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40 ans du CAPC : "une institution qui a encore beaucoup de choses à démontrer" PDF Imprimer Envoyer
Jeudi, 28 Février 2013 07:00

Quarante ans et toujours jeune, l’Entrepôt Lainé ! Ce jeudi soir, dès 18h, le CAPC démarre en fanfare une année de fête entre coup d’œil dans le rétro et désirs d’avenir. L’occasion d’aller à la rencontre de Charlotte Laubard, directrice de cette institution depuis 2006.

En tant qu’ancienne journaliste et critique d’art contemporain pour le magazine «Technikart», vous êtes venue voir par le passé quelques expositions au CAPC. Aujourd’hui, vous organisez le 40e anniversaire du musée. Ça vous fait quoi?

C’est toujours un peu compliqué, l’anniversaire d’une institution puisque la majeure partie de son histoire ne vous appartient pas. Le piège est de tomber dans la nostalgie. C’est une institution qui a encore beaucoup de choses à démontrer, même si elle n’a plus le budget d’il y a 20 ans. Il est néanmoins encore possible de faire des choses qui ont une résonance nationale et internationale. 



L’anniversaire va s’étaler sur toute l’année avec plusieurs expositions, des évènements, des spectacles, des conférences… 

Pour cela, nous avons eu une aide spéciale de la mairie de 150 000€. Nous avons voulu un regard rétrospectif et un regard prospectif et que les deux se croisent. Côté rétrospectif, les années pionnières du musée sont revisitées à travers «La Sentinelle», l’exposition organisée par le critique d’art Didier Arnaudet. Il y aura aussi une exposition sur le festival Sigma et une installation historique dans la nef d’Allan Kaprow, manière de renouer avec les grandes expositions qui s’y sont déroulées. 


Côté prospectif, nous allons montrer une grande installation de Markus Schinwald qui sera sublime à mon avis. Nous présenterons aussi les travaux d’artistes qui émergent sur le plan international et un cycle de conférences confié à l’historien des idées François Cusset. 



Quel bilan faites-vous de votre action depuis votre arrivée en 2006? 

Le bilan est plutôt satisfaisant. En 2006, le musée était dans une situation de crise après le départ de mon prédécesseur Maurice Fréchuret et le climat difficile qui s’était créé autour de l’exposition Présumé innocent. Aujourd’hui, le CAPC comptabilise entre 140 000 et 150 000 visiteurs contre 99 000 en 2006. Une augmentation de plus de 50%. Ce qui est notable également, c’est que les jeunes adultes reviennent voir les expositions.

À votre arrivée, vous souhaitiez relancer les acquisitions d’œuvres pour enrichir la collection. Où en êtes-vous?

Nous achetons entre deux et trois œuvres par an auxquelles s’ajoutent une à deux donations. Le processus d’achat a été relancé dans l’esprit de la constitution de cette collection qui a évoluée en fonction de la programmation du lieu. Par rapport aux autres musées d’art contemporain, notre collection ne permet pas de représenter un panorama cohérent de l’art de ces quinze dernières années. 



Vous souhaitiez aussi développer le mécénat… 

Le mécénat représente aujourd’hui 1/3 du budget de production des expositions. Il est devenu indispensable et crucial, car chaque année de septembre à décembre, nous manquons d’argent pour boucler la programmation. 
Avec la crise notre budget consacré aux expositions, aux événements et aux catalogues a baissé de 100 000€ en trois ans. Il est actuellement de 250 000€. L’argent en moins ne nous permet plus par exemple de coproduire des évènements avec les associations bordelaises. 



Comment voyez vous l’avenir du CAPC? 

Le CAPC est face à de nouveaux défis. Le paysage culturel bordelais a évolué et va encore évoluer avec l’arrivée de deux gros mastodontes que sont la Méca et la Cité des civilisations du vin. Il me semble que l’institution doit imaginer son futur à l’orée de la période 2014-2030. Dans le même temps, il y a plusieurs interrogations qui se posent comme le départ d’Arc en rêve de l’Entrepôt Lainé : le bâtiment deviendra sacrément grand pour un budget sacrément petit. Que ferons nous de ces nouveaux espaces?

Il y a aussi la politique des acqu

isitions d’œuvres qui n’a pas été assez développée ces quinze dernières années, interrogeant la définition même du musée...

Quelles sont vos relations avec la mairie?
Au beau fixe. La Ville est contente de la manière dont cette institution a su se renouveler et rajeunir son public.

Quel regard portez vous sur les deux éditions d’Evento?
Elles ont laissé des traces qui sont positives dans la ville comme le projet de la Halle des Douves qui n’aurait pas abouti, en tout cas sous cette forme là, avec près de 80 associations qui s’autogèrent. Ce qui n’a pas marché, de mon point de vue, est surtout lié à un problème de pilotage, car il est difficile de demander à un artiste de penser à la fois au projet artistique et aux questions de territoire, de public, de politique, etc. 
Les 1 et 2 mars au Muséum d’histoire naturelle, le duo d’artistes Clarac et Delœuil restituera sous la forme d’une installation performative les résultats de leur enquête sur la notion d’événement et d’événement culturel.

La ville de Bordeaux a-t-elle besoin d’un événement culturel?
En général, toute ville a un événement culturel. Je comprends l’interrogation légitime de la ville à en vouloir un et celle du public aussi. Étant donné la situation de crise dans laquelle nous sommes encore aujourd’hui, il est légitime d’y réfléchir et de se poser cette question. • 


Recueilli par Camille Carrau

photo Julie Rey



Ce jeudi soir, 18h : conférence inaugurale du philosophe Tristan Garcia. 19h : vernissage des expositions Allan Kaprow, «Yard, 1961/2013», «La Sentinelle. Conversation, dédicaces et autres partitions», Raphael Hefti, «Nature more» et Philip Newcombe, «Pollen». 20h : concert de Hello Bye Bye (electropop, Bx). Entrée libre. www.capc-bordeaux.fr



Le CAPC en chiffres
1984 : le CAPC devient officiellement un musée.
1990 : ouverture d’un café-restaurant sur les terrasses du musée
8 000 m² : surface totale des espaces d’exposition
200 (environ) : nombre des éditions depuis la création du musée
140 000 : nombre de visiteurs en 2012
1 300 œuvres autour de 190 artistes sont recensées dans sa collection
35 000€ : budget d’acquisitions en 2012
250 000€ : budget annuel des expositions, événements, catalogues
52 : nombre de salariés

Photo : En 1995, Robert Morris donnait des vapeurs à l’Entrepôt Lainé avec «Steam».  © Frédéric Delpech

 

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