Sorti pour ainsi dire en catimini à la veille des vacances, le programme du Théâtre des 4 Saisons de Gradignan mérite vraiment un coup d’oeil attentif. Il confirme si besoin était la place singulière de cette scène dans le paysage bordelais.


Peu de salles d’ici peuvent se targuer de titiller autant la curiosité dans tous les domaines. Du théâtre contemporain au nouveau cirque, de la jeune garde de la danse à des formes musicales hors-normes : la patte aussi exigeante qu’enthousiaste de sa directrice Marie-Michèle Delprat se reconnaît entre toutes.



Grosses têtes et surprises

Exigeante... mais ouverte à tous les publics. En n’excluant pas non plus les grands noms: côté musique, le pianiste Alexandre Tharaud avec le chanteur flamenco Alberto Garcia en octobre, le contre-ténor baroque Damien Guillon en novembre, un Jean-Guihen Queyran au violoncelle bien entouré pour une soirée aux saveurs d’Orient en décembre, un doublé de la violoniste Amandine Beyer, solo autour de Bach en janvier et avec deux ensembles dont celui de Joël Suhubiette en mars autour des précurseurs du baroque allemand. Sans oublier les Cris de Paris, toujours a capella dans leur toute dernière création, «Le Tour de babils».


Côté théâtre, deux ex-Deschiens ou associés à la bande à Makeïeff, Patrice Thibaud dans le drolatique «Fair-play» en octobre et Philippe Duquesne réincarné en Gainsbarre dans «Par Hasard et pas rasé» en janvier. Autre ressuscité, Pierre Desproges qui prendra un soir d’octobre les traits de Michel Didym, qui s’y colle pour la 3e fois dans «Savoir-vivre». Didym à retrouver en décembre dans «Comparution immédiate», d’après les chroniques judiciaires de la journaliste du «Canard Enchaîné» Dominique Simonnot. À suivre aussi, en novembre, la puissante évocation de la dépression enfantine «On dirait qu’elle danse» des Rémois de l’Oeil du Tigre.


En attendant la 5e Saison

Pour sortir plus avant encore des sentiers battus, mai apportera sa 5e Saison : François Corneloup y invitera le contrebassiste Henri Texier, la Cie Carabosse déroulera ses «Installations de feu», le Théâtre de l’Unité donnera «Hamlet» en forêt (!), le Groupe Merci rejouera l’histoire de l’Europe au XXe siècle sous chapiteau. Un chapiteau posé aux Terres-Neuves de Bègles, où l’on aura vu aussi en mars «Matamore», une immersion dans l’univers circassien signée par le Cirque Trottola et le Petit Théâtre Baraque.


Enfin, on notera trois périodes thématiques aussi riches qu’alléchantes. D’abord Novart, avec un focus sur le théâtre d’animation qui mettra en lumière la bouillonnante scène berlinoise avec Eva Meyer-Keller et Naoko Tanaka, et des pointures d’ici ­– Pierre Meunier, Cie Non Nova, Les Anges au plafond... De la création plutôt pour adultes ou adolescents. Les plus jeunes attendront les alentours de Noël où se concentreront les jongleries musicales de Vincent de Lanevère, le délicat théâtre d’ombres des Bruits de la lanterne et une autre «Ombre», celle d’Andersen adaptée par la Cie Sirènes.


Un mot de danse, enfin, toute concentrée pendant «Dansons» en mars. Y seront accueillis rien moins que Pedro Pauwels (avec le violoncelliste Gaspar Claus), Radhouane El Meddeb, Perrine Valli et les Kubilai Khan Investigations de Frank Micheletti dans leur dernière chorégraphie, «Tiger Tiger Burning Bright». •

SLJ

Présentation de saison avec concert de François Corneloup en quintet, mardi 17 septembre, 19h, gratuit.
Les abonnements Liberté (5 spectacles au choix à tarif réduit) peuvent être souscrits et complétés toute l’année.
Tél. 05 56 89 98 23. www.t4saisons.com

Photo : L’ex-Deschiens Philippe Duquesne entre dans la peau de Gainsbourg dans «Par Hasard et pas rasé». © Alain Guizard