Grand agitateur de développement urbain, le collectif Bruit du Frigo est de retour à la Benauge pour un nouvel exercice de réflexions participatives avec les habitants du quartier et tous les Bordelais. Et cette fois, c’est du solide : l’équipe installe dans un parc Pinçon en pleine reconfiguration un véritable ring de catch ! Ouverture demain vendredi.


«Bagarre», «corps à corps», «bataille», le vocabulaire se fait guerrier chez Bruit du Frigo. Le collectif mi-bureau d’étude d’urbanisme, mi-laboratoire de création, membre fondateur de la Fabrique Pola, sort l’artillerie lourde pour provoquer le débat citoyen. «Le mot “participatif” est devenu galvaudé, souligne Anne-Cécile Paredes, l’une des deux responsables du projet “Ring”. Nous, cela fait des années qu’on essaie de provoquer la parole des citoyens, mais on ne veut pas générer de la parole où l’on s’ennuie, des échanges consensuels où tout le monde est plus ou moins d’accord.»


L’idée leur a été soufflée de leur expérience passée dans ce quartier de la Benauge qu’ils investissent depuis maintenant trois ans. Après un premier Atelier d’urbanisme utopique en 2011, où l’on parlait avenir du quartier autour d’un grand brasero, puis un Institut du point de vue sur une terrasse d’immeuble en 2012 dans le cadre de Lieux possibles, le contact était fait avec les habitants. Hommes, femmes, jeunes et moins jeunes avaient fait connaissance avec la démarche et pu phosphorer sur leurs besoins, leurs aspirations pour leur lieu de vie. 



Arène de la citoyenneté

«On a parlé d’aménagements tout bêtes, comme de bancs, de trafic automobile, se souvient l’autre chargée de projet, Gwenaëlle Larvol. Mais aussi de toutes ces choses qui font lien, de cuisine – “une baraque à frites dans le parc ?” –, de jeu, de sport... C’est ainsi qu’est né l’idée du ring.» Un ring façon catch, vu comme une arène de la citoyenneté où, ensemble, les Bordelais pourront réfléchir et confronter leurs idées pour un aménagement pérenne du parc Pinçon.
Le ring, lui, n’est pas pérenne mais restera posé jusqu’à la fin de l’été dans l’écrin de verdure du parc.

Entre temps, dès demain et jusqu’au 26 juillet, plusieurs rendez-vous avec les résidents du quartier permettront à chacun de s’exprimer autour de thématiques précises : restauration (au cours d’une soirée pilotée par Thomas Brasleret, le nouveau chef du restaurant La Cape), jeux, espaces détente, scène, place des enfants... 
«Au départ, on établira un cahier des charges de ces rencontres, et chaque rendez-vous permettra de préciser quelles formes sont retenues par les habitants», précise Gwenaëlle Larvol. Et Anne-Cécile Paredes de reprendre : «On dit toujours que Bruit du Frigo ne fait jamais de spectacle. Là, on va y remédier puisque des comédiens seront présents pour animer les débats et libérer la parole.»


Deux grandes fêtes pour tous

Mieux, le spectacle sera au coeur des deux grandes soirées gratuites et ouvertes à tous, Bordelais et autres habitants de l’agglo voire au-delà. En ouverture, demain soir à partir de 20h, passée la démo de boxe anglaise, s’enchaîneront battles de cocktails, concerts (un battle surprise et un autre de Fantazio et son gang), et un face à face de DJs de la team Banzaï (IRB vs Stanbul). 
Pour la clôture, vendredi 26 juillet, dès 19h, l’artiste Anne de Clerk donnera une conférence musicale sur le quartier avant un véritable match de catch et un barbecue géant. La grande fête, quoi. •

Sébastien Le Jeune

Parc Pinçon, rue Ferdinand-Palau. Tram A Thiers-Benauge, à 300m en prenant les rues Laville-Fantin puis de Cenon. www.bruitdufrigo.com

Photo : Bien connu pour ses refuges périurbains un peu partout dans l’agglo, Bruit du Frigo met son savoir-faire au service de tout un quartier. Après la Benauge, le collectif s’attaquera à Belcier, «le derrière de la gare». © Bruit du Frigo