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Un «Orphée» d’enfer au Grand-Théâtre PDF Imprimer Envoyer
Mercredi, 17 Avril 2013 07:00

À quelques semaines de la reprise de sa très remuante vision de la «Flûte enchantée» de Mozart, la metteure en scène et chorégraphe italienne Laura Scozzi met en scène «Orphée aux Enfers» d’Offenbach au Grand-Théâtre, à partir de ce jeudi soir. Toujours avec cette touche bien à elle. Allumée.


Déjà, Offenbach, c’est loin de l’univers policé de l’opéra traditionnel. L’opéra-bouffe, ça reste dans la tradition du théâtre de tréteaux pré-classique, du provocateur, du granguignolesque. De la parodie de mythologie pour mieux dénoncer les travers de ses contemporains. Un terrain idéal pour l’électron libre Scozzi. «J’avais arrêté la chorégraphie parce que ça commençait à me saoûler. J’ai trouvé dans la mise en scène d’opéra quelque chose de plus cadré, une trame qui me va très bien, qui pose les choses, textes et musiques, et à moi de mûrir l’oeuvre, de trouver la “faille”, l’angle sous lequel la présenter.» 


Offenbach, pourtant, elle y a réfléchi longuement avant d’accepter. «Le mythe d’Orphée, qui connaît vraiment de nos jours, à part les spécialistes de la mythologie et les musicologues? Je trouvais difficile de lui donner un sens, une résonance pour un public d’aujourd’hui». La pièce elle-même n’est pas sans lui avoir posé des problèmes: «C’est très écrit, le texte compte plus que dans l’opéra classique, et c’est écrit d’une manière très descriptive. On parle action, pas au figuré. J’ai mis un certain temps avant de trouver mes espaces de liberté.»



Ascenseur pour les fachos

Quels espaces, au final! De la même manière que pour «La Flûte...» qu’elle avait montée chez nous en 2008, avec luges et cabines de télésiège sur scène, l’Italienne a vu grand pour cette co-production avec les opéras de Berne (Suisse), Nuremberg (Allemagne) et Marseille. Vidéo, mécaniques, travers poussés à leur paroxysme et décors très contemporains.

En étages, où d’un acte à l’autre on prend l’ascenseur entre un Enfer décadent en sous-sol aux mains de Pluton et ses serviteurs 
ex-dictateurs, dont un John Styx que Scozzi a grimé en un Hitler amnésique; des étages voués aux mortels; et un toit-terrasse où les dieux de l’Olympe sont grabataires, pestent contre la concurrence des nouveaux dieux et comptent beaucoup sur l’Opinion publique pour redorer leur blason.


Des partis pris de mise en scène «parce qu’ils me font rire», insiste Laura Scozzi, débarquée dans un Offenbach dont l’humour naïf n’était pas au départ la tasse de thé. Et une vision qui lui a valu un accueil mitigé lors de sa création à Berne (nettement moins à Nuremberg). «Le public de Berne est très conservateur. De toute façon, ça ne me dérange pas qu’une partie de la salle me hue. Je préfère ça, même, à toute une salle qui m’applaudit.» 
La création, sans concession. •

Sébastien Le Jeune

Photo : Laura Scorzzi fait le pari d’une mise en scène très contemporaine pour cette satire des travers humains. Un univers à étages : au sous-sol, salsa du démon, sur le toit-terrasse, les dieux croulants se rebiffent. © DR

 

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