.tnba.org

Photo : Costumes années 1950, décor digne d’une prison : mais où se sont donc embarqués François Macherey et Jean-Philippe Salério ? «Sous la ceinture» ou l’univers de l’entreprise à la sauce «Brazil». © Frédéric Desmesure