Il y avait de l’ambiance vendredi à la présentation de la saison 2013-2014 de l’Opéra de Bordeaux. Alain Juppé, maire de la ville, a réagi fortement à un article paru la veille dans le quotidien Sud Ouest, dans lequel était cité un rapport ministériel épinglant l’Opéra sur deux points majeurs : une économie de 1,8 millions d’euros réalisée en cinq ans et un manque de prise de risque dans la programmation.

«Le rapport est plus qu’élogieux» a rectifié le premier magistrat de la ville, en rappelant le renouvellement récent pour cinq ans du label national de l’Opéra et en citant un extrait de ce rapport où l’institution y est décrite comme «un pôle d’excellence.» «Nous pouvons être fiers de notre Opéra» a-t-il dit en conclusion de son intervention. C’est donc dans un climat tendu que la nouvelle saison a été présentée. Sans doute que l’échéance des municipales en mars 2014 y est aussi pour quelque chose, compte tenu de l’enjeu majeur que représente la culture dans cette course.

Safe or not ?

Le fait marquant de cette saison (113 programmes en 237 représentations) est l’arrivée du nouveau chef britannique Paul Daniel à la tête de l’ONBA, qu’il dirigera essentiellement en concerts symphoniques en raison de sa carrière internationale. «J’ai imaginé un mélange d’œuvres “safe” et plus risquées» a-t-il dit en souriant. C’est avec «Musique funèbre de la reine Marie» de Purcell, surnommé le «Mozart de l’Angleterre», qu’il démarrera à l’auditorium (26 et 27 septembre). Il s’attaquera en avril, les 11 et 13, à «Siegfried» de Wagner, dans le cadre du bicentenaire de sa naissance, une œuvre rayonnante, troisième volet d’une fresque tirant le fil des origines de la vie à la destruction d’un monde. Et la semaine suivante, les 16 et 17 avril, il donnera à entendre «Kindertotenlieder» de Mahler et «Symphonie n°1» du compositeur finlandais Jean Sibelius. À noter également la mise à l’honneur de Chostakovitch dont quatre de ses symphonies seront jouées. Paul Daniel a choisi comme artiste associé le pianiste français de renommée internationale Bertrand Chamayou. Il interprétera notamment Schubert seul sur la scène de l’auditorium le 9 mars.



Le sacre de Pina

«Le Château de Barbe-Bleue», seul opéra signé de Bela Bartok (12 au 18 février) et «Castor et Polux» en version concert (22 mars), sous la direction de Raphaël Pichon, devraient satisfaire les amateurs de spectacles lyriques. Tandis que «La lettre des sables» (25 au 30 avril), composée par le bordelais Christian Lauba, devrait ménager une belle surprise, s’agissant d’une création très attendue commandée par Thierry Fouquet, directeur de l’Opéra, en 1999 ! Côté ballet, parmi les temps forts, il y aura la création du chorégraphe Richard Wherlock présentée au sein d’une trilogie Strawinsky (23 au 29 octobre), celle de Carolyn Carlson (17 au 23 mars) et l’accueil de la compagnie de la chorégraphe allemande Pina Baush dont on pourra voir deux de ses pièces les plus marquantes «Café Müller», une œuvre fondatrice, et «Le Sacre du printemps» dans une version très personnelle de cette partition (10 au 13 octobre). 


Trouble dans le genre

Cette nouvelle saison verra se succéder des invités en tous genres, le maître de l’improvisation né à Bayonne, Michel Portal (31 octobre), le saxophoniste américain Joshua Redman (13 mars), le chœur de l’Opéra de Cape Town (Afrique du Sud) pour un concert exceptionnel de gospels (12 janvier) et l’opéra « Porgy and Bess » de Gershwin (16 au 26 janvier) ou encore le talentueux pianiste lyonnais Jean-Yves Thibaudet. 
L’ensemble de cette nouvelle programmation s’adresse à 215 000 spectateurs potentiels. Un nombre record. Les places hors abonnements seront à la vente à partir du 10 septembre. Bonne nouvelle, les jeunes (16 -26 ans) pourront bénéficier d’un pass à 10€ par mois pour assister aux concerts donnés à l’auditorium. •


Cyril Vergès



Renseignements : www.opera-bordeaux.com

Photo : En juillet, le chef britannique Paul Daniel deviendra le nouveau directeur musical de l’Orchestre National de Bordeaux Aquitaine © DR