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Arman Méliès, électrisant PDF Imprimer Envoyer
Vendredi, 06 Septembre 2013 08:00

Tête d’affiche du festival Ouvre la voix ce week-end, une voix singulière dans le paysage hexagonal : celle d’Arman Méliès, revenu au bout de bientôt cinq ans avec un opus tout aussi singulier. «IV», étonnant virage electro mais incontestable réussite. Atmosphérique, poétique, classe.

À la première écoute, accidentelle, chez une amie, j’ai eu du mal à croire que c’était vous ! Tous ces synthés vintage, pour un chanteur à guitare… Il y a là une vraie rupture dans votre démarche artistique, non ?

Une vraie rupture, je ne pense pas. En réécoutant l’ensemble de mes disques, j’y trouve une certaine cohérence. Disons qu’il s’agit d’une évolution importante, même si elle se percevait déjà dans le précédent, « Casino », très arrangé, où j’introduisais déjà les synthés. Pour celui-ci, j’ai eu envie de me faire plaisir, de m’amuser mais, surtout, de sortir de mes automatismes.



De nombreux chroniqueurs à la sortie de l’album ont cité Jacno, Daho, et parlé d’un « revival new wave » que je ne perçois pas trop. Ça m’évoque plutôt un Vangelis à texte ou, à la rigueur, un Chamfort en plus nerveux...

Oui, c’est vrai. Même si ce sont des artistes que j’adore, je n’avais pas du tout Daho et Jacno à l’esprit en enregistrant le disque. En effet, j’étais plus à ce moment-là, à la faveur d’autres projets, à l’écoute de musiques électroniques ou ambiantes – Kraftwerk, Vangelis...– et de musiques de films, ma vieille marotte. Et Chamfort, même si je connais assez mal, je vois ce que vous voulez dire : une pop synthétique, tantôt mélancolique, tantôt acidulée.


Il y a de ça : la gageure pour moi, c’était justement de ne pas m’embarquer dans des morceaux trop longs, trop atmosphériques, mais au contraire de rester assez concis tout en serpentant dans un univers cinématographique. Il s’agissait donc de respecter un peu le format chanson pop afin de parler à tout le monde – en tout cas, de marier ces deux opposés.



Ce qui m’impressionne depuis vos débuts, c’est votre phrasé, votre écriture, très différente de ce qu’on entend dans la chanson française “classique”. Les influences anglosaxonnes que vous citez souvent – Neil Young, Leonard Cohen… – y sont-elles pour quelque chose ?

Oui, ces artistes-là m’ont certainement marqué. Mais, quoi qu’il en soit, dès le départ j’ai eu envie de me démarquer d’une certaine chanson française au phrasé typique. Souvent, ça fonctionne en créant des mélodies qui laissent peu de place aux mots, aux phrases. Cela permet la lenteur, la concision. Mais je le fais sur la musique parce que ce n’est pas évident : quand on griffonne sur un bout de papier, on retombe très vite dans les travers de la chanson classique, les pieds, les rimes…



La réception critique est dans l’ensemble très bonne. Cela vous incite-t-il à persévérer dans cette direction ?

C’est un exercice délicat d’être aventureux sans perdre des auditeurs. Mais je ne crée pas pour la critique ni pour la notoriété, je le fais par envie. Besoin de creuser un sillon dessiné, envie d’aller voir ailleurs, de travailler autrement… Je commence à entrevoir des pistes sur la façon dont j’ai envie d’évoluer par la suite : je pense que je n’enfoncerai pas le clou du synthétique.

Pour une bonne raison : à chaque fois, je me dis que mon rêve, c’est de collaborer avec des gens, d’inviter plein de musiciens de différents horizons. Et puis, un peu par hasard, je me retrouve, là, tout seul dans mon laboratoire, je me prends au jeu et ça finit encore par un album écrit en quasi autarcie. Pour le prochain, je m’imagine revenir à quelque chose de plus organique, mélanger des univers, des instruments, des gens qui me surprendraient véritablement. 



