Théâtre : en février, les étoiles vont briller |
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Jeudi, 07 Février 2013 10:26 |
D’entrée de jeu, parlons des monuments : le “petit jeune” Cornillac qui va chevaucher «La Contrebasse», et le patriarche Galabru qui ose enfin se frotter à Pagnol. Pas facile pour Cornillac d’endosser le costume qui paraissait comme taillé sur mesure par Patrick Süskind pour Jacques Villeret. Pas une note de musique, dans les coulisses de l’orchestre où se dévoile peu à peu une histoire d’amour-haine tendue comme une corde de do aigu entre un musicien et son instrument. Un seul en scène intense, dont les premiers retours critiques sont élogieux : Cornillac a les épaules. Bons échos également du côté de «La Femme du boulanger», où Galabru fait des merveilles dans le rôle d’Aimable, celui qui est prêt à tout pour faire revenir sa belle, y compris à faire la grève du pain. Pour la petite histoire, Michel Galabru avait décliné l’invitation de Pagnol à reprendre le rôle... intimidé à l’idée de passer derrière «le monstre Raimu», comme il l’appelait... Les trois autres grandes têtes d’affiche du mois donnent dans un registre plus boulevard – mais quels boulevards ! L’immense Berléand ne pouvait pas se lever pour moins qu’un Guitry – toujours injustement boudé par le répertoire malgré une langue et une acuité extrêmes. Mieux, il a choisi «Quadrille», certainement l’une des plus grandes réussites du maître, où il incarne l’un des quatre partenaires d’une virevoltante valse à quatre où on ne sait jamais bien qui est le séducteur et qui est le cocu. De quatre, on tombe à trois dans l’étrange ménage hautement instable imaginé par Clément Michel dans «Une semaine, pas plus». Le titre en dit déjà beaucoup : madame a dit ok pour que l’ami s’installe un peu pour dépanner mais pas trop longtemps. Or c’est justement l’objectif poursuivi par Monsieur, qui veut faire fuir sa femme pour mettre lâchement un terme à son union. Sébastien Castro, qu’on avait adoré dans «Le Comique» de Palmade, n’a pas besoin d’en faire des tonnes pour déclencher l’hilarité dans ce rôle d’ami bien collant. Enfin, dès demain soir, on aura droit à un Francis Perrin des grands jours dans «Un stylo dans la tête». Une comédie à forte teneur en vaudeville, certes, mais avec un sujet bien senti : Perrin y est en effet l’auteur de théâtre en mal d’inspiration qui se dit que, finalement, ses amis sont une vraie mine d’or. Mais ceux-là n’ont pas tellement envie de se retrouver dans sa prochaine pièce. Un énorme succès aux Nouveautés à Paris l’an dernier, servi par la plume incisive de Jean Dell («Vive Bouchon»). Les “petits” voient grand Mais n’oublions pas nos petites scènes locales, qui ont elles aussi choisi des textes savoureux. Le Trianon, par exemple, qui monte à partir de ce soir «La Biscotte», une histoire de fille comme tombée du ciel dans la vie d’un célibataire qui n’en demandait pas tant – un autre triomphe sur les boulevards parisiens qui flirte déjà avec les 800 représentations dans toute la France. D’une collante à l’autre (décidément !), on verra au Victoire un autre carton, «Ma soeur est un boulet», 1 000 levers de rideau au compteur pour une pièce où le plus boulet n’est pas celui qu’on croit. Enfin, aux Salinières, on joue les valeurs sûres avec, toujours à l’affiche, les savoureuses «Brèves de comptoir» de Jean-Marie Gourio et, venant tout juste de démarrer, «Pour avoir Adrienne», le petit bijou de Louis Verneuil, où s’étaient déjà illustrés l’immortel couple Poiret-Serrault. • Sébastien Le Jeune Photo : Clovis Cornillac marche dans les pas de Villeret dans «La Contrebasse» de Süskind © Alain Hanel Le programme des nouveautés : «Pour avoir Adrienne» |