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Scènes: Les femmes en imposent dans les créations du cru PDF Imprimer Envoyer
Mardi, 05 Février 2013 08:00

«Molly Bloom», «Dorothy». Une femme mûre et une jeune fille, toutes deux au coeur de créations qui démarrent ce mardi soir. La première, au TnBA, avec la comédienne Céline Sallette sur un texte de James Joyce, la seconde au Glob Théâtre, avec Émilie Sudre qui nous fera retomber en enfance.


«Il pouvait sentir tout mes seins mon odeur oui et son coeur battait comme un fou et oui j’ai dit oui je veux Oui.» Au terme de huit phrases, chacune de 5 000 mots, sans ponctuation autre que des “oui”, ainsi s’achève le monologue final de Pénélope “Molly” Bloom, épilogue du fameux «Ulysse» de James Joyce – qu’il sous-titrait lui-même «La Chair qui dit oui». Une forme terriblement novatrice pour l’époque (1922) et un sujet brûlant, la féminité au plus près, dans ce qu’elle a de plus charnel – traîtée sans fard par un homme, qui plus est... Autant de raisons qui vont valoir à l’oeuvre de l’auteur irlandais d’être bannie pendant dix ans aux États-Unis.


Et un texte difficile à incarner, auquel s’est attaqué Céline Sallette, sous la houlette de son metteur en scène de compagnon Laurent Laffargue, fondateur de la Cie du Soleil Bleu installée à Bordeaux. Et avec brio, de l’avis de ceux qui ont pu voir son avant-première à La Coursive de La Rochelle, au début de l’année. C’est que la dite a du métier, ayant donné à ses débuts du Shakespeare, du Bergman, du Keene sur les planches avec Laffargue, puis au grand écran qu’elle envahit un peu plus chaque année – nomination aux Césars 2011 pour «L’Apollonide» de Bonello, puis vue dans le «De rouille et d’os» d’Audiard ou «Le Capital» de Costa-Gavras.


«Nous vivons dans une société qui a encore peur du désir féminin, soutenait Laurent Laffargue peu avant la première rochelaise. L’endroit du désir féminin est quelque chose qui m’interroge, m’interpelle. Et “Molly Bloom” touche le cœur du sujet.» Ce texte, qu’il rêvait d’adapter depuis longtemps, il l’a ramené à un peu plus d’une heure (au lieu de près de trois !), y a fait souffler un peu d’air musical et il a installé Céline/Molly dans l’espace d’une grande boîte tournant sur elle-même, comme pour figurer l’univers d’émotions tournoyantes de la femme. Et Céline Sallette de reprendre : «Ça ne parle que d’amour, de désir, d’une recherche d’absolu noyée dans la vie matérielle.» D’une manière crue, certes, mais juste: «J’ai même rougi à certains passages en pensant à le dire en scène. Et puis tout ça s’est résolu avec l’intime conviction de l’importance de dire ce texte aujourd’hui. Ce texte parle de nous tous, parce nous sommes tous en quête d’absolu.»


De l’autre côté de l’arc-en-ciel

Plus léger mais au moins aussi attendu – peut-être parce que sa création a lieu entièrement à Bordeaux, le «Dorothy» d’Anthony Égéa, dont la première a lieu ce soir au Glob Théâtre dans le cadre de Pouce!, le festival de danse jeune public initié par le Cuvier d’Artigues. Oui, vous avez bien lu: le chorégraphe hip hop qui a signé «Clash» ou «Rage», des pièces tout public mais sûrement trop intenses pour les plus jeunes, se lance dans une évocation du «Magicien d’Oz», cette fois visible dès 7 ans. «Ça faisait longtemps que j’en avais envie, explique-t-il, et, dès que j’en ai eu l’occasion, je l’ai saisie en pensant tout de suite à cette comédie musicale qui m’avait tant plus dans ma jeunesse.»


De l’autre côté du rideau, on retrouve Émilie Sudre, son égérie des «Soli 2» notamment, qui tourne encore à l’international depuis 2005. Elle incarne Dorothy, le personnage immortalisé à l’écran par Judy Garland, au coeur de sa chambre de jeune fille matérialisée par son lit. Au fil des tableaux, elle poussera un peu la chansonnette («Somewhere Over The Rainbow», évidemment) et, surtout, incarnera ses trois compagnons dans l’histoire originelle, l’homme en fer blanc, l’épouvantail et le lion. Autant de prétextes à des variations dansées autour d’une large palette d’émotions, de la danse robotique à la sauvagerie animale en passant par la loufoquerie. 
«J’ai travaillé comme d’habitude, en me laissant guider par la trame, en faisant juste attention à respecter la sensibilité des plus jeunes. Enfin, j’ai fait confiance au grand enfant qui est en moi.»

Un trio qui lui permet de donner corps aux «danses plurielles» qu’il affectionne, imprégnant la gestuelle hip hop d’esthétiques plus jazz ou contemporaine. De la trame, il ne retient qu’un fil tenu, «pour se recentrer autour d’elle, et son voyage dans un rêve éveillé». Alors pour mieux planter le décor, «donner des repères», il a choisi de recourir à une bande-son évocatrice et, pour la première fois, à la vidéo. Du spectacle total «plein d’émotions», promet-il, où même les adultes devraient se laisser, comme lui, «embarquer comme un gosse.» •

Sébastien Le Jeune

«Molly Bloom», jusqu’à samedi au TnBA, 20h, 7-25€.
«Dorothy», les 5, 6, 8, 9 et 12 au Glob Théatre, 20h, 6-16€

Photo : Deux femmes, et deux scènes sens dessus-dessous. En haut, Céline Sallette est «Molly Bloom» dans l’inoubliable épilogue de l’«Ulysse» de James Joyce, disant son désir tournoyant comme le plateau. En bas, Émilie Sudre après la féroce évocation du lion du «Magicien d’Oz» mis à la sauce Anthony Égéa. © Brigitte Enguérand / Florent Larronde

 

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