Pop, electro, art et sushi, Mixtures ose l’alchimie |
Vendredi, 31 Mai 2013 07:00 |
Coup de projecteur sur un petit nouveau dans le paysage des festivals bordelais: Mixtures, dont la 1re édition aura lieu demain samedi aux Vivres de l’Art. En têtes d’affiche, les Finnoises du Corps Mince de Françoise et le retour des prolifiques Sexy Sushi avec leur 7e album en moins de 10 ans. Et un double, pour la peine, toujours aussi (bien) barré. Fou-fou dans l’âme, votre serviteur était partant, carrément, pour tenter l’exercice de l’interview avec le duo Mitch Silver-Rebeka Warrior. Ça ne s’est pas fait, au dernier moment. Zut et ouf, serait-on tenté de dire. Parce que tenter de tirer les vers du nez à cette paire de branques survoltés vire facilement au grand n’importe quoi surréaliste. Un exemple: celui de «Brain Magazine», pourtant par un bon dans le genre. On y parle de la jeunesse de Mitch à Saint-Nazaire dans les blockhaus, de leur dernière décryogénisation, de Tekilatex dont ils ne savent rien sinon qu’il est «gros et noir», de pyrotechnie ratée sur scène... Et leur musique? Une «belle bourde» «fille de Mylène Farmer» avec une «mélancolie de bretelle d’autoroute». Et à bien écouter «Vous n’allez pas repartir les mains vides?», on se dit que, finalement, tout est vrai là-dedans. On retrouve leur inimitable patte electropunk et cette atmosphère de fin de party un peu glauque, façon boîte de banlieue qui se rallume à 5h: sol gluant, cendriers qui dégueulent au fumoir et, t’as vu, de près la boule disco est dégueulasse. Sinistre? Plus vraiment. Warrior et Silver ont pu glacer le sang avec leur début «J’en veux j’en veux des coups de poing dans les yeux», depuis, la musique s’est faite plus bondissante, les beats qui tabassent s’assument nettement plus («La Bombe», «Je refuse de travailler»...), les chansons d’amour bien troussées aussi («Retour de bâton») et, finalement, le second degré potache-déconne se fait plus saillant, presque lisible. Tout en continuant à dire, entre les lignes, une critique assez fine de notre société contemporaine – «J’aime mon pays», «Calvaire», «Je doute». Dans quel sens? La pochette Schtroumpfs cathos de droite donne une idée. Un dernier mot pour ceux qui penseraient que le double est une bonne affaire. Attention, il s’agit de deux mixes/tracklists différents, «Herr Silver» et «Fraulein Warrior». Longueurs variables, subtils changements de textes, instrumental ou pas: en plus on peut jouer aux 7 différences? Que demande le peuple? Un ton en-dessous du brillantissime «Marre marre marre» mais un excellent cru tout de même. Et on rappellera à toutes fins utiles que c’est quand même sur scène qu’on saisit pleinement la quintessence de leur folie furieuse. • Sébastien Le Jeune Sexy Sushi, «Vous n’allez pas repartir les mains vides ?» (Believe), 2 CDs, prix nouveauté Fnac 14,99€
«De quel duo féminin fait également partie Rebeka Warrior, alias Julia Lanoë?» Les cinq gagnants pourront retirer leur CD directement à la Fnac Sainte-Catherine.
Suivront, dès 19h (payant), Puce Moment, le projet musique/vidéo des fondateurs de Cercueil toujours cold-noise avec une louche d’electronica en plus, Unison, le meilleur duo witch house hexagonal héritier de Salem, La Chatte, excellent trio synth punk arty (lire la chronique dans l'édition pdf de ce 31 mai), Le Corps Mince de Françoise, machine finlandaise à tubes electropop imparables et Sexy Sushi. La nuit, deux lives electrotech, Crono et Metope, et l’electrorock du Canadien Sid Le Rock pour finir. Demain samedi, aux Vivres de l’Art, 16h30-3h, 20€ sur place, 15€ en prévente, disponible à la Fnac ou sur le site www.fnactickets.com. Plus d’infos sur www.mixtures-festival.com Photo : Irrécupérables, ces barjots de Sexy Sushi? Oui mais c’est pour notre bien. © Théo Mercier, Jérémy Piningre & Erwan Fichou |