Vos collaborations avec Bashung et, plus récemment, Thiéfaine et Julien Doré, puis cet album qui fait parler : vous devez être de plus en plus sollicité. De votre côté, y a-t-il des gens avec qui vous aimeriez travailler en particulier ? D’autres que vous suivez avec une attention particulière ?

C’est vrai, j’ai l’impression qu’avec cet album comme carte de visite, je suis plus exposé, et de plus en plus de gens m’appellent. Cela va peut-être favoriser la rencontre avec d’autres musiciens. Mais je ferai surtout en fonction de mes besoins, en fonction des couleurs sonores à rajouter à ma palette. Je ne ferai toutefois pas forcément appel à des gens connus mais peut-être à des instrumentistes plus atypiques, plus “underground”. 


S’il y a bien une personne pour laquelle j’aimerais vraiment écrire, c’est bien Christophe. Je l’ai rencontré, c’est un artiste passionnant, curieux, qui va piocher dans tous les domaines artistiques pour alimenter sa musique. Sa façon de se renouveler tout en restant différent et singulier m’inspire véritablement.

Parmi les artistes que je suis, il y en a pas mal de la scène pop underground comme Yeti Lane, d’autres issus des musiques électroniques – la scène française est très riche – tels Zombie Zombie ou Mondkopf. J’écoute peu de chanson française, mais je citerai quand même Bertrand Belin et Benjamin Biolay.



Quels sont vos projets pour la suite ? Allons-nous devoir attendre encore 4-5 ans avant le prochain ?

C’est une question d’emploi du temps… J’ai en effet été très occupé, entre l’écriture pour d’autres, la tournée de Thiéfaine, ma collaboration avec Julien Doré. Alors qu’il a été écrit assez vite, j’ai dû patienter plus de deux ans l’album rangé dans un tiroir. En ce moment, je travaille sur un autre projet, Basquiat Black Kingdom : un mélange de musique de film et de rock enlevé avec beaucoup de guitares, qui devrait sortir en 2014.



Ça ne vous pose pas de problème de jouer à 10h30 du matin un dimanche ?

(Rires) Non, ça ne me fait pas plus peur que ça, sinon qu’on joue la veille à Toulouse. À part le manque de sommeil et la voix qui sera peut-être un peu éteinte au début… En fait, l’expérience est intéressante, je vais découvrir quelque chose. J’ai même hâte de voir comment le public réagit. Je me demande si ça peut changer comment on ressent un dimanche morne…



Prendrez-vous ensuite un vélo pour vous joindre au circuit d’Ouvre la voix ?

(Rires) Oh non non ! Après le concert, pour moi, ce sera le repos du guerrier ! • 


Recueilli par Sébastien Le Jeune



Dimanche à 10h30 aux Vivres de l’Art, gratuit.




À vos guidons !
Prêts pour une petite virée bucolique dans l’Entre-deux-Mers ? Ça tombe bien, la Rock School nous a concocté de jolis petits parcours pour cette nouvelle édition d’Ouvre la voix, son festival “cyclomusical”. Demain, mise en jambes en douceur avec un Sauveterre-de-Guyenne – Frontenac qui permettra d’écouter la jeune scène bordelaise : le folk-rock d’I Me Mine à 10h à Sauveterre, la folk de Jaromil Sabor en l’église de Saint-Brice à 12h, et la fanfare de Barbey à l’arrivée.
Dimanche, après le concert d’Arman Méliès, on traversera le pont Chaban direction la gare de la Souys à Floirac pour entendre la chanson punk-musette de Bob’s Not Dead (12h), on ira pique-niquer à l’Aérocampus de Latresne avant d’assister au concours de cri et au concert de clôture des Touffes Krétiennes (16h). Parcours alternatif : départ de Créon à 10h45, concert de Tulsa à Sadirac (11h), puis des excellents Arch Woodmann en gare de Giton-Cénac (12h20).
Plus d’infos : www.rockschool-barbey.com

Photo : Des collaborations avec Bashung, Thiéfaine, Julien Doré et maintenant l’album «IV» : Méliès sort de l’ombre. © François Berthier

 

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