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Fin de l'aventure pour le Théâtre en Miettes PDF Imprimer Envoyer
Jeudi, 06 Juin 2013 04:00

La nouvelle ne pouvait tomber plus mal, en plein Festival de la Théâtrerie : après sept ans d’exploitation au service de la création, le Théâtre en Miettes de Bègles va baisser le rideau début juillet. Entretien avec Jean-Claude Parent, son fondateur.


Peut-on revenir ensemble sur l’origine du projet?

Le Théâtre en Miettes a ouvert il y a 7 ans, quand j’ai eu l’opportunité de donner une nouvelle dimension à la Théâtrerie. La compagnie, fondée en 1972, avait été itinérante pendant près de vingt ans, jusqu’à l’installation dans nos locaux bordelais, rue Joséphine, en 1989. Là, nous disposions de locaux de formation – pour la pratique amateure mais aussi des formations diplômantes. Louer cette salle à Bègles nous a donné un espace de diffusion où pousser plus loin le volet création et production de spectacles, et permis de nous ouvrir à d’autres compagnies et d’élargir le nombre de nos ateliers. 



Le succès n’était-il pas au rendez-vous?

À mon sens, si. Nous fédérons en tout entre 800 et 900 comédiens amateurs au sein de 70 ateliers – d’où la richesse du Festival de la Théâtrerie. La salle a servi de soutien à l’émergence de jeunes compagnies (la Cie L’Aurore, qui a depuis pris son envol, par exemple) grâce à la mutualisation des projets et des moyens, le partage des risques sur une centaine de spectacles par an. Et le lieu apportait, je crois, sa pierre à cette réflexion permanente sur ce qu’est une création, un débat qui n’existe pas vraiment de manière formelle mais par l’expérience. Et puis, le public a suivi. Rien que sur cette saison, nous avons atteint les 6 000 spectateurs, soit 1 000 de plus que l’an dernier !



Ce sont donc des ennuis financiers qui vous font prendre cette décision?

Oui. Même si les subventions ne représentaient qu’une part très mince de notre budget (10% dernièrement), chaque diminution allait nous installer dans un déficit chronique. Or, le Département dont la subvention compensait globalement les fluides a baissé sa contribution, la Drac a coupé la sienne en quelques années, la Région l’an dernier. Cette année, ça a été la première fois en 30 ans où on a dû faire appel à la banque, avec un déséquilibre de 40 K€ sur 550 K€ de budget total. On fait les frais de cinq ans de politique sarkozyste irresponsable et, je crois, de notre volonté d’indépendance économique, paradoxalement. On imagine que l’impact d’une coupe petite en pourcentage sera moindre. Mais pour nous, la conséquence, c’est qu’on n’a plus assez pour rémunérer les artistes...



C’est donc la fin de l’aventure?

Non, nous ne sommes pas morts ! L’important pour nous, c’était de sauver l’équipe : la fermeture de Bègles se fait sans licenciement économique (le régisseur est un intermittent). Nous allons nous recentrer à Bordeaux, tout en gardant le lien tissé avec les quartiers de Bègles. On va essayer de poursuivre le Festival amateur à Bordeaux, en plus court, et, surtout, pour ne pas tout perdre, continuer à faire perdurer la Quinzaine de la Jeune création. Elle sera plus ouverte, en partenariat avec d’autres structures – la Boîte à Jouer et la salle Artisse se disent intéressés. Enfin, nous allons prendre le temps (un an ? deux ?) de réfléchir, poser des bases solides avant de repartir sur d’autres projets. J’ai 66 ans, les temps ont changé et sont à la précarité. J’aimerais laisser à mon équipe jeune, renouvelée, qui a des idées, un outil en ordre de marche quand je passerai la main. •

Recueilli par Sébastien Le Jeune

Photo : Jean-Claude Parent, directeur du Théâtre en Miettes : «Nous ne sommes pas morts !» © SLJ

 

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