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Au Krakatoa, les «Crane» ont poussé sans pépin PDF Imprimer Envoyer
Mercredi, 06 Février 2013 08:00

Prenez un petit groupe plein de talent comme les Crane Angels, saupoudrez-le de poudre de perlimpinpin, et hop ! Le voilà repéré partout, à courir le vaste monde. Enfin, dans la réalité, un petit coup de pouce comme celui de la Pépinière du Krakatoa peut aider.


Quand on les croise en résidence au Krakatoa, à Mérignac, on se dit qu’ils n’ont pas tellement changé, nos petits Crane Angels. Toujours la même nonchalance, le même air goguenard pour vous parler de leur passion, la musique. À la sortie d’une séance de composition, ça fuse dans tous les sens dès qu’il s’agit de parler des nouveaux morceaux sur lesquels ils travaillent. 


«Ce qui arrive souvent, c’est qu’on part d’une base très simple, et on en fait quelque chose d’uniquement jouable par nous, lance en souriant Sylvain, qui a aussi son propre groupe, Nunna Daul Isunyi. On appelle ça “crâniser un morceau”.» Dorian, alias Père Dodudaboum, reprend, rigolard: «Oui, vaut mieux pas se ramener avec une idée de morceau tout ficelé, une seule personne suffit à tout changer. Et comme on est neuf… Par contre, si tu viens avec du matériel de merde, tu as des chances de repartir quand même avec un beau Crane Angels.» 


On reconnaît là le côté décontracté sinon potache qu’ils partagent avec l’essentiel des membres de la galaxie Iceberg, le collectif bordelais dont ils sont l’une des plus éminentes vitrines avec, entre autres, Botibol, Petit Fantôme ou JC Satàn. Mais leur passion, ils la vivent aussi avec sérieux et elle les a menés loin, très loin déjà, depuis leurs débuts à brailler «une sorte de gospel exutoire» dans les caves moites de feu l’Inca, en 2006. Certes, le line-up a changé, «fini la géométrie variable» (montée jusqu’à 13 membres), maintenant ils sont neuf, plus leur ingé son. Et leur musique s’est affirmée, a mûri, pour aboutir à des sorties de disques de pop chorale inclassable qui ont, à chaque fois, élargi leur public et étoffé un press book déjà béton: dernièrement, «Rock’n’folk», «Les Inrocks», «Magic», «Libé», «Le Monde» ont donné dans le dithyrambe, notamment pour leur dernier EP, «Duhort Bachen».

«Les Sébastien Loeb de la musique»

«Ça a pris une ampleur pas possible!» s’exclame Sylvain. Oui, une bonne fée aura plané au-dessus de l’année 2012. Encouragés par leur «papa» Fred Vocanson, fondateur d’Animal Factory Records, et Guillaume Mangier de la Pépinière (lire plus bas), ils s’étaient lancés dans la hasardeuse quête de prix – pas uniquement pour la reconnaissance, surtout «pour trouver les finances pour tourner», précise Fred. Bilan: Prix Chorus, Prix Adami, Prix 78-Tours et lauréats du Fair, qui leur donne une belle visibilité pro et un paquet de dates sur le «Fair: le Tour 2013» – dont leur dernière, à Mérignac le 18 avril prochain. «C’est simple, ils les ont tous gagnés! reprend Fred. Les Crane, c’est un peu les Sébastien Loeb de la musique.» 


En parallèle, toute cette aura leur a valu des invitations au Printemps de Bourges, à Solidays, à Rock-en-Seine… Et, cerise sur le gâteau, une carte blanche à tout le collectif Iceberg aux Transmusicales de Rennes, en décembre, sur l’invitation d’un Jean-Louis Brossard, son directeur historique, qui a fondu en voyant les Crane sur scène. Là-bas, ils ont carrément monté un ovni, le spectacle musical «Licornia», qui a fait sensation.



