L’avenir de la culture dans l’intercommunalité était en trame de fond de la venue, hier, de Bartabas à Bègles pour présenter son spectacle «Calacas», sur le site des Rives d’Arcins à partir de la fin août.


L’heure était à la fête et à la satisfaction, hier, dans la surréaliste Maison de la Garonne, maison de maître XIXe enchâssée en plein sur le site de la déchetterie des Rives d’Arcins. Du beau monde avait fait le déplacement pour accueillir tel un chevalier providentiel Bartabas, le fondateur du théâtre équestre Zingaro. Noël Mamère, bien sûr, Vincent Feltesse et Richard Coconnier pour la CUB - qui met là une jolie cerise sur son Été métropolitain saison 2 - et des représentants du Département et de la Région. Plus Sylvie Violan du Carré-Les Colonnes, partenaire par son savoir-faire pour l’accueil de la manifestation, et la direction de la zone commerciale Rive d’Arcins, qui mettra à disposition 2,5 ha de son site pour recevoir les 22 semi-remorques et le chapiteau géant de la compagnie.


Autant de mines réjouies qui n’en ont pas fait des tonnes sur l’absence de la Ville de Bordeaux autour de la table – mais elle n’est pas partenaire –, après une lutte au long cours pour s’arracher la venue de Zingaro. Lutte que le maire de Bègles a remporté par «ténacité» – dixit Isabelle Boudineau, 1re adjointe de Bègles et vice-présidente aux finances à la Région – que la ville-centre a perdu surtout par manque de site approprié et «pour des questions de calendrier», a souligné Noël Mamère, qui a préféré mettre en avant ses relations d’«amitié» avec Bartabas.



30 ans depuis la naissance à Bordeaux

Une situation qui semble finalement n’être pas pour déplaire au “chef d’orchestre” de l’une des plus grandes compagnies de France («une des deux dernières avec le Cirque du Soleil»). Il n’a pas oublié Bordeaux, qui lui a mis le pied à l’étrier: «J’ai une pensée pour Roger Lafosse, le fondateur de Sigma. Je me souviens de ce coup de téléphone où, alors que j’étais encore du Cirque Aligre, je lui parlais du spectacle que j’imaginais, qu’il m’a commandé les yeux fermés.» Ainsi naquit Zingaro, sur la place des Quinconces au festival Sigma.


C’était il y a 30 ans et, depuis, la compagnie n’est jamais revenue. «C’est un peu provocateur, ce que je vais dire, mais je suis content que ça se fasse à Bègles et pas à Bordeaux, comme j’étais content d’être à Auch plutôt qu’à Toulouse. Zingaro a toujours voulu donner ses lettres de noblesse au théâtre équestre sans aucune concession sur le contenu, avec des oeuvres abouties, très fortes, mais rendues accessibles à tous. Sans prétention, je voudrais que le passage de Zingaro ne soit pas seulement un événement médiatique mais surtout un événement qui marque la vie des gens en allant à la rencontre de tous les publics.»


Déjà 5 000 places vendues!

Les efforts des collectivités ont permis de proposer un tarif plein à 36€, et même à 30€ pour les résidents de la CUB pendant un temps limité, ces dernières semaines. Une opération couronnée de succès, a précisé l’adjointe à la culture Edwige Lucbernet, avec 5 000 places vendues sur les 23 000 au total (18 représentations sous un chapiteau de 1 300 places). Le signe d’une «attente forte du public» et, pour Noël Mamère, «un exemple, peut-être un déclencheur d’une volonté partagée pour la culture dans l’intercommunalité à l’avenir».


D’artistique, il a finalement été peu ou pas question. Si, on a appris que Bartabas donnerait deux «levers de soleil», seul avec un musicien, dont un au Parc de Majolan. À suivre... •


Sébastien Le Jeune


Du 23 août au 15 septembre, 30-36€ adultes, 26€ pour les 8-18 ans. www.zingaro-begles33.fr

Photo : Entre Noël Mamère et Vincent Feltesse, Bartabas a joué le jeu d’un exercice plutôt com’ politique. © SLJ