Céline Dion passée à la moulinette de la Manufacture, dès demain |
Mardi, 23 Avril 2013 07:00 |
Tandis qu’à Montréal on inaugure un musée Grévin bis avec Céline Dion aux premières loges, la chanteuse est aussi la clé de la pièce «Félicité» d’Olivier Choinière, que Frédéric Maragnani met en scène à partir de demain à la Manufacture Atlantique. «Céline Dion, tout comme le personnage d’Isabelle, le spectateur la voit !» avance le directeur de la Manuf’, avant de reprendre : «Pas incarnée physiquement, mais les personnages la racontent, la miment, l’imitent...» La Céline, au coeur d’une pièce contemporaine, une drôle de fantaisie que l’on doit à la plume d’Olivier Choinière, l’un des auteurs marquants du Québec d’aujourd’hui. «Félicité» met en présence quatre employés de la chaîne de grands magasins américains Wal-Mart, en pleine conversation pendant la pause: on rentre vite dans les sujets d’actualité, Céline Dion en tête, son mari René, sa carrière, son enfant... En fond, Isabelle, une jeune femme brisée, qui a été séquestrée, soumise et violentée par sa propre famille – et qui n’avait pour tenir que son imagination fascinée par le merveilleux monde de Céline Dion. Ensemble, les quatre se font conteurs, raconteurs, acteurs de ces deux histoires croisées. Céline bouée de sauvetage?
«Le théâtre de Choinière joue un rôle d’accélérateur, explique le metteur en scène. Par cet acte fondateur de faire cohabiter dans la pièce deux réalités si contrastées – d’un côté la légende de la “madone” Céline Dion, de l’autre une vie d’une telle dureté, d’une telle misère – il incite à la réaction, à la prise de conscience. C’est pour cette raison que j’ai flashé sur son texte. Il est raccroché à notre société contemporaine de spectacle et de consommation, où l’on zappe si vite d’une chose à l’autre, mais n’en fait pas une bête dénonciation. Il donne la chance au théâtre de parler de notre monde.» Côté mise en scène, Maragnani a opté, dès sa création en février au Tarmac, scène internationale francophone à Paris, pour une scène presque nue, centrée sur le jeu d’acteur, revenant au coeur du texte. «J’aurais pu faire le choix du baroque, de l’hyper-incarnation. Mais ce texte dense, sans structure classique, avec des histoires tressées mais d’un seul bloc, permettait vraiment de travailler un espace de la parole, cette parole que j’aime à mettre dans mon théâtre, cette parole qui fait voir.» Saluée par de bonnes critiques à sa création, une pièce à découvrir – un auteur aussi, pour lequel Maragnani espère «avoir ouvert une brèche en France»... • Sébastien Le Jeune Ce mercredi et vendredi à 20h30, jeudi à 19h30, 8-15€. Tél. 05 56 85 82 81. «Félicité» et choinière sous toutes les coutures Photo : Quatre comédiens et un bureau : une mise en scène que Frédéric Maragnani a choisie volontairement contemporaine et minimaliste afin de mettre en avant le texte fou du Québécois Olivier Choinière. © Éric Legrand |