Faire la différence

Derrière le talent et les petits coups de pouce du destin, il y a la partie immergée de l’iceberg. Fred Animal Factory, qui les dorlote autant que faire se peut, et le Krakatoa, une salle dans laquelle ils reconnaissent une sorte de «chez nous». «Un bon concert, de bons morceaux, on peut croire que c’est inné mais ça se travaille, rappelle Sylvain. Les résidences au Kraka, ou celle où on va travailler les lumières et la scéno au Paloma de Nîmes grâce au Fair, c’est un confort incroyable quand on a répété à dix ou plus dans des caves de 2 m2. Il faut cet environnement pour bosser un vrai show et faire la différence, et c’est pour ça qu’on a besoin d’une pépinière comme celle du Krakatoa.» 


C’est aussi par l’entremise de la Pépinière que des artistes et labels peuvent plus facilement toucher les collectivités pour obtenir leur soutien. Ainsi, l’aventure des Transmusicales: l’invitation d’un Brossard, c’est gratuit, mais pour l’honorer… «Sans l’appui financier de la Région et de la Ville de Mérignac, on n’aurait pas pu y aller», résume Fred Vocanson, qui regarde avec confiance l’année 2013 de ses petits protégés. Des concerts partout en France, à l’étranger encore, la préparation du prochain album pour une sortie probable début 2014 et, peut-être, une recréation de «Licornia»… au Krakatoa si possible, bien sûr. •

Sébastien Le Jeune

Plus d’infos sur craneangels.bandcamp.com, icebergcollectif.com, www.animalfactory.fr et, pour la Pépinière, www.krakatoa.org
En concert le 18 avril au Krakatoa, avec Jil Is Lucky et Gatha, à 20h30, 15€.


Mangier, l’homme de l’ombre
Le Monsieur Pépinière, c’est Guillaume Mangier. Pour lui, un groupe comme des Crane Angels déjà virtuellement prêts à voler de leurs propres ailes, c’est un épiphénomène, un aboutissement. Mais des groupes, il en voit tous les jours. Tous à différents stades de leur évolution. «Il n’y a pas de recette clé en main, souligne-t-il. Tu as juste des outils à ta disposition et tu vas concevoir avec chaque groupe comment les utiliser.» Dans sa boîte à outils, l’aide à la répétition scène, le montage de dossiers pour des résidences de création salariées grâce au CNV, l’Oara ou l’Iddac, un regard juridique sur d’éventuels contrats, l’aide à l’enregistrement avec Rock & Chanson à Talence, des coups de main sur la com’, des programmations en première partie de groupes confirmés…

Mais, en premier lieu, du conseil et de la “stratégie”. «Des petits groupes qui se montent n’ont pas toujours une idée très précise de leur projet, or c’est la base. Au début, on les aide surtout à trouver des lieux de répèt’, à savoir vers qui se tourner pour structurer leur environnement pro.» Et, petit à petit, certains arrivent à maturité pour intégrer la Pépinière proprement dite.

Cette année, Guillaume Mangier en suit une quinzaine, là encore à différents degrés. Des déjà hauts comme les Crane, Odezenne ou 0800, et de jeunes pousses comme les Be Quiet, 20 ans chacun maximum. « Au fil des années, le niveau des jeunes musiciens, leur culture musicale, tout ça a grimpé en flèche. Alors c’est parfois délicat de devoir tenir un discours modérateur du style “Passe ton bac d’abord” mais on est dans notre rôle de ne pas les laisser tout seuls dans le grand bain. » L’expérience parle. Car il en a vu passer, monter ou tomber, des groupes, lui qui a aussi été manager des Sleeppers.

Depuis 1993, où le Krakatoa de Didier Estèbe figurait parmi les pionniers des dispositifs d’accompagnement, la Pépinière peut se targuer d’avoir hissé vers une visibilité nationale des formations comme Les Hurlements d’Léo, Calc, Improvisator Dub ou les Shaolin Temple Defenders…

Photo : Toutes voix dehors, les Crane Angels, improbable chorale pop psyché au succès fracassant © Pierre Wetzel

 

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