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Ce week-end, c'était "En quête"... de sens PDF Imprimer Envoyer
Lundi, 04 Mars 2013 07:00

Samedi, 3h du mat’, cours Clemenceau. Un jeune homme, baskets branchées aux pieds et vodka-pomme à la tête, alpague : «Hé ! C’est par là la soirée ?» Par “la soirée”, entendre «En Quête/Enquête» : «Oui, c’est à 300 mètres à gauche, dans le Jardin public».

 


Tard dans la nuit, la manifestation organisée par Clarac et Deloeuil, faite d’interventions, expositions et débats autour d’un grand événement culturel, semble être "The place to be", l’endroit où il faut être pour la jeunesse dorée bordelaise. Quoi de plus normal: où trouver toute la nuit à Bordeaux un lieu ouvert et gratuit avec des concerts et DJ sets?

Plus tôt dans la soirée, des jeunes, déjà, avaient fait irruption pendant le débat «Des mots de minuit», le seul ouvert à l’expression libre, invectivant les organisateurs : «Vous êtes là en train de discuter entre vieux mais vous vous rendez compte qu’il y a un paquet de jeunes qui attendent dehors, qui font 3/4 d’heure de queue par -2°, et qui ont envie de participer?» Du barouf qui va valoir à l’«En Quête» une plainte pour tapage nocturne...


En fait, les quatre cinquièmes des publics de la nuit ne s’embarrassaient pas à grimper les escaliers pour voir les expos et s’impliquer dans les débats, mais filaient d’emblée dans la salle du bas changée en night-club. Pas mal de têtes connues, membres de petites groupes et collectifs, étudiants aux Beaux-Arts et autres représentants de la “hype arty”. Prière de rire fort, de danser froid et de se regarder beaucoup.



«Dépassés par le succès»

Devant les récriminations des jeunes frigorifiés, Clarac & Deloeuil se disent «surpris», «dépassés par le succès». Ce qu’ils avaient omis de préciser avant, c’est que, pour des raisons de sécurité, la jauge totale du Muséum d’histoire naturelle était réduite à 400 places. Avec 300 quasi en permanence aux concerts du rez-de-chaussée, ne restaient arithmétiquement que 100 places pour les aspirants à la réflexion.


Dommage, la scénographie très élégante signée Clément Miglierina magnifiait le lieu et mettait bien en valeur le travail de rencontres, d’«Enquête» mené par les deux metteurs en scène, en particulier leur «Abécédaire», abordant sans langue de bois les problématiques qui se posent à Bordeaux*. L’après-midi, certaines interventions ont quelque peu dépassé les 100 personnes autour de Nantais ou Lillois en mode «un grand événement, c’est facile, faites-le!» À condition, précisait Jean-Louis Bonnin, l’ancien directeur des affaires culturelles de Nantes, de «s’appuyer sur une politique culturelle», en créant les «conditions d’émergence d’artistes locaux» et une «réflexion à l’échelle de la métropole»...



Les acteurs culturels absents

Quatre débats, quatre fois cent personnes et, dès minuit, un premier bilan dressé par Clarac & Deloeuil eux-mêmes: les acteurs culturels n’ont pour la plupart pas daigné faire le déplacement. Et d’avancer une «peur de la récupération politique à un an des municipales». D’autres pointeront que des concertations, «il y en déjà eu des tas, jamais suivies d’effet». 


Finalement, cette agora, ce temps fort participatif (à 1h du mat’, pas plus de 40 personnes réunies) que se voulaient ces «Mots de minuit» tourne vite au déballage de doléances des quelques opérateurs présents qui trustent le débat: «Il nous faut plus de moyens». L’un d’eux ose une analyse qui a le mérite de la franchise: «Finalement, les acteurs culturels qui ne sont pas venus sont peut-être ceux qui ont compris qu’il ne fallait pas attendre des subventions pour avancer.» Pour leur répondre, pas d’élu ni de membre de la Direction des affaires culturelles, mais une directrice de l’Aménagement Michèle Laruë-Charlus pour le coup bien esseulée. D’événement, il ne sera au final virtuellement pas question, le tandem Clarac & Deloeuil aillant choisi de laisser les échanges tourner en roue libre, sans modération ni direction...


En sortant, on passe rapidement en revue le mur d’expression libre «À vos marqueurs» : gribouillis, jeux de mots vus mille fois, insultes, ça ne vole pas très haut, évoquant des murs de toilettes publiques... On ose espérer mieux des contributions sur Internet. C’est décidé, on ne prendra pas la peine de se lever dès potron-minet pour voir la fin et on attendra sagement la restitution vidéo dans 15 jours pour voir si ce grand raout aura réussi à faire avancer le schmilblick. • 


Sébastien Le Jeune


* www.enquetebdx.fr

 

Photo : De vendredi 14h à samedi 14h, le Muséum d’histoire naturelle accueillait «Enquête/En Quête», événement autour de la notion d’événement culturel pour penser l’après-Evento. Installation plutôt classe, intervenants pertinents dans l’ensemble, doc à foison pour alimenter la réflexion... Le hic: les acteurs culturels ont boudé et le grand public n’a pas contribué à sa pleine mesure. © Anthony Rojo

 

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