Une première partie de Psy 4 de la Rime la semaine dernière, et sa propre date à Barbey vendredi : Keurspi, rescapé du crew 99 Pro-G, se reconstruit en solo et de belle manière. Avec la mixtape «Le Lab’Oratoire», gratuite en ligne, comme carte de visite.


On parlait beaucoup du collectif bordelais 99 Pro-G, y compris au plan national. Et maintenant vous voilà tout seul. C’est plus difficile?

C’est sûr que, quand on a fait partie d’une équipe avec huit MCs et trois beatmakers pendant des années, c’est un nouveau départ. En 2009, le crew s’est éparpillé : beaucoup de Sénégalais sont repartis au pays, d’autres comme Black Kent sont montés à Paris. Alors j’ai dû me reconstruire en tant qu’artiste, et reconstituer une équipe parce que j’aimais l’émulation, la concurrence positive qu’il y avait dans le 99. Et, petit à petit, j’ai réuni autour de moi DRBX (ex-99 aussi), puis DJ Saï Saï, Fleyo pour le backing et Moon, autre back en live sur scène, que j’avais connu dans un atelier que je donnais aux collégiens du Grand-Parc.



Et votre entourage ne s’arrête pas là: des noms reviennent régulièrement dans vos photos et vos clips, très pros...

Oui, c’est vraiment le but, de remonter quelque chose avec tout un entourage professionnel. Guillaume Agostini à la vidéo, Valentin Campagnie à la photo... Et aussi la Rock School Barbey qui nous a donné un bon appui en nous accueillant tous les vendredis pour préparer le nouveau show. L’ennui, c’est qu’à Bordeaux, il y a très peu de structures pour aider le hip hop à se développer.

Avec 22 titres, votre mixtape est énorme. Pourquoi la mettre en ligne gratuitement?

Je ne voulais pas restreindre mon auditoire. Faire une mixtape avec que des faces A permet d’élargir le panel et de faire le buzz. Est-ce que ça a marché? On verra vendredi, avec ce premier concert en tête d’affiche, qui est le public de Keurspi, et si un vrai rapport s’installe avec lui. La boucle du «Lab’Oratoire» sera bouclée, et je pourrai me concentrer sur l’album, qui a plus vocation à créer un univers.


Vous êtes connu pour votre flow mitraillette... Ça ne restreint pas l’auditoire?

Vous savez, dans le rap, il faut souvent écouter les morceaux plusieurs fois. Moi, je porte toujours une attention extrême à l’élocution. Après, ce qui m’a amené au rap, c’est l’écriture. Les jeux d’allitérations, d’assonances, les métaphores, les punchlines, ça a été mon premier coup de coeur. Raper en français, c’est difficile, un combat, presque. J’essaie toujours de garder un équilibre entre les lyrics, la qualité d’écriture, et le flow, la technique.



Y a-t-il un message dans votre rap ?

Mon message dominant, c’est un appel au combat de la vie, à ne jamais baisser les bras. Dans mes chansons, quand je rends hommage à ces élèves casés dans une mauvaise voie ou à une mère veuve avec quatre enfants, il y a une démarche d’élévation et d’engagement contre la passivité de nos sociétés individualistes. J’ai envie de dire : “si tu as un rêve noble, bats-toi pour le réaliser.” •

Recueilli par Sébastien Le Jeune 


Vendredi, 21h, à Barbey, 5€-10€ avec le CD de la mixtape, téléchargeable sur www.keurspi.com

Photo : Keurspi sera sur scène avec sa «Keursteam» et une palette d’invités dont le prometteur Kool A. © Campagnie Valentin Photographie