Ce n’est pas tous les jours qu’une salle de concerts s’ouvre sur la place de Bordeaux. Adossée à une école de musique, encore moins. Pour l’Irem, le Bootleg inauguré ce soir est à la fois une vitrine, un lieu d’échange et de vie, et un bel outil pour son développement.


Car, côté développement, il y avait urgence. Prise dans l’engrenage du succès et d’une forte demande, la petite école associative née en 1992, qui n’avait que trois salariés voilà cinq ans, a doublé son activité dans l’intervalle. Soit +25% de croissance par an! Entre temps, elle s’est constituée en coopérative (SCIC, société coopérative d’intérêt collectif pour être exact), qui a su réunir quelque 70 sociétaires. Les petits locaux du 20 de la rue Lecocq exploités à flux tendu, il a fallu réfléchir à un agrandissement – et à la foule de nouveaux projets qui pourraient enfin naître avec.


«On en est désormais à 19 salariés, et on devrait bientôt dépasser la vingtaine, se félicite Cyril Béros, le “patron” – mot mal adapté à une coop – de la structure. Surtout, on n’est pas dans le recours perpétuel aux emplois aidés: c’est bien comme coup de pouce au début, mais notre but, c’est toujours de créer les conditions de la professionnalisation. La formation, ce n’est pas un but, c’est un moyen. Alors on ne fait jamais miroiter les ors du show business, on apprend la réalité d’un métier en région. Et ça marche, car jusqu’à présent 100% de nos diplômés sont devenus pros.»



Virage numérique

L’Irem (Institut régional d’expression musicale) a donc fait le grand saut en acquérant des locaux dans l’ilôt d’en face, qui donne sur le cours du Maréchal-Juin et sur la rue Lacornée. Un espace immense dont le Bootleg, la nouvelle salle d’une centaine de places voire plus (la jauge précise sera fixée par la Commission de sécurité) n’est que la partie émergée.


Plus de place, de salles de cours, pour la cinquantaine d’élèves en parcours longs (1-3 ans), plus de place aussi pour les pratiques amateurs et de loisir. Plus d’outils, surtout. Une nouvelle salle informatique et MAO, un studio de mastering flambant neuf, des studios et salles de répé... 
Et des outils numériques à foison, en cours de développement à la faveur d’aides du Fifop (Fonds d’innovation pour la formation professionnelle) de la région Aquitaine: imprimante 3D, fibre très haut débit, logiciels en plateforme... L’Irem mise sur les “coworking spaces” – espaces de travail collaboratif – avec tout un plateau annoncé de projets, start-up et entreprises liées aux économies créatives.


Enfin, de nouvelles formations sont au programme pour la rentrée: un diplôme de conception de projets culturels, filière économie sociale et solidaire (le dada de Béros), la certification Avid ProTools (station audionumérique) que l’Irem sera la seule en Aquitaine à délivrer, et une des trois seules antennes française de l’École Richard Cross, où le coach vocal (d’Annie Lennox à Zazie via la Star Ac’) viendra en personne prodiguer ses cours.



Et le Bootleg dans tout ça?

Le Bootleg sera un peu comme la cerise sur le gâteau. Pour une école, disposer de sa propre salle comme lieu d’apprentissage pour les futurs pros du son est un luxe énorme. Comme lieu de première diffusion des artistes maison aussi. Mais ça ne s’arrête pas là, et de grosses soirées rock et electro sont en perspective. «L’idée, c’est de compter sur des programmateurs solides comme Allez les Filles, Cubik ou Rémi, bien connu dans le milieu du metal, qui va faire venir Walls of Jericho en juillet. Pour que la salle devienne un vrai lieu de rencontre inscrit au coeur de la cité.» • 


Sébastien Le Jeune


Dès demain, ouvriront 2 salles de répétition dont 1 avec cabine studio attenante. Locations au 05 56 98 16 47.

Photo : Avec son équipe, Cyril Béros a fait le pari d’un projet ambitieux et pluridisciplinaire pour l’avenir de l’Irem. © SLJ